Macky six mois apres, l’ecole une bombe à retardement

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C’est avant-hier, lundi 1er octobre, qu’a démarré la première année académique sous le magistère de Macky Sall, le tombeur de Me Abdoulaye Wade, le 25mars 2012. Et comme à l’accoutumée, la nouvelle année scolaire a démarré avec la rentrée du corps enseignant dont une importante frange avait pris le système en otage pendant cinq mois durant l’année scolaire 2011-2012. Cette frange n’avait levé son mot d’ordre de grève que pour éviter le pire. C’est-à-dire, débuter la mandature de Macky Sall par la pire des catastrophes, celle de sacrifier toute une génération d’élèves et d’étudiants en décrétant l’année blanche ou invalide , alors que le nouveau régime n’était nullement responsable de la crise

Mieux, certains syndicats enseignants, à leur corps défendant, avaient proposé et obtenu de leurs camarades, d’accorder un délai de grâce au nouveau président. Juste le temps de permettre à Macky Sall de s’installer et de mettre en place son équipe. Et depuis lors, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, sans qu’il y ait le moindre accord entre l’Etat et les syndicats, permettant aux parents d’élèves et acteurs du système d’y voir plus clair, quant à la volonté des nouvelles autorités de l’Etat de mettre un terme à la crise de l’Ecole sénégalaise qui n’a que trop duré. La rupture tant prônée lors de la campagne électorale par l’équipe victorieuse du scrutin, doit passer par là. Redonner confiance à la jeunesse dans les écoles, les universités et les instituts de formation afin d’assurer au pays, l’émergence tant rêvée.
C’est vrai que depuis leur prise du pouvoir, les nouvelles autorités ne cessent de parler d’Assises de l’Ecole. Mais sans jamais en indiquer ni la date ni les modalités de leur organisation alors que tout urge dans l’Ecole sénégalaise : la gestion, les orientations politiques, la qualité des apprentissages, la réforme des filières… Autant de nouvelles contraintes qui s’imposent au nouveau pouvoir qui, oubliant l’enjeu capital que représente l’Ecole pour le devenir d’une nation, ne semble pas en faire une priorité. Ce qui risque d’entraîner de graves conséquences pour la paix et la stabilité sociale du secteur qui emploie le plus grand nombre d’agents de l’Etat, donc le plus budgétivore, mais dont les acteurs n’acceptent jamais de se laisser écraser par un régime politique, quel qu’il soit.

Le piège de Wade à son successeur

Le président Wade qui a succédé à Abdou Diouf à la tête du Sénégal a très tôt compris l’enjeu que représente l’éducation. En conséquence, il décide de lui affecter 40% du budget de l’Etat, question de ne pas faire moins que Diouf qui avait porté ce taux à 37% avant sa défaite en 2000. Le président Wade a été surtout dopé dans sa décision, par la tenue à Dakar, de la Conférence mondiale sur l’Education pour tous (EPT) en avril 2000, soit juste un peu plus de deux semaines après son accession à la tête de l’Etat. La Conférence avait enregistré la présence les dirigeants des grandes instituions internationales : le Secrétaire général des Nations-Unies, le président de la Banque Monde Mondiale, le directeur du Fmi et tant d’autres bailleurs qui promirent alors d’inonder le monde de milliards pour permettre de régler la question de l’éducation pour tous à l’horizon 2015. Me Wade dans son opération de charme en direction de tous ces partenaires avait pu se tailler une image de champion de l’éducation par ses idées, ses initiatives et innovations : généralisation des bourses et des aides, Case des Tout petits, nouveaux collèges et lycées de proximité, nouvelles universités, recrutement à la pelle d’enseignants, formation… Des réalisations qui sont bien à la mesure des énormes dépenses injectées dans le secteur, même si la qualité des enseignements et la gestion de l’école ne l’ont que très peu ressenti.

Au bout du compte, le bilan du secteur sous Me Wade avait atteint un niveau tel qu’il constituait plus un lourd fardeau à supporter, qu’un bénéfice à capitaliser pour ses successeurs à la tête de l’Etat. A la limite, Wade a involontairement posé un véritable piège au président à son successeur qui est Macky Sall dont l’ambition de faire plus et mieux peut bien se heurter à un manque réel de ressources. D’où le souci de son gouvernement de revenir à un meilleur équilibre budgétaire qui passera nécessairement par des coupes sombres à tous les niveaux, y compris le budget du secteur de l’éducation. Ainsi le gouvernement pense déjà à mettre un terme à la politique de généralisation des bourses et aides des étudiants.

Une idée qu’il partage favorablement avec certains bailleurs de l’école sénégalaise, mais dont les conséquences politiques peuvent coûter cher au régime, s’il ambitionne de postuler un second mandat. D’autant plus que les effectifs des universités, ceux des écoles et instituts de formation représentent un important corps électoral qu’aucun acteur politique ne voudrait perdre. Les élèves et les étudiants sont devenus la première clientèle politique des partis, au point de voir émerger en leur sein, des professionnels de la chose dans les campus universitaires du pays. Dès lors, il y a à se demander si Macky Sall, contrairement à Abdoulaye Wade, Abdou Diouf et Leopold Sédar Senghor, osera faire le saut risqué de porter préjudice aux intérêts des enseignants et des étudiants, en l’occurrence le corps d’élite électoral qui fait et défait les régimes au gré de ses humeurs.

Des risques de clash certains

Rien n’indique en tout cas pour le moment, que le régime de Macky Sall va réussir là où celui de Wade a été confronté à plus de problèmes. Déjà les syndicats se préparent à une jonction pour faire face à ce qu’ils qualifient de jeu de dilatoire du nouveau pouvoir. En effet l’essentiel des 50 syndicats du secteur sont conviés à une rencontre dès aujourd’hui, mercredi 3 octobre 2012, pour des concertations autour des problèmes de l’école sénégalaise. L’objectif visé c’est de mettre en place une stratégie commune face à l’Etat. Les syndicats du secondaire qui pensent avoir joué leur partition en acceptant, sans condition ni protocole d’accord, de terminer l’année dernière et d’organiser les examens, déclarent que la balle est dans le camp du gouvernement. D’ailleurs ces syndicats accusent les autorités de ne pas être dans des dispositions de régler leurs revendications, alors que selon eux, le gouvernement qui avait tout le temps de déclencher le processus durant les vacances, ne l’a pas fait.

Même tempo du côté du syndicat autonome du supérieur (SAES). Les camarades de Seydi Ababacar Ndiaye se montrent d’ailleurs plus radicaux que leurs collègues du secondaire. Ils rappellent à qui voudrait les entendre, n’avoir jamais levé leur dernier mot d’ordre de grève. Ils disent avoir juste observé une pause à la veille de la présidentielle de février et mars derniers. C’est pourquoi cette année, soutiennent-ils, personne ne les entendra parler de grève même si la lutte va continuer de plus belle.

Chez les étudiants, la volonté affichée par l’Etat de revenir sur la généralisation des bourses et aides constitue un sérieux motif de remobilisation des troupes pour préparer la riposte. En plus, la suspension, à l’Ucad, du processus de renouvellement des amicales est interprétée comme une agression. En somme, tout un cocktail explosif de menaces qui rappelleront certainement au nouveau pouvoir, que l’éducation est une affaire suffisamment sérieuse qu’il faut savoir gérer avec d’importantes ressources ou à défaut avec une démarche innovante.

sudonline.sn

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