Mahammad Boun Abdallah DIONNE, le difficile apprentissage de la politique

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Il était attendu sur le terrain. A part les joutes oratoires à l’Assemblée nationale, il n’était jusque-là pas mis à l’épreuve du champ politique.
Mis dans le bain des élections législatives, Mahammad Boun Abdallah DIONNE s’est complétement noyé. En cinq jours de campagne, des brassards rouges l’ont accueilli, une bagarre s’est déroulée sous yeux et pour couronner le tout, il a commis une bourde en annonçant la transhumance avant l’heure d’Oumar SARR.
A ce rythme, le président SALL va finir par descendre sur le terrain. Lui, qui avait lancé la campagne avant l’heure et qui, depuis l’officialisation de celle-ci, s’est emmuré dans un silence assourdissant, risque de se jeter dans le bain qui est en train de noyer son Premier ministre.
«Mon ami et grand frère Oumar SARR, nous avons fait la même école d’informatique (…). Ces camarades préparent quelque chose pour lui après le 30 juillet. Il va nous rejoindre l’année prochaine ». Cette déclaration Mahammad Boun Abdallah DIONNE aurait pu inciter certains à penser qu’il cherchait à rompre avec l’austérité qui le caractérise. Un discours sec, souffrant souvent de blagues et autres anecdotes en mesure de détendre les nerfs de ceux qui l’écoutent. Mais, loin d’être anecdotique, le Premier ministre, hors du cadre de l’humour, était sur son terrain de prédilection. Oumar SARR «va rejoindre la mouvance présidentielle l’année prochaine», martèle-t-il avec force, départi de tout sourire. En annonçant la transhumance d’Oumarr SARR, à Dagana précisément, que gagne le Premier ministre ? Alors qu’analystes et autres acteurs tentent de trouver l’opportunité d’une telle déclaration, les libéraux ruent dans les brancards et tirent à boulets rouges sur son auteur. Si la tête de liste de la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY) cherche à secouer la base électorale du coordonnateur national du PDS, en créant le doute dans la tête des électeurs, l’effet contraire pourrait se passer. D’autant qu’Oumar SARR, qui n’a pas perdu du temps, a battu en brèche la prétention traitresse qui lui est prêtée.
C’est ce Mahammad Boun Abdallah DIONNE, qui a cassé la baraque à Dagana, qui a été accueilli à Rosso par des brassards rouges. Son équipe de campagne n’a pas su anticiper. Et malgré le quasi blackout de la presse, des populations, réclamant de l’eau potable dans un Sénégal émergent, ont fini par noyer sa délégation et faire retentir leur voix au-dessus de la mêlée. Son bouclier inefficace, le Premier ministre s’est lancé dans ce que les politiciens savent le mieux faire et qui a fini par les décrédibiliser : la promesse. «Vous avez raison de réclamer de l’eau potable. Vous avez, au même titre que tous les autres Sénégalais, d’en disposer et de façon continue. Aujourd’hui, 11 juillet 2017, je prends l’engagement ferme de satisfaire vos doléances, au cours de l’année 2018 », déclare Mahammad Boun Abdallah DIONNE. Pour de l’eau potable, il faut attendre 2018. Soit !
A Louga, le tableau n’a pas été plus reluisant. Les militants de Moustapha DIOP, maire de Louga et ceux d’amadou Berry SYLLA, président du Conseil départemental se sont crêpés le chignon devant un Mahammed Boune Abdallah DIONNE relégué au rang de spectateur.
Le gouvernement à sa dispo
Si à chaque fois la tête de liste nationale de la coalition BBY a pu drainer les foules, sa campagne n’est rehaussée que par le ton que la presse lui donne et les gros moyens déployés par des membres du gouvernement. Malgré le cafouillage, à chaque étape de sa tournée politique, si ce n’est pas un ministre qui a préparé le terrain, c’est un directeur de société publique. A l’étape de Podor, Abdoulaye Daouda DIALLO a oublié le temps d’un meeting et de sa préparation la problématique des cartes d’identité biométriques. A Louga, Moustapha DIOP et Aminata Mbengue NDIAYE ont balisé le terrain. Il en est ainsi de toutes les localités où le PM s’est rendu. Un schéma simpliste, sans grande imagination qui se résume à : « vous mettez les tentes, distribuez des sandwiches, je viens tenir mon discours ».
Au lendemain de l’investiture de Mahammed Boune Abdallah DIONNE tête de liste nationale de la coalition BBY, le ministre Mame Mbaye NIANG est monté au créneau avec des précisions à la pelle. Il jugeait utile de rappeler que cette investiture n’était pas synonyme de numéro deux de l’APR. Au vu du déroulement de la campagne, cette précision se révèle inopportune. Mahammed Boune Abdallah DIONNE renseigne qu’il a encore beaucoup à prouver sur le terrain politique. Réservé, posé, l’informaticien n’allait certainement pas atterrir sur le champ politique s’il n’était pas l’ami de Macky SALL. L’ancien employé d’IBM aurait pu faire une brillante et silencieuse carrière lui ouvrant toutes les portes sans se lancer dans la bruyante politique. Vouloir servir son pays, aider et surtout protéger un ami, avec qui il a partagé de nombreuses cigarettes, l’a poussé dans la « mare aux crocodiles », comme dit Me WADE. Nommé Premier ministre, au lendemain de la débâcle d’Aminata TOURE, aux élections locales de juin 2014, le natif de Gossas, a été précipité dans l’arène par un défaite politique sans être politiquement prêt.
Pourtant, s’il n’était pas considéré comme un fidèle parmi les fidèles de Macky SALL, le Premier ministre allait, à l’instar de son prédécesseur, susciter, à la suite de sa déclaration de politique générale, une controverse le présentant comme un lorgneur du fauteuil présidentiel. Tellement Mahammed Boune Abdallah DIONNE s’était montré tel un politicien endurci maniant à merveille le populisme. Mais cela, c’était à l’hémicycle où CISSE LO, Abdou MBOW et autres font la loi. Face à la dure réalité du terrain, ses limites se révèlent au grand jour et pourraient inciter Macky à vouloir mouiller le maillot.

Mame Birame WATHIE
walf.net

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