Mahammed Boun Abdallah Dionne : « Il ne peut plus y avoir de bicéphalisme dans notre pays »

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Mahammed Boun Abdallah Dionne ne s’en prive pas, quand il a l’occasion de remettre les pendules à l’heure. Son temps étant compté, c’est par courriel qu’il a voulu aborder quelques questions d’actualité touchant à la vie du pays. Il passe au peigne fin quelques actions de son Gouvernement, non sans se prononcer sur les préoccupations politiques agitées ça et là. Le Pse, Bby, l’opposition chacun y a pris pour sa dose. Entretien.

Le Daaka a connu un drame sans précédent qui a engendré plusieurs morts et des blessés. Quel est votre commentaire et quelles sont les mesures prises par votre gouvernement pour éviter à l’avenir  ce genre de drame ?

Nous sortons à peine du deuil national de trois jours, décrété par le Chef de l’Etat, suite à l’incendie survenu au Daaka de Médina Gounass. Je voudrais, à la suite du Président Macky Sall, exprimer ici nos condoléances attristées et la compassion du Gouvernement au Khalife Thierno Amadou Tidiane Bâ et au peuple sénégalais tout entier. De retour du Daaka, après l’accident malheureux qui a frappé la communauté religieuse et notre nation toute entière, le Chef de l’Etat nous a immédiatement instruits de prendre les dispositions logistiques idoines pour les prochaines éditions du Daaka, notamment en renforçant les dispositifs d’adduction en eau potable de Médina Gounass et des localités polarisées, et en prévoyant au plus tôt l’aménagement adéquat du cadre de vie sur le site du pèlerinage. Nous allons ainsi moderniser les lieux avant le prochain pèlerinage, et sécuriser davantage les installations et établissements de séjour des pèlerins. Et nous allons le faire en relation avec les représentants du Khalife et le Comité d’organisation.

Il nous faudrait également rappeler les efforts déjà entrepris par le Chef de l’Etat au niveau de Médina Gounass dans le cadre du Programme de modernisation des cites religieuses. Ce qui avait permis de doter le site du pèlerinage d’infrastructures à hauteur de 700 millions de FCfa, comprenant notamment des tentes ignifuges ayant permis de contenir le sinistre et ses conséquences. La situation aurait pu être aujourd’hui encore plus dramatique.

Dans les prochaines semaines, je me rendrais moi-même sur le site avec les ministres et les services concernés, pour mettre en œuvre, de manière diligente, les instructions du Chef de l’Etat.

Nous construirons des forages à suffisance. Nous allons réaliser un plan local d’urbanisme délimitant les espaces de prières, de vie et d’hygiène, de santé et ceux réservés au commerce. Nous y mettrons l’assainissement nécessaire et les espaces sociaux critiques du site de pèlerinage vont faire l’objet de dallages pour limiter la cohabitation de l’herbe et de la paille avec les usages domestiques.

Le même exercice sera réalisé pour tous les sites d’hébergement de manifestations religieuses et nous définirons, à chaque fois avec les organisateurs, un cadre concerté et consensuel de planification et d’organisation des interventions de l’Etat, dans une dynamique de préservation de la sécurité publique et de la protection civile.

 Depuis 2014, vous êtes à la tête du gouvernement du Sénégal. Pouvez-vous nous faire un bilan succinct ?

Comme vous le savez, un bilan établit une évaluation exhaustive sur une période de référence. En ma qualité de Premier ministre, je n’ai pas de bilan personnel à faire prévaloir. Le bilan de l’action gouvernementale est celui du président de la République, car c’est lui et lui seul qui définit la politique de la Nation et ceci, à travers sa vision. Celle du Président Macky Sall est une vision d’un avenir de prospérité partagée, d’un Sénégal émergent en 2035, avec une société solidaire, dans le cadre d’un Etat de Droit.

Après ses deux premières années d’exercice du pouvoir, 2012 et 2013, marquées par un retour aux fondamentaux, tant au plan politique qu’économique et social, le Président Macky Sall a mis en place le Plan Sénégal Emergent (Pse). Une matrice des politiques publiques pour promouvoir cette prospérité partagée que nous voulons. Ce, à partir de la transformation structurelle de notre économie et l’accélération de l’inclusion sociale dans notre processus de développement.

J’ai l’habitude de rappeler que la vision du Président Macky Sall est axée principalement autour d’une dialectique de l’inclusion et c’est ce qui fait sa compétence distinctive en tant que président de la République du Sénégal.

Une inclusion politique avec le «gouverner ensemble» et son appel permanent au dialogue politique érigés en mode de gouvernance.

Une inclusion économique avec la projection de la croissance sur une base productive largement répartie au plan territorial et des réformes et programmes qui donnent du sens à la décentralisation et à la ruralité. Je veux rappeler ici la réforme majeure de l’Acte III de la Décentralisation qui a consacré l’égale dignité des collectivités territoriales dans notre processus de développement. Je veux aussi rappeler des programmes comme le Pudc, le Puma et Promovilles qui ambitionnent tous de renforcer les capacités productives de nos territoires.

Enfin une inclusion sociale, avec les nombreuses initiatives en faveur des Sénégalaises et Sénégalais, portées par la Couverture maladie universelle, les Bourses de sécurité familiale, les lignes de crédits aux femmes, aux jeunes et à la Diaspora, la revalorisation des pensions de retraites, la réforme en cours des retraites, la défiscalisation du crédit en matière d’habitat social, la baisse du prix des denrées de première nécessité et du loyer en milieu urbain et, tout dernièrement, celle du prix de l’électricité avec une amplitude adaptée à l’échelle de revenu du consommateur.

Cette vision est bien en marche et l’économie est en mouvement, la croissance retrouvée. Et c’est cela qui nous permet aujourd’hui de mieux partager ses fruits. Même ceux de nos concitoyens qui sont les plus démunis profitent aujourd’hui des fruits de cette croissance retrouvée. Les 30 milliards de FCfa, alloués par le Chef de l’Etat aux 300 000 familles les plus pauvres du pays, en témoignent éloquemment.

 Est-ce suffisant pour tirer un bilan satisfaisant ?

Le meilleur reste à venir, car nous n’avons pas encore épuisé la période de référence du premier temps du Pse. Tout bilan ne peut être aujourd’hui que partiel. Vous le savez déjà, ce que nous déroulons en ce moment, c’est le premier temps du Pse, ce que nous appelons le Pap (Plan d’actions prioritaires), qui couvre la période 2014-2018. A la fin de 2018, nous pourrons dresser un bilan exhaustif.

A quoi peut-on s’attendre d’ici quelques années en termes de développement ?

D’ores et déjà, nombreux sont les projets présidentiels d’envergure nationale en cours de réalisation et qui préparent l’avenir, au plan du renouveau urbain avec les Pôles de Diamniadio, du Lac Rose et de Daga-Kholpa, au plan de la mobilité urbaine avec le Ter (Train Express Régional) livrable en janvier 2019, qui reliera Dakar à Pikine en 7 minutes ; au plan de l’Energie grâce au développement des énergies renouvelables avec déjà plus de 100 MW injectés dans le réseau ; ou au plan agricole avec le Pracas et le Programme national d’autosuffisance en riz.

Mais au-delà des projets de développement du capital physique, avec les routes, les autoroutes et le renouveau du chemin de fer, l’hydraulique et l’assainissement, l’énergie, ce que les Sénégalais vivent et constatent sur le terrain, ce sont aussi les efforts entrepris par le Gouvernement pour soutenir leur pouvoir d’achat. En économie, deux leviers s’imposent pour booster la demande, donc la croissance, il s’agit de l’investissement et de la consommation. Et le Gouvernement travaille à activer ces deux leviers. Après la baisse et la stabilisation des loyers et des denrées de première nécessité, c’est maintenant au tour de l’électricité de voir son coût baisser de 10%, nonobstant la remontée des cours des hydrocarbures combinée à celle du Dollar que nous observons désormais sur les marchés. Si nous avons pu procéder à cette baisse significative décidée par le Chef de l’Etat, dont l’impact sur les finances publiques est de 30 milliards de FCfa, c’est que la gestion publique est de qualité et nous faisons de la croissance.

Concrètement, quels sont les résultats du Plan Sénégal émergent ?

Le Pse est en mouvement et la croissance est déjà là. Après une croissance du Pib de 6,5% en 2015, le taux de croissance du Pib réel est projeté à 6,7% pour 2016 et il est attendu à 6,8% en 2017. La production agricole est en augmentation constante du fait notamment de la hausse de la productivité agricole, ce qui est important pour la durabilité de cette progression. Quant au secteur secondaire, il connaît, lui aussi, un regain de dynamisme et il en est de même en ce qui concerne les services. C’est donc normal que les exportations reprennent. S’agissant de l’inflation, le niveau des prix à la consommation demeure maîtrisé avec une progression qui ne dépasse pas 1% et ceci est important pour maintenir le niveau de vie des ménages. Le tableau de bord macroéconomique est donc bon, et les ratings des différentes agences de notation qui expriment la confiance que porte le marché sur notre cadrage, l’expriment aisément. C’est ce qui nous permet, d’ailleurs, de mobiliser des ressources externes et de monter en puissance dans la réalisation des projets phares du Pse.

Rien que sur les routes, depuis 2012, le Gouvernement a réalisé 1 295 km de routes, 12 ponts et 36 km d’autoroutes, contre 35 km réalisés en cinquante cinq ans. D’ici à 2019, notre réseau autoroutier atteindra un linéaire de 217 km, avec l’achèvement des travaux en cours, comme l’axe Sindia-Mbour ou «l’Autoroute du tourisme», l’Aéroport international Blaise Diagne, Thiès-Tivaouane qui va ouvrir l’axe nord du pays et enfin «Ila Touba» avec ses 113 km de dorsale pour ouvrir l’Est et le Sud du territoire. Ces importants investissements publics vont donner de nouvelles perspectives à notre pays en matière de sécurité routière, de productivité globale et d’aménagement du territoire. A présent, après ces efforts importants de rattrapage, supportés par l’investissement public, le président de la République nous a instruits de nous ouvrir davantage à l’investissement privé dans le financement des infrastructures en privilégiant, dorénavant, les concessions de service public par rapport au budget. Il s’agit là d’une décision fort logique. Après le «Big push» dans les infrastructures et leur effet réussi de démonstration, le secteur privé peut définitivement prendre le relais, en termes de financements. Ceci nous permettra de dégager de nouveaux espaces budgétaires pour remplir à bonne date les autres engagements du président de la République vis-à-vis du peuple sénégalais.

Qu’est-ce qui peut bien illustrer cet optimisme que vous affichez ?

En ce qui concerne le secteur de la pêche, les débarquements sont en train de croître de manière significative. Nous avons déjà presque terminé la construction de quais de débarquement modernes à Yoff, Ngaparou, Potou et Pointe Sarène, et d’aires de traitement et de transformation des produits à Bargny, Fass Boye et Gooxu Mbathie. Nous avons également entamé la construction des quais de Soumbédioune, Goudomp et Bargny et des aires de transformation de Penthium Sénégal à Thiaroye, Mbao, Rufisque et Kafountine.

Aujourd’hui, le secteur prend son envol avec la décision du président de la République de subventionner le prix d’acquisition de chaque moteur hors-bord à hauteur de 1 million de FCfa. Ainsi, avec moins de 400 000 FCfa, vous pouvez désormais acquérir un moteur, dont le prix réel est de 1,4 million de FCfa. Cette décision présidentielle a dopé les performances du secteur. Le programme va couvrir, avant 2019, la totalité des besoins exprimés par la profession, soit 20 000 moteurs subventionnés.

Nous travaillons aussi à la consolidation de la sécurité en mer, avec le renouvellement du stock de 20 000 gilets de sauvetage et la stabilisation de la brèche de Saint-Louis par la mise en place de brise-lames à Saint-Louis et à Potou pour un coût global de 3,5 milliards de FCfa. Ces travaux tant réclamés par nos vaillants pêcheurs, notamment ceux de Guet Ndar, ont démarré.

Il faudrait rappeler que le secteur de la pêche mobilise au total 600 000 de nos compatriotes, dont 400 000 exercent dans la pêche artisanale. C’est là la raison pour laquelle le Pse consacre autant de priorité à ce secteur dans le processus de formation de la croissance inclusive que nous voulons.

Au total, comme je le disais au début de mon propos, le Plan Sénégal émergent est bien en mouvement et ses résultats sont tangibles dans les différents compartiments de la vie économique et sociale.

Peut-on affirmer la même chose dans le secteur de l’emploi ?

L’emploi reprend. Certes timidement, car notre économie doit investir davantage pour produire plus et donc être en position de recruter plus. Mais avec l’amélioration continue du climat des affaires, nous travaillons sur les conditions de promotion d’investissements massifs de la part du secteur privé, tant national qu’international, avec l’important dispositif que vient de mettre en place le président de la République à travers l’adoption de la Loi portant création des Zones économiques spéciales. Ces espaces de compétitivité permettront de soutenir le côté «demande» du marché du travail, au même moment les résultats de notre politique de formation professionnelle va adresser efficacement le côté «offre» du marché. C’est comme cela que nous allons progresser vers le plein emploi et répondre aux espérances légitimes de notre jeunesse.

Au demeurant, les résultats de la dernière enquête sur l’emploi, réalisée par l’Ansd au dernier trimestre de 2016, font état d’un taux d’activité se situant à 57,7% chez nos compatriotes âgés d’au moins 15 ans, avec un salaire moyen mensuel établi à 114 000 FCfa. Ce qui veut dire que plus de la moitié de la population en âge de travailler aura participé au marché du travail au cours du dernier trimestre de 2016. C’est une bonne progression, mais il nous faut encore faire davantage et nous y travaillons.

Demain, pour la jeunesse, nous allons vers un nombre croissant d’opportunités d’insertion sociale et professionnelle qui seront portées par les Zones économiques spéciales, telles que le Parc industriel de Diamniaidio en cours de démarrage, ou encore le Cargo-village à Ndiass, la Zone économique de Sandiara qui a bouclé son financement, ou encore le Parc de technologies numériques financé par la Bad pour près de 40 milliards de FCfa.

Dans le secteur primaire, avec le concours de 47 milliards de FCFA de la Banque islamique de développement, ce sont également là autant d’opportunités d’insertion qui seront offertes aux jeunes à travers sept nouveaux Domaines agricoles communautaires (Dac) à installer dans les localités de Dodji, à Louga, Boulel dans le Kaffrine, Fafacourou à Kolda, Notto Diobas à Thiès, Niombato dans le Fatick, Matam et Sangalkam, en plus des Dac déjà en service à Séfa dans le Sédhiou et à Itato dans le Kédougou.

Ces derniers temps, des membres de votre parti agitaient l’idée de faire de vous la tête de liste nationale de Benno bokk yakaar. Ils soutiennent que vous présentez le meilleur profil. Qu’en pensez-vous ?

Il faut savoir raison garder à propos des élections législatives qui s’annoncent. Certes elles sont importantes, je dirais même essentielles, car la démocratie se nourrit d’un renouvellement continu de la légitimité populaire selon un calendrier bien précis qui est celui de la République. Il s’agira donc, pour la majorité présidentielle, d’une confirmation avant la lettre, celle de l’échéance majeure de 2019, de l’adhésion populaire à la vision de développement économique et social du Président Macky Sall, c’est-à-dire le Pse. A défaut, il s’agira de noter les points d’inflexion que le peuple pourrait souhaiter placer dans la courbe d’exécution des projets du Plan Sénégal émergent.

Bien entendu, notre volonté est de voir le peuple sénégalais consacrer la confirmation plutôt que l’inflexion dans l’exécution du Pse et nous serons au rendez-vous de la campagne comme nous y étions aussi durant la campagne du référendum du 20 mars 2016. La fonction ministérielle est politique par essence. Je puis vous confirmer ici que tous les membres du Gouvernement vont, collectivement et individuellement, défendre les nombreuses réalisations du Président Macky Sall, tout en rappelant au peuple sénégalais la perspective d’espérance et de «yaakaar» portée par notre leader à travers le Pse.

Tête de liste ou non, nous serons à ce rendez-vous républicain pour démontrer aux uns et aux autres que cet avenir de progrès, de prospérité et de solidarité dans l’égalité pour tous que nous voulons, devrait se faire avec le Président Macky Sall.

Nous sommes donc sereins et Inchallah la confirmation sera encore au rendez-vous au soir du 30 juillet 2017, avec une majorité parlementaire confortable accordée par le peuple souverain au Chef de l’Etat, afin qu’il continue de dérouler, sans inflexion inutile et avec vigueur, le Pse qu’il a conçu pour le bénéfice exclusif des populations.

Maintenant, parce que nous sommes en démocratie, il nous faut aussi accepter que l’opposition joue son rôle. Un ami très sage nous disait récemment que opposition n’est pas synonyme de position. Dans notre pays, quand vous êtes Premier ministre ou ministre, tout baigne. Le lendemain, si vous changez de position, vous basculez inéluctablement dans l’opposition. Or, l’opposition, c’est un combat pour une vision différente, ce n’est pas une affaire de position ou de positionnement. Mais il en faut bien sûr, car tout pouvoir absolu devient nuisible pour celui qui le détient et donc a fortiori pour la Nation elle-même. Ce serait donc bien que l’Assemblée nationale à venir, même si la coalition présidentielle Benno bokk yakaar y détient une majorité confortable, que l’opposition puisse également y être représentée pour faire vivre la démocratie sénégalaise. C’est cela notre compréhension du jeu politique qui veut que ceux qui dirigent respectent aussi ceux qui s’opposent et vice-versa, bien entendu.

Dans notre pays, est-il nécessaire de le rappeler que nous avons constitutionnellement un régime présidentiel. De Senghor, dès après les événements de 1962, à Sall, en passant par Diouf et Wade, c’est le président de la République, et lui seul, qui définit la politique de la Nation.

Du Premier ministre, parlons-en et je pense pouvoir en parler. Il ne siège pas au Conseil supérieur de la magistrature, présidé par le président de la République, et c’est le Garde des Sceaux qui en assure la vice-présidence. Ça a été comme cela depuis toujours. De la même manière, le Premier ministre ne siège pas au Conseil supérieur de la Cour des Comptes présidé par le Chef de l’Etat et c’est le ministre des Finances qui en assure la vice-présidence. Cela a toujours fonctionné tel quel. Dès que l’on touche aux domaines de souveraineté, le Premier ministre devient inexistant et c’est tant mieux ainsi. N’oublions pas 1962. Aussi, le Premier ministre n’est pas présent dans la chaîne de commandement des Forces de défense et de sécurité qui n’obéissent qu’au Chef suprême des Armées et c’est également tant mieux ainsi.

Un tel ordonnancement des choses s’explique exclusivement par la force du suffrage universel dont jouit le Chef de l’Etat. Il ne peut plus y avoir donc de bicéphalisme dans notre pays, car le législateur l’a prévu ainsi depuis 1962, et c’est ce qui nous procure cette grande stabilité constitutionnelle et institutionnelle tant enviée en Afrique.

Que l’on arrête donc de jouer à se faire peur.

Qui sera Tête de liste de la majorité, qui sera Tête de liste de l’opposition, tout ceci n’est point important. Ce qui l’est par contre, c’est le Sénégal et sa marche vers le progrès social dans la Démocratie et l’Etat de Droit.

Les Législatives se profilent à l’horizon et les querelles de positionnement font de plus en plus surface. A titre d’exemple, à Diourbel, les leaders de Benno bokk yaakaar se crêpent déjà le chignon et disent NON à toute forme de diktat, parachutage ou parrainage. En tant que membre de l’Apr, que compte faire votre parti pour mettre le holà ?

Le Président Macky Sall, Président de l’Apr et de Bby, l’a dit et répété qu’il ne tolérera aucun désordre au sein du parti et de la coalition lors de ces joutes électorales. Ceux qui sont tentés par la division et le désordre sont donc avertis. J’ai envie de dire, en paraphrasant l’autre, que la discipline est la force principale des organisations. En politique comme en toute chose, la compétition est saine quand elle stimule et concourt à l’intérêt général, mais comme l’a écrit mon ami et condisciple Mamadou Lamine Diallo, aujourd’hui coordonnateur d’une des coalitions de l’opposition, dans un de ses ouvrages intitulé «Les Africains sauveront-ils l’Afrique», je crois en 1996, c’est la «compétition négative» qui plombe le développement de notre continent. Compétir, oui, mais positivement. Pour l’intérêt de tous.

Votre régime subit souvent les foudres des membres de l’opposition qui disent que le temps n’est plus à la parole, mais à l’action et qu’ils attendent de votre Gouvernement des actions concrètes. Que répondez-vous à cela ?

Ce serait injuste de la part de ceux qui seraient tentés de le dire. Personnellement, je n’ai point entendu ce genre de critiques. Car plus fondamentalement, le «ministère de la parole» n’est pas pour ceux qui dirigent et qui incarnent l’action publique. Que je sache, le Sénégal n’est pas à l’arrêt. On nous reproche même une certaine surchauffe qui pourrait naître de notre politique volontariste de financement de l’économie. Tout le monde parle de la dette. Et nous leur rappelons à chaque fois qu’il y a de la bonne dette et il y a aussi de la mauvaise dette. Celle qui va à l’investissement en tant qu’anticipation rationnelle sur le futur est de la bonne dette par son résultat. Celle qui relève le niveau de consommation dans la dépense publique sera toujours une mauvaise dette, parce que source d’inefficacités.

Quand le Président Macky Sall proclame, avec une fierté pour nous tous, que nous sommes résolument dans le temps de l’action pour un Sénégal de tous et un Sénégal pour tous, c’est que nous ne sommes mus que par le culte du résultat. La critique est aisée, mais l’art est difficile, dit-on. Nous leur laissons donc le «ministère de la parole et de la critique». Encore que la parole citoyenne reste vitale pour la démocratie.

On vous reproche aussi cette propension à embastiller tout Sénégalais qui affiche des ambitions à devenir président de la République. Que répondez-vous à cela ?

Il nous faudrait créer des prisons à ciel ouvert pour embastiller tous les prétendants à la fonction présidentielle, tellement on ne les compte plus. Il paraît que nous sommes le pays qui compte le plus grand nombre de partis politiques pour mille habitants. Nous en serions aujourd’hui à 276 partis qui ambitionnent tous d’exercer le pouvoir, avec, dans la plus part des cas, plusieurs responsables dans chaque parti, proclamés ou discrets, qui pensent à la fonction présidentielle en se rasant le matin. Faites le décompte. Il en faudrait donc des prisons pour les interner tous. Plus sérieusement, nous sommes des démocrates et nous respectons ceux et celles qui prétendent à diriger les Sénégalaises et les Sénégalais.

La situation décrite est toute différente de la réalité. Ce qui existe, ce sont des citoyens comme Monsieur tout-le-monde qui sont interpelés par la Justice de notre pays du fait d’infractions supposées, je dis bien « supposées », car la présomption d’innocence demeure un principe de base dans le Droit pénal sénégalais. Continuons de faire confiance en notre Justice.

Nous devons, cependant, être conscients que la position du citoyen, quel qu’il soit, ne devrait en aucun cas déterminer son rapport à la Loi. Ce n’est pas parce que l’on est ministre, député ou élu local que l’on pourrait commettre des infractions délictueuses ou criminelles, sans frais. Les règles de Droit sont générales et impersonnelles, disent les juristes.

L’Observateur

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