Malaise d’Alioune Diassé et absence pour raisons médicales de Bibo Bourgi – Le procès de Karim Wade EN SURSIS

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La défense de Karim Wade et les conseils de l’Etat ont renoué, hier après-midi, avec les invectives dans les débats axés sur la production des documents devant la barre. En raison du malaise d’Alioune Samba Diassé dans la matinée, la Cour a suspendu l’audience jusqu’à jeudi matin. Mais le procès pourra-t-il se poursuivre si Bibo Bourgi est cloué sur un lit d’hôpital à la clinique du Cap et Alioune Samba Diassé à Suma Assistance ?

Avocat d’Alioune Samba Diassé, Me Alioune Badara Cissé, dès la reprise des débats dans l’après-midi d’hier, a produit devant la Cour un certificat médical délivré par le service médical et d’urgence de Suma Assistance où son client a été admis en observation pour la journée. Etant donné que Diassé est dans l’incapacité de se présenter à la barre pour l’heure, Me Cissé demande à la Cour d’en tirer toutes les conséquences de droit.

Pour ce qui est «de la propension du parquet spécial de sortir des pièces non codées au niveau de l’instruction», il trouve que ce n’est pas loyal. Si Me Samba Amethi n’avait pas été assez vigilant, ils auraient assisté à «une véritable escroquerie judiciaire», a fait remarquer l’ancien ministre des
Affaires étrangères.

Me Ciré Clédor Ly, au sujet des propos tenus à l’endroit des avocats étrangers, a fait remarquer que le procès est suivi par la France, l’Union européenne. «Nous intervenons à l’étranger et avec la règle de la réciprocité cela pourrait nous nuire, nous qui intervenons à l’étranger. Soignez le langage», a invité Me Ly.

ME ABDOU DIALY KANE : «LE PARQUET SPECIAL PEUT (…) A CONDITION QUE…»

D’entrée, Me Abdou Djaly Kane, conseil de Diassé a dit : «Ce parquet spécial, je le combattrai jusqu’au bout mais du point de vue personnel, je ne suis pas un nihiliste. Le parquet spécial peut parfaitement brandir une pièce qui est étrangère à l’instruction, à la seule condition qu’elle fasse l’objet d’une discussion avec les parties. Nous ne sommes pas devant le juge des référés mais devant une juridiction répressive. Nous ne sommes pas là pour contempler nos clients mais pour les défendre. On ne peut pas discuter d’une pièce qui nous tombe comme ça du ciel», s’insurge le conseil.

Dans la poursuite du procès pénal, la règle la plus fondamentale est la prise en compte d’un débat contradictoire, a estimé Me Madické Niang. «Que les règles soient dites par vous», a-t-il invité la Cour. Pour ce qui est de l’incident de la matinée, il lance : «il faudrait que cette différenciation cesse. Nous portons la même robe. Ce n’est pas la couleur de la peau ou l’origine qui importe, mais la robe».

PAS DE QUOI FOUETTER UN CHAT, SELON ALIOUNE NDAO

Le procureur spécial Alioune Ndao, qui était seul dans l’après-midi ne voit pas de quoi fouetter un chat. Les avocats ont le loisir de demander que la pièce qui n’a pas été communiquée soit écartée du dossier et la Cour aura le dernier mot. Cela dit, il n’est pas d’accord quand la défense argue qu’on ne peut prendre en compte que les éléments de l’instruction. «Euxmêmes veulent faire comparaître des témoins qui n’ont été entendus ni à l’enquête ni à l’instruction. Ce qui importe, c’est votre intime conviction et que toute preuve soit discutée devant vous. Le procès peut continuer tranquillement. C’est un débat inutile», a dit Alioune Ndao.

Après avoir salué l’intervention de Me Abdou Djaly Kane, apprécié dans une certaine mesure celle de Me Ciré Clédor Ly, Me Moustapha Mbaye qui ouvrait les interventions des conseils de l’Etat s’est dit agacé par les attaques dont ils font l’objet. Le camp d’en face les accuse d’être de connivence avec la Cour. Si la partie civile ne s’est pas fait remarquer par des incidents, c’est sans doute, explique-t-il, qu’ils comptent dans leurs rangs, deux anciens bâtonniers et trois membres du conseil de l’ordre.

Revenant sur l’arrêt de la Cour de cassation française cité par Me Seydou Diagne dans la matinée et qui fait état des pièces nouvelles produites à l’audience, Me Mbaye estime que l’avocat de Karim Wade fait fausse route.

ME EL HADJI DIOUF : «SI ON NE LES APPELLE PAS COMPLICES, ON NE PEUT PAS DIRE PLANTONS OU BOYS»

L’intervention de loin la plus mordante est celle de Me El Hadji Moustapha Diouf qui a lancé que le débat «subitement introduit n’a aucun sens. On a l’habitude ici de parler pour ne rien dire. Toutes les questions soulevées depuis hier pouvaient être rangées dans les tiroirs. Diaboliser la Cour est devenu la chanson préférée de nos amis. Ils se plaignent de n’avoir pas été informés de la visite faite à Bibo. Ils ne lisent même plus le droit, c’est peut-être de la mécanique. A ma gauche on ne parle pas droit et quand le président a invoqué l’article 403, on devait dire mea-culpa. Tout le monde dit dans la ville que la Cour est trop gentille, elle subit la torture de la défense. On a tous entendu un avocat dire : « je prends la parole». Ils se plaignent qu’on parle de complices mais on ne peut pas dire boys ou planton en ce qui concerne les Diassé, Pouye, Agboba, Mbaye Ndiaye… »

Pour ce qui est des avocats étrangers, il lance : «comme on parle de lion de la Téranga, on est aussi tenu de dire magistrat de la Téranga. C’est comme si le colonialisme était revenu. Un avocat qui ne se lève pas quand la Cour arrive, c’est une insulte à tous les Sénégalais. Non, nous ne subirons pas cette colonisation! One ne peut pas choisir la carrière d’avocat sans l’aimer. Des affairistes et publicistes viennent dans notre profession par effraction. Il y a des gens qui se proclament extraordinaires avocats. Contentons-nous de la science juridique ».

Ancien bâtonnier, Me Papa Moussa Felix Sow pense que le Sénégal n’a de leçon à recevoir de qui que ce soit. Il a voulu plaider devant la Cour de cassation en France, mais on lui a rétorqué que ce n’est pas possible. «Pourtant, récemment devant la Cour suprême, des avocats français ont plaidé et personne ne s’en est plaint».

ME SEYDOU DIAGNE INVOQUE UNE DECISION DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL FRANÇAIS

Me Yérim Thiam a été surpris du glissement qui a été fait pour parler des avocats étrangers. L’Etat du Sénégal a des avocats français sous sa bannière. La défense qui a le dernier mot revient à la barre. Pour Me Samba Amethi, Me Moustapha Mbaye a fait une lecture partielle. Il est possible de produire de nouvelles pièces à l’audience, mais à condition de donner un délai d’au moins 24 heures à la défense. Quant à la jurisprudence invoquée par Me Papa Moussa Felix Sow, Me Amethi précise qu’il est question pour la loi de «pièces régulièrement produites à l’audience». L’avocat demande à la Cour de faire injonction au parquet spécial de produire les pièces avant que le prévenu ne soit interrogé.

Me Seydou Diagne revient à la charge pour dire que Me Mbaye a cité une étude et non un arrêt de la Cour de cassation française. C’est à un Diassé dans un état de santé pitoyable qui a obligé la Cour à suspendre son audience lundi et mardi, qu’on demande de s’expliquer sur une pièce qu’il n’a jamais vue, s’insurge le conseil de Karim Wade. Citant une décision du Conseil constitutionnel français, il conclut qu’en l’espèce, la Cour est obligée de relaxer ou d’ordonner un complément d’information. Me Diouf a parlé de preuves qui pourraient être produites par l’ange Gabriel. Me Diagne met cela sous le compte d’une blague…

ME CORINE D.SCHMIDT : «J’AI ENTENDU DES PROPOS QUI ONT DES RELENTS DE XENOPHOBIE ET DE RACISME, MALODORANTS, QUI M’INSPIRENT DU DEGOUT»

Me Corine Dreyfus Schmidt, conseil de Bibo Bourgi, qui n’a pas sa langue dans sa poche, a déversé sa bile : «Même si nul n’est prophète dans son pays, c’est assez désagréable qu’on stigmatise les avocats français. Nous ne sommes pas les boucs émissaires de ce procès. Imaginons que ce soit en France. Nous sommes des avocats et nous portons des robes noires, nous sommes dans un duel judiciaire. Il a été refusé à un avocat sénégalais de prendre la parole devant la Cour de cassation, ce n’est pas étonnant. C’est valable pour les Français parce qu’il n’y a que les avocats de la Cour de cassation qui plaident devant cette juridiction.

(…) J’ai entendu des propos qui ont des relents de xénophobie et de racisme, malodorants, qui m’inspirent du dégoût». Le Président fait remarquer que les avocats de la défense accusent la cour de xénophobies. Mes Sow et Schmidt se lèvent et se lancent des piques.

PRESIDENT HENRY G.DIOP A PROPOS DE LEUR PASSAGE A LA CLINIQUE DU CAP : «LE MOMENT VENU, NOUS LIRONS LE PROCES VERBAL D’IBRAHIM ABOUKHALIL»

Lorsque Me Demba Ciré Bathily fait état d’un pan de phrase de l’article 403 du Code de procédure pénale au sujet de la visite faite à Bibo Bourgi, le Président intervient pour dire que le procès verbal d’Ibrahim Aboukhalil fait à la clinique du Cap est disponible et qu’ils le liront le moment venu. «La Cour ne va pas revenir sur sa décision et je prie les avocats de ne plus évoquer ce point », décide-t-il.

LE PRESIDENT OPINAIT DU BONNET QUAND ME EL HADJI DIOUF BROCARDAIT LA DEFENSE

De l’avis de Me Ousmane Sèye, le Code de procédure pénale n’offre aucune possibilité au procureur d’intervenir pour de nouvelles preuves. Le parquet spécial a parlé de témoins que la défense veut entendre. Me Sèye fait remarquer qu’on va les écouter sur la base de faits et d’actes visés dans l’enquête préliminaire et au cours de l’information. Dans le même sillage, Me El hadji Amadou Sall a abordé les modes de preuves prévus par la loi. La défense a la sensation que le parquet spécial, avec la coopération judiciaire, a rassemblé des éléments à charge et à décharge et va procéder par des pièges, guetapens et autres, pour surprendre les prévenus. Ce n’est pas pour s’en inquiéter, ni s’en offusquer. Il en sourit. Quand Me El hadji Diouf brocardait la défense, le Président opinait du bonnet. Touché, Henry Grégoire Diop réplique, dans un rire forcé : «un peu d’humour ne fait pas de mal de temps en temps».

L’As

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