MAMADOU BAMBA NDIAYE, DEPUTE ET SG DU MPS/SELLAL: «La liste de Bokk Yaakaar est un véritable complot contre la démocratie»

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Le député Mamadou Bamba Ndiaye ne s’embarrasse pas de fioritures pour dénoncer les écarts des régimes même quand il est en coalition. Dans cet entretien, le Secrétaire général du Mps/Sellal a fait savoir que «Macky Sall n’est pas du tout sur la voie du respect de ses engagements, et sa coalition est un complot contre la démocratie».

Vous étiez avec le Pouvoir dont Me Wade était le chef de file. Votre séparation vous a-t-elle un peu plombé ?
Vous savez, cette séparation n’est pas de notre faute. Après la présidentielle, Wade a annoncé qu’il nous a libérés. Je ne crois pas que cela a réduit nos chances. Je constate, au contraire, que cela nous libère réellement d’un poids. Je pense que beaucoup de personnes autour de nous, qui étaient réticentes à travailler avec nous à la présidentielle, sont en train de le faire avec enthousiasme pour les législatives.

Le Mps/Sellal est dans une coalition, Taaw, dont vous occupez la 3ème place. Quelles sont vos véritables chances en perspective des législatives ?
Nos chances sont très grandes. Beaucoup de gens s’illusionnent en parlant des trois grandes listes, Bokk Yaakaar, Bokk Guiss Guiss et le Pds. Mais c’est une pure illusion. Dans le dialogue que nous avons au quotidien avec les Sénégalais, je sens qu’ils sont aujourd’hui dans un dilemme : comment rappeler à l’ordre Macky Sall, vu tous les errements qui caractérisent son début de mandat sans renier le verdict du 25 mars, c’est-à-dire faire revenir le Pds par la petite porte ? C’est une question que les gens se posent partout. Et la coalition Taaw est la réponse. Parce que c’est une coalition qui est déjà une synthèse de forces venant de l’ancienne majorité. La 2ème chose, c’est que c’est la seule coalition qui a pris des engagements clairs et précis à l’Assemblée nationale.

La coalition au Pouvoir estime qu’il lui faut nécessairement une majorité à l’Assemblée nationale pour bien gouverner. Etes-vous de cet avis ?
Je trouve que c’est un véritable complot contre la démocratie que constitue cette liste de la coalition Bokk Yaakaar. D’abord, cette coalition est monstrueuse, hétéroclite. On y trouve tout et n’importe quoi. La deuxième chose, c’est qu’ils disent qu’ils veulent 130 députés. Ils ne demandent pas seulement une majorité. Mais pourquoi faire ? C’est faux de dire que sans la majorité absolue, le Pouvoir ne peut pas travailler. Au contraire, l’Exécutif ne peut bien travailler que quand il est contrôlé et surveillé au niveau de l’Assemblée. Quand il n’a pas les coudées franches à l’Assemblée et qu’il est obligé de discuter avec les députés, seul un tel exécutif peut travailler à la satisfaction des besoins des populations. Sinon c’est la dictature. Si c’était pour respecter leurs engagements, on pourrait toujours en discuter. Mais ce n’est pas le cas.

Pourquoi vous le pensez ?
Vous avez vu que les engagements sur la baisse des prix des produits de première nécessité ne sont pas respectés. Ils ont fait un deal avec l’Unacois qui était éventé. Parce que les prix n’ont pas évolué dans les boutiques. Tout le monde sait qu’ils ont pris des engagements avec le Fmi qu’ils vont appliquer dès le lendemain des prochaines élections. Le prix de l’électricité va augmenter de 50%, celui de l’essence, du gasoil va flamber ; il va y avoir des mesures de restriction au niveau de la fonction publique. Il n’y aura plus de recrutement dans la Fonction publique, peut-être, même des licenciements et des baisses de salaire à travers de nouvelles règles d’imposition. Pendant ce temps, la Présidence, comme la presse l’a révélé, fait des commandes de mobiliers, de véhicules de luxe. Ce serait la pire des catastrophes au Sénégal que de donner à ces gens-là une majorité à l’Assemblée.

Justement, quelles appréciations faites-vous des actes posés jusque-là par le président Macky Sall ?
Vous savez, nous respectons son élection démocratique. Et nous lui souhaitons de réussir sa gouvernance dans le respect de ses engagements. Mais comme tous les Sénégalais, nous nous posons des questions parce qu’il n’est pas du tout sur la voie du respect de ses engagements. Au contraire !

Pourquoi vous le dites ?
Je vous donne un autre exemple : demain (aujourd’hui, ndlr), il va en campagne électorale à Saint-Louis même si on parle de Conseil des ministres. Tout le monde comprend que ces tournées qu’il veut faire sous prétexte de Conseil des ministres tombent sous le coup du Code électoral qui interdit les tournées à caractère économique ou autre du gouvernement dans la proximité de la campagne électorale.
Aussi, je peux vous apprendre que la coalition Benno Bokk Yaakaar ouvre dimanche sa campagne au Palais sous la présidence du chef de l’Etat par la réunion des responsables de Matam. Cela entre en contradiction des engagements qu’il avait pris de séparer l’Etat du Parti. On assiste à une fusion plus accrue entre l’Apr et l’Etat. Plus que ce que faisait le Pds.

Des audits très controversés sont engagés par les nouvelles autorités. C’est normal ?
Je suis pour les audits à mille pour cent, comme les Sénégalais, s’il s’agit de favoriser la bonne gouvernance. Mais, malheureusement, ce que je constate pour l’instant, c’est que les audits sont dévoyés. Ils sont utilisés simplement à des fins de règlement de compte, de lynchage médiatique d’adversaires politiques.

Donc vous comprenez la révolte des principales personnes concernées comme l’ancien ministre de l’Intérieur, Me Ngom ?
Même en étant dans la majorité, j’ai toujours dénoncé les détournements. J’ai toujours demandé que certains responsables soient audités. J’ai même dit qu’il y avait de l’enrichissement illicite. Donc, ces réactions-là, encore une fois, entrent dans le même registre que le jeu du Gouvernement.
Comprenez-vous aujourd’hui l’éclatement du Pds qui était le moteur de la mouvance présidentielle ?
Je le comprends dans une certaine mesure. Tous les partis qui ne fonctionnent pas avec une démocratie interne sont condamnés à l’éclatement. Peut-être qu’on peut contenir certaines dissensions quand on est au Pouvoir mais si on le perd, tout explose. C’est ce qui arrive au Pds.

Comment comprenez-vous que le Premier ministre ne veuille pas faire sa déclaration de politique générale devant la présente Assemblée nationale ?
Soit il est inculte, soit il a des choses à cacher. Il n’est pas besoin d’être un génie pour comprendre que l’Assemblée nationale est une institution continue prévue par la Constitution. Sauf en cas de dissolution ou de coup d’Etat, elle existe toujours et doit toujours exercer ses prérogatives. Ce n’est pas parce qu’il y a eu une alternance au niveau de l’Exécutif que l’Assemblée doit être mise entre parenthèses.

Justement comment vit l’Assemblée nationale depuis l’arrivée des nouvelles autorités ?
On a l’impression qu’on a gardé l’Assemblée pour la mettre entre parenthèses alors que le Président pouvait prendre son courage à deux mains en la dissolvant pour gouverner par ordonnance.

Comment comprenez-vous que le président continue de dormir à son domicile sous prétexte que les appartements du Palais sont en réfection, comme l’avait fait Wade en 2000 ?
Moi, j’ai plutôt entendu que c’est pour des considérations d’ordre mystique et surnaturel. Ce sont des choses sur lesquelles je ne ferai pas de commentaires. Mais il me semble que la décence républicaine voudrait que le Président habite le Palais et ne s’embarrasse pas de considération liées aux «xon» (pratiques mystiques, ndlr). Parce que, honnêtement, le président de la République, ce n’est pas un lutteur qui va consacrer l’essentiel de son temps à des histoires de «xon». Mais on a l’impression que c’est ce genre de président qu’on a maintenant.

xalimasn.com- Source : La Tribune

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