Mamadou Diop Decroix: « Bécaye Diop n’est pas un mouride »

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La dernière sortie du ministre de l’intérieur, la demande de sa démission par les femmes de Benno Siggil senegaal, la candidature de Maître Abdoulaye Wade aux élections de 2012, le secrétaire général de And Jef Pads dit tout. Mamadou Diop Decroix est convaincu que ceux qui parlent de l’âge du président font allusion à sa santé. Et pourtant, selon lui, l’état de santé de Wade est bien meilleur que le leur.

La Sentinelle : Bonjour M. Diop vous êtes le secrétaire général de And Jef /Pads. L’actualité cette semaine est marquée par la dernière sortie du ministre de l’intérieur Bécaye Diop à Touba. N’a-t-il pas raté sa sortie ?

Mamadou Diop « Decroix » : Je n’ai pas écouté le discours de Bécaye Diop. J’étais sur la route de Touba. On m’a juste apporté les articles de presse. Au Sénégal, on n’examine jamais les choses de façon sereine. C’est la raison pour laquelle tout est biaisé. Le débat, plutôt que de profiter à la compréhension des choses et des phénomènes se crispe très vite en position antagoniste. Donc, dans cette affaire, vous ne savez même pas ce que vous devez dire. C’est une histoire de pour ou contre. Je ne suis pas dans ces logiques. J e sais que Bécaye Diop est un homme très intelligent mais je ne sais pas si (hésitations)

L S : Un homme très intelligent, chef de délégation à une cérémonie officielle qui parle de la sorte devant tout le pays ?

M D : Attendez, je ne sais pas si (hésitations) il y a un problème de langue même(rires ) Le discours au Sénégal, pose beaucoup de problèmes. Franchement. Je pense que si c’était en Europe peut être des experts allaient s’occuper de ces questions pour les étudier parce que, ce qu’on constate en général, c’est que très souvent, les leaders disent : je n’ai pas dit ce qu’on m’a fait dire. Alors il faut regarder ça. Par exemple si vous prenez la langue wolof, c’est une langue qui n’est pas simple. Je ne vais revenir sur des polémiques d’il y a quelques semaines. Je sais que vous pouvez dire une chose très précise, on va l’interpréter autrement. Si je dis (hésitations) bon parce que ça va encore soulever d’autres problèmes. J’imagine que Bécaye est d’origine Cayorienne parce qu’il est Diop, mais est ce qu’il maitrise bien le wolof ? Je ne sais pas si ce qu’on a voulu lui faire dire correspond à ce qu’il a dit.

L S : Est-ce qu’on a voulu le lui faire dire ou il l’a dit ?

M D : Voilà ! Est-ce que ce que Bécaye a dit et ce qu’on a rapporté correspond à ce qu’il voulait dire ?

L S : Ecoutez M. Diop j’ai comme l’impression que vous ne voulez pas comprendre ce qu’a dit Bécaye.

M D : Parce que pour moi, Bécaye est intelligent, il ne peut pas aller à Touba, tenir des discours qui peuvent créer des problèmes entre des confessions ou entre des confréries. Il n’a aucun intérêt et il est intelligent

L S : Et pourtant il l’a dit

M D : Donc, ça veut dire que peut être il ne maîtrise pas la langue parce je ne peux pas comprendre que Bécaye travaille contre son propre régime.

L S : Ce n’est pas la première fois que Bécaye fait des dérapages. Vous devez certainement vous en rappeler à Sédhiou avec les élèves.

M D : Mais j’ai vu dans la presse que Bécaye a nié.

L S : Est-ce que vous ne trouvez pas que c’est trop simple de dire une chose aujourd’hui et le contraire le lendemain ?

M D : S’il a dit A aujourd’hui pour dire qu’il a dit le contraire de A le lendemain il a tort. Mais, est ce que je dois dire que ce que les autres ont dit est la vérité.

L S : Je vois que vous ne voulez vraiment pas répondre parce que Bécaye est votre ami

M D : Non ! Ce n’est pas ça (il se répète) si Bécaye a tort et que vous me posez la question je réponds comme je peux aussi m’abstenir de répondre puisque je ne veux pas publiquement le démentir, l’attaquer ou le démonter si c’était le cas. Ma conviction est que je le connais bien. Il ne peut aller là bas dire des choses qui vont créer des problèmes. S’il a dit ce qu’il a dit là est ce que c’est ce qu’il a voulu dire parce qu’à ce que je sache, on m’a dit qu’il a serré la main du khalife général avec une seule main, sans se prosterner comme le font les mourides. Donc il n’est pas un mouride. S’il a dit quelque chose comme ça, je me demande est ce qu’il maitrise son wolof. J’attends de le voir ou de l’entendre ou encore de le lire pour enfin apprécier.

L S : Est-ce qu’il n’est pas temps que les ministres lorsqu’ils se rendent à des manifestations de ce genre aient des discours préétablis. Et même s’ils doivent improviser qu’ils réfléchissent bien ?

M D : Ah, je suis entièrement d’accord avec vous sur ce point. C’est que pour moi, les discours des représentants du gouvernement auprès des autorités religieuses à certaines occasions doivent être méticuleusement préparés. Parce que ce sont des occasions rares. Elles ne doivent pas être des occasions d’échange de propos gentils etc. Non ! Ce sont des occasions d’éducation où le gouvernement prend des positions sur des questions qui concernent les populations, des occasions où les autorités doivent répondre à certaines préoccupations des populations parce que les autorités religieuses sont des portes parole. Donc, si vous venez à une cérémonie il faut bien vous préparer pour répondre à des questions pressantes. Ce sont des moments de dialogue. Malheureusement je pense que les gouvernements anciens comme nouveaux n’ont jamais pris ces occasions comme ce qu’elles doivent être en termes d’échanges. Et puis ce ne sont pas seulement dans les grandes occasions que l’on prépare des discours. Senghor disait : » la meilleure improvisation est celle que l’on a préparée »

L S : Les femmes de Benno demandent la démission du ministre de l’intérieur Bécaye Diop. Que leur répondez-vous ?

M D : Oh ! ça c’est de la politique. (Rires). Elles en ont le droit, nous sommes dans un pays de liberté, chacun peut dire ce qu’il veut

L S : Il paraîtrait que Maitre Wade vous a nommé superviseur du Pdsl

M D : Non il ne m’a pas nommé. D’abord un leader politique ne peut nommer un autre leader politique. C’est dans la cadre de la coordination de l’Alliance Sopi pour toujours. Maître Wade a proposé aux autres leaders que celui d’Aj soit le coordinateur de Sopi pour toujours dont il est le président. Les autres leaders ont accepté. Ceci n’a rien à voir avec la vente de cartes d’un parti qui s’appelle le Pdsl.

L S : Comment se porte l’alliance ?

M D : C’est un grand rassemblement de partis politiques. Nous venons de démarrer. Dans ce genre de front parce que c’est un front constitué autour du président de la République il faut trois choses pour qu’il marche. Une unité de volonté, de vue et une unité d’action. Cette volonté est là. C’est-à-dire que les partis qui constituent l’Alliance ont la volonté de soutenir la candidature du président de la République et de travailler à ce qu’il soit reélu président de la République en 2012. C’est en fait des partis qui ont des idées différentes qui sont venus de différents horizons, nous travaillons à ce que nous ayons des points de vue convergents. Le travail est pratiquement fini. Maintenant, nous avons un programme de mise en place de coordinations départementales, locales c’est dire les communes et les communautés rurales et ensuite l’Alliance de la diaspora et ensuite célébrer le huit mars et le dix neuf mars 2000. Parce que le dix neuf mars appartient à tous les sénégalais, pas seulement à ceux qui le dix neuf mars 2000 avaient gagné l’élection mais aussi à ceux qui l’avaient perdu parce que ceux là avaient le pouvoir et auraient du faire comme ailleurs. Il s ne l’ont pas fait. Il s ont accepté de façon chevaleresque la défaite.

L S : L e Pds a laissé la place au Pdsl des membres de la cap 21 souteneurs du Pds se sont levés pour dire qu’ils ne comprennent pas. Quelle est la position de votre parti ?

M D : ça ne nous concerne pas. Que le Pds s’appelle Pdsl ou Pdsk nous ne nous immixons pas dans les affaires intérieures du Pds. Ce qui nous intéresse, est ce que les orientations et le cap sur la base desquels Wade a travaillé jusqu’ici enregistre des résultats substantiels pour le pays mais aussi sur un certain nombre de préoccupations que nous partageons avec lui. Ce sont, comme les questions du panafricanisme, de l’échange inégal, le rôle des institutions financières. Si les choses devaient aller dans le sens contraire à ce que nous croyons nous aviseront.

L S : Wade candidat en 2012. Une candidature annoncée en 2009 donc trois ans avant les élections, cela ne bloque t-il pas le travail ?

M D : En 1996, le Parti Socialiste avait annoncé la candidature de Diouf en 2000, quatre ans avant. En 2004 ou 2003 les jeunesses du Pds avaient annoncé la candidature de Wade en 2007. Personne ne s’en était offusqué.

L S : Dans ces cas ce sont des partisans qui annoncent une candidature alors qu’ici c’est Wade lui-même qui annonce sa candidature

M D : C’est une question de forme seulement. Si le congrès national du Ps annonce la candidature de Diouf et ce dernier dise qu’il est d’accord c’est la même chose. Si l’Ujtl dit je propose la candidature de Wade et qu’il dise qu’il est d’accord c’est aussi la même chose.

L S : Vous défendez bien Wade

M D : Mais je dis la verité seulement. J’ai des arguments que je développe et défends. Je ne suis pas dans une logique binaire je suis dans une logique référendaire. J’ai dit qu’Abdou Diouf en avait été proposé comme candidat.

L S : Mais avec son âge vous le voyez candidat en 2012 ?

M D : Vous ne m’aviez peut être pas posé la question

L S : Je n’étais pas journaliste

M D : Oui. Et puis la presse n’était pas aussi développée qu’en 1996. On a une conception sous développée de la démocratie. C’est parc e que Wade a dit qu’il est candidat que les gens ne vont plus travailler. Pourquoi ? En France les sondages donnent Dominique Strauss Khan favori sur Sarkozy si on devait voter aujourd’hui. Ils sont aussi dans ces logiques. Est-ce que la France ne travaille pas ? Pourtant elle travaille. Travailler est une volonté. Ca n’a rien à voir. Je pense que nous avons une conception sous développée de la vie démocratique, du pluralisme etc.

L S : Est-ce que l’âge d’Abdoulaye Wade lui permet de se présenter ?

M D : Est-ce que la constitution l’interdit ?

L S : Je ne sais pas. Mais à plus de quatre vingt ans, on doit savoir que l’avenir est derrière soi et non devant

M D : Pourquoi ? Mais Abdoulaye Wade ne se présente pas pour son avenir ou son passé. Il se présente pour le Sénégal.

L S : Et si le Sénégal ne veut pas de cette candidature ?

M D : Il la rejettera et Wade perdra les élections. Mais pour cela laissons le soin aux sénégalais d’en décider

L S : Mais est ce que Wade a le droit de se présenter, est ce que la constitution lui permet de se présenter ?

M D : Vous savez que Wade est un avocat, un praticien du droit, ensuite il a été pour une large part auteur de cette constitution qui régit aujourd’hui le Sénégal. C’est-à-dire qu’en 2000 il était élu pour sept ans avec la constitution qui était en vigueur. Cette constitution, il ne faut pas l’oublier, avait limité les mandats mais il l’a fait sauter (il demande à ses camarades présents dans la salle).

L S : Vous en êtes sûr ?

M D : Je vais vérifier et vous le dirais. Mais je crois que c’est ça. Quand on est venu on a limité le mandat. Wade a fait un mandat dans l’ancienne constitution. Il a fait un mandat avec l’actuelle donc, il a le droit de se présenter pour un second mandat. C’est pour cette raison qu’il se présente. Si vous voyez qu’on insiste sur l’âge en général c’est lié à la santé. Tout le monde sait que quelqu’un qui est malade ne voyage pas comme Wade. Oui ou non ?

L S : Je ne saurai répondre. C’est moi qui pose es questions

M D : Beaucoup de gens qui parlent de son état de santé savent très bien que Wade a un état de santé bien meilleur que le leur.

LS : Vous êtes sûr ?

M D : Si ils le savent parce qu’ils ont travaillé avec lui. Pendant que certains dormaient, sur leur table Wade était en train de présider des réunions. Maintenant, chacun est libre d’aller jusqu’au conseil constitutionnel réclamer ce qu’il veut.

L S : L’opposition doit bien le savoir. Leurs avocats leur ont signifié que leur demande de destituer Wade est irrecevable au niveau du conseil constitutionnel

M D : Ils le savaient. C’est la politique simplement. Ils savaient que c’était impossible. C’est pour amuser le champ politique.

africanglobalnews.com

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