Mamadou Lamine Keïta, ancien ministre et maire de Bignona : «Ceux qui parlent de léthargie au Pds mijotent quelque chose»

Date:

Le Parti démocratique sénégalais (Pds) n’est pas mort. Il ne dort pas non plus. Dans cet entretien qu’il nous a accordé en marge de la rencontre entre les partis politiques et le ministère de l’Intérieur, le dernier ministre de la Jeunesse de l’ère Wade, Mamadou Lamine Keïta, estime que ceux qui parlent de léthargie au Pds sont animés d’autres intentions.


Le Pds a répondu à la rencontre organisée par le ministère de l’Intérieur dans le cadre des élections sénatoriales. Est-ce une manière de démentir ceux qui parlent de léthargie dans votre parti ?

Je pense que ceux qui parlent de léthargie au Pds sont de grands farceurs ou des gens qui cherchent de bons alibis pour poser d’autres actes. Le Pds est un parti qui se porte bien, qui vit aussi avec ses insuffisances. Nous le reconnaissons. Nous avons toujours profité des occasions qui nous sont offertes pour mettre le doigt sur les insuffisances. Mais comme toute association, comme tout parti, nous avons les possibilités de les rectifier. Et nous sommes dans les dispositions de lancer le processus de rectification de ces insuffisances.

De quelle manière ?

Le parti doit être renouvelé. C’est sans délai ! Nous procéderons à des renouvellements de la base au sommet pour la désignation de responsables et d’un nouveau secrétaire général du parti. Me Abdoulaye Wade a déjà déclaré son retrait progressif de la tête du parti. Or le Pds doit survivre. Pour cela il faut procéder à des renouvellements.

Certains estiment que le retrait de Wade va disloquer votre parti. Qu’en pensez-vous ?

Mais pas du tout, même s’il est sûr que des gens partiront. D’ailleurs, il y en a qui n’ont pas attendu le retrait de Me Abdoulaye Wade pour le faire. Mais le Pds est un parti fort, organisé. Il y a, en son sein, des hommes de valeur, de conviction, qui vont porter ce parti pour lui donner l’allure d’un parti moderne qui va continuer à exister dans le landernau politique sénégalais.

Comment appréciez-vous la rencontre des partis politique avec le ministère de l’Intérieur ?

C’est une très bonne chose parce que cela permet aux acteurs politiques d’échanger avec le ministère de l’Intérieur et l’ensemble des institutions chargées des élections.

Et qu’en tirez-vous comme conclusions ?

Nous avons relevé un certain nombre de préoccupations. Par exemple, nous avons constaté que le décret devant convoquer le corps électoral n’a pas été pris. Nous avons également noté que certaines coalitions antérieurement constituées ont pris part à cette réunion. Il s’agit de coalitions qui se sont formées lors de la présidentielle ou des législatives, mais qui comportent en leur sein des forces qui ne sont pas des partis politiques. Or, le Code électoral dit que seuls les partis politiques ou les coalitions de partis légalement constitués doivent prendre part aux élections sénatoriales.

En quoi la présence de ces personnes vous gêne-t-elle ?

Cela ne nous gêne pas. Mais nous voudrions que tout le monde se conforme aux dispositions du Code électoral. Si chacun pouvait faire ce que bon lui semble, je crois que ça partirait à la dérive. Il est important que chacun se conforme aux dispositions du Code électoral.  Lorsqu’une coalition est constituée de partis politiques, de mouvements sociaux et d’autres forces politiques, cette coalition, en l’état, ne peut pas s’engager dans le processus d’une élection sénatoriale. Car une telle élection n’engage que les partis politiques ou les coalitions de partis politiques.

A votre avis pourquoi le ministère de l’Intérieur a-t-il laissé faire ?

Je ne sais pas. Peut-être qu’on y a pas fait attention. C’est pourquoi nous avons soulevé la question.

Apparemment, vos adversaires politiques ne parlent plus de suppression du Sénat. C’est votre constat ?

Mais, justement, nous avons noté que ceux qui avaient parlé de suppression du Sénat ont reculé. Aujourd’hui, on ne parle plus de suppression du Sénat. Ceux qui avaient jeté l’anathème sur le mode de désignation des sénateurs en soutenant que plus de la moitié des sénateurs étaient nommés par le président de la République, sur la base d’un décret et qui ont fustigé cette démarche, sont en train de faire la même chose.

C’est-à-dire ?

C’est-à-dire que 45 sénateurs sur les cents seront élus par les conseillers locaux et les 55 nommés par le président de la République. Nous ne voyons aucun changement.

C’est une victoire pour le Pds ?

Le Pds ne cherche pas des victoires. Nous sommes un parti démocratique et nous pensons que notre rôle c’est de rappeler certains grands thèmes qui ont été agités lors des dernières élections et d’attirer l’attention des Sénégalais pour qu’ils comprennent que le processus qui est enclenché est parti pour ne pas être conforme aux engagements.

La nouvelle Assemblée n’a  pas permis à l’opposition d’avoir une place au bureau. Commentaire ?

C’est la preuve que nous n’avons pas une Assemblée nationale de rupture. Parce qu’une Assemblée nationale de rupture aurait, quand même, pu respecter cette tradition qui fait partie de la galanterie politique. Car la politique est une affaire de «gentlemen» aussi. Une minorité, on la respecte. C’est en la respectant qu’on crédibilise l’institution. Cela n’a pas été fait, nous prenons acte. Mais, politiquement, nous considérons que ce n’est pas galant.

Macky Sall est dans son 4e mois de gouvernance du pays. Comment appréciez-vous ses actes posés ?

Moi, j’ai été ministre ; je sais comment il est difficile de saisir et d’enclencher un processus de mise en œuvre de grandes décisions. Les Sénégalais attendent de grandes décisions. Or, les grandes décisions, on ne les déclenche pas en quatre mois. Je suis de ceux qui pensent qu’objectivement on ne peut pas juger un gouvernement seulement en quatre mois. Mais c’est vrai que sur certains points ou les Sénégalais semblent être pressés, des signaux forts auraient pu être donnés ; ce n’est pas le cas, mais cela ne suffit pas pour porter un jugement.

Aujourd’hui, il est question de la paix en Casamance. Par quel bout les nouvelles autorités devraient tenir ce dossier pour une résolution rapide ?

Lorsqu’il s’agit de parler de la paix en Casamance, nous devons transcender les limites politiques en nous inscrivant sur une même dynamique. Il est trop facile, parfois, de rester dans les salons douillets de Dakar pour porter un certain nombre de jugements. Je pense qu’il faut créer les conditions d’une reprise du dialogue. Pour cela, l’Etat a commencé à poser des actes. C’est dans ce cadre que je salue le fait que le gouvernement ait accepté le principe de discussion en dehors du Sénégal. Cela a été pendant longtemps une exigence du Mfdc. Nous, nous ne l’avions pas accepté et les négociations se sont embourbées. Aujourd’hui que le gouvernement fait des ouvertures, je le salue. Et je pense qu’il faut persévérer sur cette voie. Il faut aller plus loin en levant les mandats d’arrêt qui pèsent sur la tête de certains responsables du Mfdc. Je pense que rien ne devrait opposer à la levée de toutes les contraintes permettant d’aller à la table dé négociations. Car la finalité c’est de pouvoir s’asseoir autour d’une table, de se parler sincèrement.  Je suis sûr que le jour où on se mettra autour d’une table, on aura l’entente. Parce que la guerre en Casamance n’arrange personne.

Que doit faire de son côté le Mfdc ?

Je pense tout d’abord que le Mfdc doit faire un effort d’harmonisation interne, mais aussi mettre l’Etat à l’aise en libérant les soldats pris en otage. Je crois qu’on ne peut pas aller à des négociations avec le gouvernement tout en détenant par devers soi des soldats de l’armée. Cela n’est pas de nature à mettre l’Etat à l’aise.

Source: La Tribune

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

CAN 2023

DEPECHES

DANS LA MEME CATEGORIE
EXCLUSIVITE

Amadou Ba et Diomaye : La guerre est ouverte, entre clashs et conséquences

XALIMANEWS- C'est la guerre des mots sur le terrain...

Grande mobilisation à Goudomp : La réponse de Diomaye aux responsables libéraux qui ont rallié sa coalition

XALIMANEWS- A Goudomp, Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye...

Campagne électorale / Idrissa Seck promet paix et sécurité en cas de victoire électorale

XALIMANEXS-Idrissa Seck, candidat de la coalition "Idy2024", a pris...

Vélingara: Les accolades de Amadou Ba et Khalifa Ababacar Sall

XALIMANEWS- La caravane d'Amadou Ba et celle de Khalifa...