Mamadou Ndoye (Ld): « On a l’impression d’avoir une justice aux ordres »

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Procès Barthélemy Dias, prochaines Législatives, échec de Bathily à la présidence de la commission de l’Union africaine, situation des Sénégalais de l’intérieur, flambée des prix des denrées de première nécessité… le Secrétaire général de la Ligue démocratique (Ld) Mamadou Ndoye aborde tous les sujets de l’heure. Sans langue de bois, le successeur du Pr Abdoulaye Bathily à la tête de la Ld jette aussi un regard critique sur le fonctionnement de la Justice sénégalaise qui, selon lui, donne l’impression d’être aux ordres. Entretien.

Barthélemy Dias a été finalement condamné à 2 ans de prison dont 6 mois ferme pour le meurtre du jeune Ndiaga Diouf en décembre 2011. Quelle appréciation vous en  faites ?

Le procès de Barthélemy Dias, ce que j’en pense, c’est très clair. Pour moi, quand l’incident est survenu, au départ, on considérait que c’était un incident presque banal. C’est-à-dire des voyous, des agresseurs sont venus attaquer Barthélemy Dias dans  sa mairie. Et en se défendant, il y a eu mort d’homme. C’est comme ça qu’on voyait l’affaire au début. Après on observe, puis on semble laisser tomber et personne n’en parle plus. Brusquement, il existe ce conflit à l’intérieur d’un parti (Ndlr : PS) et on réveille le dossier. L’impression que tout cela donne, c’est que la justice est aux ordres. Et on n’a pas le droit de donner cette impression, car ça donne une mauvaise image des institutions de la République.

L’actualité reste également dominée par la démission du magistrat Ibrahima Hamidou Dème du Conseil supérieur de la Magistrature. Quelle est votre lecture sur ce sujet ?

Le problème du Conseil supérieur de la Magistrature (CSM) reste entier. On avait pensé qu’avec la nouvelle Constitution, parce qu’elle avait été proposée par les Assises nationales, on aurait terminé avec cette présence à la tête du CSM du président de la République. On l’a toujours pensé. Malheureusement, ça s’est maintenu et on voit aujourd’hui les conséquences qui se manifestent par le conflit entre l’Exécutif et le Judiciaire. C’est ce conflit qui a amené aujourd’hui à la démission de ce magistrat (Dème). La solution que nous devons entrevoir, c’est comment mieux assurer l’indépendance de la justice sénégalaise par rapport à l’Exécutif. Cela reste un problème dans notre pays, un problème qui persiste et que nous devons nécessairement résoudre.

Le Président Macky Sall, depuis Dubaï où il séjournait, a mis en garde certains leaders de l’opposition qui ont donné leurs avis sur la panne de la machine de Radiothérapie de Le Dantec. Comment trouvez-vous cette sortie du chef de l’Etat que beaucoup de Sénégalais fustigent d’ailleurs ?

Je ne sais pas si les Sénégalais sont en train de le fustiger ou pas. Mais ce qui est très clair est qu’il faut éviter de tout politiser. La panne d’une machine (de radiothérapie), c’est la panne d’une machine. On peut dire à un gouvernement, peut-être que vous auriez dû prendre telles précautions pour qu’en cas de panne, on puisse réagir ou bien prévoir un peu plus qu’une machine pour que sa panne ne prive pas le pays de ce moyen qui est devenu vital pour la santé de la population. Mais prendre la panne comme un moyen de lutte politique entre l’opposition et le pouvoir, ça n’a aucun sens. Aujourd’hui, la lutte politicienne est en train d’obscurcir ce qui devrait être clair pour nous en termes de projet de développement. De ce point de vue, la question qui est posée, c’est la santé des populations. Et il faut demander au gouvernement de régler d’urgence cette question. Mais cela ne doit pas faire l’objet de controverse politique.

Le président de la République profite souvent de ses voyages à l’étranger pour s’attaquer à l’opposition. Ne devrait-il pas, selon vous, revoir sa communication ?

Je crois que c’est tout le monde. Le président de la République, la majorité et l’opposition, tous le font. Notre débat interne est un débat interne. Donc, nos polémiques, nous devons les faire sur le terrain national. Mais ne pas exporter nos politiques à l’extérieur du pays. Et ne surtout pas mettre d’impact sur les relations entre notre pays et les autres pays. Nous devons régler nous-mêmes nos problèmes internes.

La situation nationale reste dominée par la flambée des prix des denrées de 1ère nécessité. Quel est votre avis sur la question ?

Il y a des flambées périodiques d’une part, et d’autre part, des flambées qui sont conjoncturelles. Les flambées périodiques, c’est clair que quand on récolte une denrée, elle est moins chère au moment de la récolte que quand elle devient rare. Ce sont des choses tout à fait normales. C’est la loi du marché qui continue. Par contre, la question de la pénurie du riz ou du sucre est un problème très sérieux. Ça signifie que les dispositions n’ont pas été prises pour approvisionner le pays à temps. A ce moment, le gouvernement doit prendre ses responsabilités. Il doit s’assurer, surtout en matière de denrées de base, que le pays est normalement approvisionné. Donc, le gouvernement doit prendre ses responsabilités pour qu’il n’y ait pas de pénuries. Parce que c’est à l’occasion de ces pénuries que les commerçants en profitent effectivement pour renchérir les prix.

Quelles mesures devra-t-il prendre ?

Approvisionner normalement le pays. Il n’y a pas de mesures particulières. Un gouvernement a la responsabilité de s’assurer, tout au moins au niveau des denrées de base, que le pays est normalement approvisionné.

Vous venez de rentrer d’une tournée nationale effectuée à l’intérieur du pays. Pouvez-vous nous en dire plus par rapport à l’objet de ce déplacement ?

Cette tournée s’inscrit dans les objectifs que nous avons tracés au niveau de notre Bureau politique. Le premier objectif, c’est le repositionnement du parti dans ses valeurs et convictions politiques. Le deuxième objectif, c’est la redynamisation du parti et le troisième, la préparation des élections législatives.

En ce qui concerne les partis, aujourd’hui au Sénégal, les luttes de positionnement personnel sont en train de couvrir les projets et les programmes politiques. Nous pensons que pour un parti tel que le nôtre, les positionnements personnels sont moins importants que les projets et programmes. Aujourd’hui, le débat politique au Sénégal devrait être sur les options les meilleures pour construire le pays. C’est cela le véritable débat politique. Ce n’est pas les positionnements de telle personne ou de tel leader avec ses ambitions personnelles qui constituent un débat politique. Nous voulons donc dire aux Sénégalais que nous visitons, que la politique, ce n’est pas pour se construire un destin personnel. Mais plutôt pour construire le bien commun qui est le pays. C’est le premier message de repositionnement. Le deuxième message, c’est que quelle que soit la valeur de nos positions politiques, si nous n’avons pas les forces pour pouvoir mener à bien notre politique, il est clair que nous n’aurons pas d’impact sur la transformation du pays. Il faut donc se construire une force politique et pour le faire, nous avons besoin non seulement d’être présent dans les 45 départements du pays, mais nous devons être également présents dans les 552 communes. Nous sommes dans ce travail.

Est-ce à dire que cette tournée entre dans le cadre d’une précampagne en perspective   des prochaines législatives ?

En ce qui concerne la préparation des élections, nous devons débattre réellement de ce que nous recherchons du point de vue politique et électoral. Qu’est-ce que la Ld vient chercher dans ces élections ? C’est à partir de la définition claire de ces objectifs et de la stratégie pour y aller que nous pouvons définir une option qui est soit aller seul, soit aller avec la coalition BBY, soit avec une autre coalition.

Est-t-il envisageable que la Ld aille seule à ces élections ?

Toutes les options sont ouvertes. Le Bureau politique a été clair sur la question. Celui-ci, pour montrer que toutes ces options sont ouvertes, a clairement décidé que nous devons aujourd’hui préparer les élections législatives comme si on devait y aller seul. Parce que si nous ne nous préparons pas comme on doit y aller seul, cela veut dire que nous ne sommes pas prêts. Par conséquent, nous serons forcés de prendre ce qu’on va nous donner. Donc il faut se préparer comme si on doit y aller seul pour ouvrir précisément toutes les options.

Quelle est la situation des populations de l’intérieur du pays ?

Les réalités au Sénégal ne sont pas identiques. Quand je suis allé au Nord du pays pour faire les communes de l’intérieur du département de Linguère, Louga et Kébémer, la revendication principale qui surgit, c’est la question de l’eau. Les gens n’ont pas d’eau ni pour eux-mêmes ni pour leur bétail. Et ça leur demande énormément d’efforts et de sacrifices pour boire de l’eau. Cette question, j’avais dit aux populations que je la porterais non seulement au niveau public mais également auprès du président de la République. Quand je suis allé dans les départements du Sud tels que Bounkiling, Médina Yoro Foula et Vélingara, les revendications ne sont pas les mêmes. Elles sont d’abord liées à la question des routes. Les populations, pour se déplacer, ont d’énormes difficultés dans ces localités. Le gouvernement a promis de faire des routes mais celles-ci ne sont pas encore en place. Deuxièmement, elles ont un problème qui est d’ailleurs général au Sénégal, c’est l’arrêt précoce de l’hivernage qui fait que, quand vous regardez l’arachide, elle n’est pas pleine. On peut constater cela partout. On craint qu’il y ait un problème de nourriture, de sécurité alimentaire dans cette année en cours. Parce que l’hivernage s’est arrêté de manière précoce et les cultures ne sont pas arrivées à maturité. Quand je suis allé vers Salémata, Kédougou, Saraya, Bakel, j’ai pu constater que les habitants de  ces départements sont confrontés à des problèmes d’infrastructures notamment en matière d’éducation et de santé. Ces régions sont aujourd’hui handicapées de ce point de vue.

Ce  que vous dites contraste avec ce que déclare l’Etat en termes de réalisations dans le cadre du PUDC. Peut-on dire que ce programme a fait des résultats palpables à l’intérieur du pays ?

Lorsqu’on évalue, on se rend compte qu’il y a certes des acquis. Mais à côté de ces acquis, il existe des faiblesses et des insuffisances qui sont là, des déficits qui persistent. Ce que j’ai entendu auprès des populations, c’est surtout ces déficits qui persistent dans le pays. Elles manquent d’eau, d’infrastructures et les besoins au niveau de la santé et de l’éducation ne sont pas couverts. Ces constats, c’est de la bouche des populations qu’ils proviennent. Cela veut dire qu’on a pu réaliser des routes ici et là mais qui n’ont pas concerné les populations que j’ai rencontrées, qu’on a pu faire des installations en matière d’eau mais qui n’ont pas couvert les régions du Nord dont j’ai parlé et que j’ai visitées. Je ne peux pas être dans le global en disant que tout est bon ou tout est mauvais. Tout ce que je puis dire, c’est que les grands défis, ce sont des besoins de base en eau, électricité, route, communication. Ce sont également des besoins en infrastructure scolaire et sanitaire.

Quelle évaluation faites-vous de votre compagnonnage avec BBY ?

Je crois qu’au niveau de BBY, d’abord sur le compagnonnage politique, on s’est beaucoup amélioré. Tout le monde se souvient que j’ai critiqué très fortement et publiquement le manque de concertation dans BBY. Puisque dans une alliance, les partis doivent communiquer et discuter sur des sujets posés. Il y a eu une grande amélioration dans le fait qu’il y a eu des conférences de leaders qui ont été organisées pour discuter des grandes questions comme la préparation des élections. Il y a eu surtout un secrétariat maintenant de BBY en tant que tel qui se réunit régulièrement et qui permet justement de pouvoir discuter. Donc du point de vue de la communication interne, il y a eu une amélioration au sein de la coalition.

Mais qu’est-ce qui fait donc que la Ld puisse envisager d’aller seule aux prochaines Législatives ?

Ce n’est pas le problème de l’alliance qui est en jeu. Ce qui est en jeu, c’est notre parti en tant que tel. Quand des élections arrivent, on doit faire une analyse liée à la conjoncture et voir quelle position adopter.

Au moment où certains partis de Benno siggil Senegaal expriment le souhait de voir Moustapha Niasse diriger à nouveau la liste de BBY aux prochaines Législatives, d’autres franges de ladite coalition exigent au préalable une évaluation du compagnonnage entre Niasse et ses alliés. Vous, de votre côté, qu’est-ce que vous préconisez ?

D’abord je crois qu’il faut préciser que le débat n’est pas posé au sein de BBY. Je n’ai pas assisté encore à une seule réunion de BBY où ce débat est posé. Peut-être qu’il est posé à l’extérieur ou dans d’autres lieux. Ensuite, je pense que ce débat, pour le moment, ne concerne pas notre parti. C’est au sein de Benno Siggil Senegaal que se développe un tel débat. Nous nous sentirons concernés lorsque nous prendrons position sur les élections. Si notre parti décide que nous irons en coalition dans Benno bokk yaakaar, en ce moment nous pourrons débattre de la question de qui va être tête de liste. Mais pour le moment, notre parti n’a pas encore pris de décision.

Mais au cas où la Ld déciderait d’aller avec Benno bokk yaakaar, accepteriez-vous le choix de Niasse comme tête de liste ?

On peut toujours faire des hypothèses d’école. Mais je voudrais vous dire comment nous abordons de telles questions en ce qui concerne notre parti. Lorsqu’on aborde une phase de développement de notre pays marquée par la fin d’une législature pour aller à une nouvelle élection, la première question que nous, nous posons, c’est dans cette étape, quels devraient être les objectifs d’un parti ou d’une coalition de partis politiques. C’est la première question. Quels sont les objectifs en termes de développement futur qu’on peut réaliser à travers ces élections ? Quels sont les objectifs en termes d’avancée démocratique, d’état de droit, etc., qu’on peut avoir au cours de ces élections ? Deuxième question, pour atteindre les objectifs, quelles stratégies électorales nous devons avoir ? Troisième question, une fois que les objectifs et les stratégies sont définis, quels sont les meilleurs acteurs pour les porter ? A ce moment, on discute de profil et on va, selon le personnel dont on dispose, désigner le meilleur profil. Mais nous n’aimons pas ce genre de débat où on commence toujours par les personnes. Nous préférons discuter d’abord des objectifs et des stratégies avant d’en venir aux meilleurs profils. Mais la manière dont on aborde ces questions montre que la politique est en train de se déliter complètement au Sénégal.

En 2012, Moustapha Niasse a dirigé la liste de Benno Bokk Yaakaar. Ne pensez-vous pas que cela devait être tournant, surtout que depuis lors, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts ?

Comme je l’ai dit tantôt, nous restons en marge de ces questions. Nous ne les considérons pas comme des questions de partage. ‘’Aujourd’hui c’est toi, demain c’est moi’’, c’est une façon de voir la politique qui est complètement pourrie.

Quel bilan tirez-vous de la présente législature qui tire à sa fin ?

On n’a pas eu de grands moments dans cette législature. Ce qui veut dire qu’en termes de débat, d’avancée dans la construction de nos institutions et des relations entre l’Exécutif, le Judiciaire et le Législatif, on n’a pas vu de grands changements. Mais par contre, du point de vue de la stabilité de l’institution, certainement la législature qui se termine n’a pas connu de grands conflits non plus.

C’est une législature qui a essuyé beaucoup de critiques. Pour beaucoup, elle a été celle qui a levé le plus d’immunité parlementaire sans que les personnes concernées ne soient poursuivies. Comment voyez-vous cela ?

Il peut y avoir des critères. En matière de levée d’immunité parlementaire, je peux comprendre qu’un député qui soit dans des affaires qu’on peut appeler ‘’criminelles’’, qu’on puisse lui enlever son immunité parlementaire. Mais du point de vue de l’opinion politique, ça me paraît tout à fait anormal que pour des luttes de positionnement  politique, on enlève à un député son immunité parlementaire.

D’après le journal Walf Quotidien, le président de la République aurait désigné Abdoulaye Makhtar Diop pour diriger la liste départementale de Dakar. Comment appréciez-vous cette décision ?

Ça peut nous concerner ou ne pas nous concerner. Si nous décidons d’aller avec Benno bokk yaakaar, nous n’accepterons même pas ce type de choix. Ce que nous acceptons, c’est que les membres de BBY de Dakar se réunissent pour trouver un consensus sur leur liste départementale. Voilà ce qui me semble être un processus normal et acceptable. Maintenant, si nous ne sommes pas avec BBY pendant les élections, c’est une question qui ne nous concerne pas.

Quelles sont aujourd’hui les chances de la Ld de gagner en allant seule contre la machine BBY ?

Vous savez, en matière électorale, c’est très difficile de mesurer les chances d’un parti avant les élections. Vous-mêmes au niveau de la presse, vous vous êtes rendu compte qu’avec les dernières élections qui sont passées dans le monde qu’aujourd’hui même, prédire les forces politiques qui vont gagner telle ou telle élection, c’est plutôt difficile. Nous, ce qui nous importe, c’est de nous préparer. Nous préparer, c’est être sûr d’abord que notre parti est présent dans toutes les localités du pays. Et qu’il a à sa disposition un appareil capable d’encadrer les électeurs, de faire campagne et d’essayer de faire rallier le maximum d’électeurs à notre cause. C’est ce que nous sommes en train de faire. Maintenant quelles sont nos chances ? Ça, je ne sais pas.

Si jamais vous décidez d’y aller seul, quelle suite allez-vous donner à votre compagnonnage avec BBY ?

Pour le moment, cette question n’est pas posée. Nous avons été très clairs : Le fait d’aller seul aux Législatives de 2017 ne remet pas en cause notre appartenance à Benno bokk yaakaar. Parce que dans le passé, en 2014 par exemple, certains partis membres de cette coalition ont eu à présenter des listes parallèles.

Est-ce que l’idée d’aller ensemble aux Législatives est posée au sein de la Confédération pour la démocratie et le socialisme ?

Toutes les idées existent. Mais le problème, c’est qu’on n’a pas encore commencé le débat autour de cette question.

Mais est-il envisageable d’aller sous la bannière de cette coalition qui regroupe les forces de gauche ?

De toute façon, le débat va se poser partout, dans toutes les coalitions, y compris au sein de la CDS. Et partout il y aura le débat. C’est ce que nous allons faire politiquement pendant ces élections législatives.

Candidat du Sénégal à la présidence de la commission de l’Union africaine, l’ancien Secrétaire de la Ld, le Pr Abdoulaye Bathily, a récemment essuyé un revers. Comment avez-vous accueilli cette défaite ?

D’abord je reviens toujours à notre philosophie parce qu’Abdoulaye Bathily la partage. Notre philosophie, c’est que lorsqu’un problème de ce genre est posé, quels sont les objectifs que nous recherchions. Les objectifs sont essentiellement panafricanistes. Comment construire l’unité du continent et mettre en place une mutualisation de nos efforts et de nos ressources pour pouvoir lever les obstacles au développement de l’Afrique ? Et comment faire en sorte que l’Afrique retrouve une place centrale dans l’échiquier mondial ? Voilà les grandes questions qui se posent. La candidature d’Abdoulaye Bathily était essentiellement axée autour de ces grandes lignes. Ce n’était pas autour d’une personne. Mais, d’un programme autour d’un projet qu’il a exposé et qu’il a développé. Il a mené cette bataille avec une stratégie où on essaie de sensibiliser l’opinion africaine sur ces questions qui sont des questions d’enjeux tout en sachant clairement que ce n’est pas l’opinion africaine qui vote, mais plutôt les chefs d’Etat. Et chaque chef d’Etat a suivi les intérêts du moment.

Certains pays de la Cedeao qui ont soutenu et endossé cette candidature n’ont pas voté pour le candidat du Sénégal. Quel commentaire cela vous inspire ?

Parce que le jeu diplomatique est très complexe. En plus, il y a des critères et des facteurs qui interviennent et qui, quelquefois, ne sont même pas toujours maîtrisés par les Etats en question.

Le candidat du Tchad a été soutenu par l’Afrique centrale. Pourquoi, selon vous, celui du Sénégal n’a pu bénéficier du soutien de tous les pays de la région ouest africaine ?

La communauté d’Afrique de l’Ouest a globalement soutenu la candidature d’Abdoulaye Bathily. Ce que vous dites sur la candidature tchadienne, ce n’était pas seulement une candidature du Tchad. C’était une candidature algérienne. Et cette candidature a aujourd’hui montré l’efficacité de la diplomatie algérienne.

Certains voient derrière cet échec un isolement diplomatique du Sénégal. Qu’en pensez-vous ?

Je ne pense pas qu’il y ait isolement diplomatique du Sénégal. Les gens tirent trop vite des conclusions. Je crois que chaque bataille a ses réalités, et il y a les jeux qui se font. Il ne faut pas oublier le fait que le Sénégal, quelquefois, a un problème d’image au niveau de certains pays africains. Certains de nos voisins considèrent que les postes internationaux reviennent toujours aux Sénégalais et qu’eux aussi devraient avoir leurs parts. Il y a eu beaucoup d’enjeux et d’intérêts qu’on ne maîtrise pas tous les jours. Et selon les circonstances, ces problèmes peuvent aller dans un sens comme dans un autre.

Enquête 

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