Mariétou Mbaye dite Ken Bougoul, écrivain: « Le festival, il fallait le faire avec les femmes seulement »

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La renaissance africaine, c’est d’abord avec les femmes. C’est la conviction de l’écrivain Mariétou Mbaye. Plus connue sous le nom de Ken Bougoul, en wolof « personne n’en veut », cette dame originaire de Ndoucoumane, auteur de « La rue Félix Faure » tient un discours radical. Elle fait entrevoir dans cet entretien qu’elle a accordé à Sud Quotidien, à l’occasion du café littéraire qu’elle a animé samedi dernier 18 décembre ses sentiments de révolte contre l’exploitation dont les femmes sont victimes. Une raison pour elle de décréter que le festival mondial des arts nègres devait exclusivement se faire avec elles.

Quel est le rôle de la femme dans la renaissance africaine ?

Ken Bougoul : Ce festival, il fallait seulement le faire avec les femmes qui ont leur place au cœur de l’évènement. Elles ont leur mot à dire dans le sur l’histoire de l’Afrique. C’est bien ce qui se fait. Je suis d’accord avec les débats sur l’Egypte pharaonique et tous les autres. Mais comme nous sommes dans une société contemporaine, il faut se  projeter dans l’avenir. Il est  bien de garder nos valeurs et nos repères historiques. Nous devons nous inscrire dans une dynamique d’avancement et voir ce que nous pouvons attendre de cette renaissance culturelle. Il y a des problèmes économiques et culturels, si un pays a des problèmes, c’est parce que les femmes ont des problèmes.  Ce sont les problèmes des femmes qui créent des problèmes dans le monde. Quand on voit les  femmes manipulées  et exploitées au Sénégal et dans les pays développés, il faut discuter de leur place et de leur dans nos sociétés actuelles et à venir. Je  trouve qu’il n’y a pas assez de débats sur la renaissance africaine par rapport à la place des femmes africaines qui sont les gardiennes de nos valeurs.

Croyez-vous encore à la liberté totale de la femme ?

Jamais ! Je ne suis pas pour la parité, je suis  pour le respect des compétences. S’il y a plus de femmes compétentes, il faut les prendre. Un point, c’est fini. Si l’homme est nul,  pourquoi nous devons nous le favoriser sur des femmes compétentes ? L’homme qu’il faut à la place qu’il faut. Pourquoi doit-on forcément  parler de parité ? C’est nous desservir !

Vous êtes une femme qui est toujours en conflit avec Dieu ?

Parce que je cherche toujours Dieu. Je suis dans une dynamique de quête de Dieu. Quand on cherche quelque chose, il faut forcément qu’il y ait un conflit, une confrontation. Je suis en permanence, 24 h sur 24 h,  connectée à Dieu.

Quel est le contenu de votre livre « La rue Félix Faure » ?

Je dénonce toutes les formes d’abus, dont la manipulation et l’exploitation. La manipulation peut être mentale ou morale. En plus, il y a l’exploitation financière parce qu’elles donnent  beaucoup d’argent, des bijoux en or ; et puis physique avec les rapports sexuels que j’appelle du viol.

Vous fustigez l’ostentation devenue un phénomène réel dans la  croyance religieuse au Sénégal ?

Que cette ostentation va avec les valeurs prônées par les religions, ce que Dieu demande que nous soyons, nous n’avons pas besoin de porter de grands châles et des perles ou des chapelets de milles de perles parce que Dieu est aveugle. Il a un regard intérieur. Ce que vous faites je ne le vois pas, c’est ce qui est dans votre cœur que je vois. Donc nous devons travailler les cœurs. Travaillons-les.

Où se trouve exactement  Dieu ?

Entre nous, là où nous sommes.

Est-ce que tu n’as pas peur de choquer les sénégalais ?

J’attaque toutes les sociétés parce que nous évoluons et que nous renaissons. Il faut forcément dénoncer certaines choses. Il faut que les gens en prennent  conscience comme le disait l’écrivain Pehlvi San, que nous soulevions le débat mais sereinement pour évoluer et avancer. C’est  ce qui explique  notre retard, les non-dits et les  tabous. Je pense qu’il faut casser l’abcès et que nous en parlions sereinement pour tout simplement évoluer. Et le livre que je suis entrain d’écrire s’appelle « Cacophonie ». Il revient  encore pour dénoncer, mais en rapport  à des certitudes et  à des convictions. Les gens pensent avoir des certitudes, des convictions qu’ils n’ont même pas. Donc cela aussi pose un problème fondamental de l’être humain qui n’est pas sûr de certitudes et de convictions qu’il s’approprie.

Rejetez-vous l’Islam et le Christianisme, et tout ce qui a été apporté  en Afrique ?

Nous ne devons rejeter aucune religion.  Au contraire, c’est un enrichissement. Tout ce que nous devons  faire aujourd’hui c’est de s’enrichir. L’internet nous facilite les choses. Je ne peux pas m’en passer. C’est vital pour moi je dors avec l’internet.

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