Matam : un démenti formel contre un mensonge injuste mais justifié

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J’ai fortement ressenti le besoin et la nécessité de tenir les propos qui suivent non par malveillance, ni par esprit de polémique mais par amour de ma région .Il m’a paru en tant qu’originaire de Matam, de mon devoir de présenter cette région tel que je la vois, tel que je la sens intimement.
La pauvreté, le sous-développement, et le retard demeurent une réalité manifeste dans le pays. Ainsi, selon les études réalisées par la Banque Mondiale, l’OCDE, et le PNUD, le nombre de personnes vivant avec moins de 1,25 dollars par jour dans le tiers monde est estimé à 1,2 milliard. Ainsi ce chiffre met bien en exergue, l’extrême pauvreté qui sillonne l’Afrique en général et le Sénégal en particulier. C’est sans doute la raison pour laquelle, face à ce terrible constat, la communauté internationale par le biais des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) avait voulu réduire la pauvreté dans le monde pour les années à venir.
Dès lors, comment peut-on soutenir le développement du Sénégal en général, et de la région de Matam en particulier devant un tel constat?
En effet, les lignes qui suivent tendent à montrer que la région de Matam va très mal avec des résultats négatifs et des signes décourageants. Ainsi le constat général à faire, est que les citoyens sont confrontés à d’énormes difficultés dans la vie sociale. Cette situation chronique se manifeste dans tous les domaines : l’éducation, l’élevage, la santé, bref tous les secteurs essentiels pour le développement sont laissés en rade.
Si le Directeur du Cabinet (et chargé de Plan Sénégal Émergent) avait eu l’honnêteté intellectuelle, la lucidité et de le courage de souligner les tares qui freinent le développement de cette région, l’idée d’écrire ces lignes ne me serait certainement pas venue. C’est sans la raison pour laquelle, j’apporte un démenti formel à ce que je qualifie d’un mensonge injuste mais justifié et qui ne repose sur aucun fondement. Mais malheureusement le ridicule ne tue pas car c’est ce régime en place à chaque fois qu’il a dos au mur fait de la diversion, des tournées politiques, du tâtonnement, du coque-à -l’âne pour détourner la conscience publique sur des questions d’urgence vitale au moment la sécurité routière n’est pas garantie, avec des accidents répétitives qui menacent les citoyens plus que les attentats de l’État islamique et de Bokko Haram.
Ainsi si la volonté de réélire, Macky Sall et votre logique partisane vous permet d’être aveugle devant les faits, force est de constater que la population de Matam n’est pas un produit du bétail électoral car elle est apte à faire votre bilan catastrophique et scandaleux et à vous sanctionner durant les prochaines échéances électorales. C’est par là que je remets en cause votre neutralité axiologique, votre patriotisme, votre morale et votre grandeur car je ne saurais comprendre l’importance d’un mensonge justifié devant le peuple sénégalais et je vous rappelle par même occasion la conception du philosophe français Michel Onfray : « La politique, c’est de l’éthique et l’éthique, c’est de la politique ».
En effet, la pauvreté chronique, le sous-développement et le manque d’infrastructures demeurent une réalité dans la région. C’est ainsi que tous les domaines sont laissés en rade :l’éducation, l’hygiène publique ,la santé, l’hydraulique (irrigation et maitrise de l’eau), les ressources naturelles, l’agriculture, l’ environnement, l’élevage, la pêche, le transport, l’ industrie, les mines, l’artisanat, le commerce, la culture, le tourisme ect..
D’ailleurs c’est ce qui explique que l’aménagement des politiques publiques dans cette région est loin d’être une préoccupation pour le gouvernement actuel.
En faisant un tour dans cette localité, le premier constat à faire, c’est le manque abyssal d’infrastructures. Le domaine de la santé est le plus grave car il est d’une réalité manifeste de constater des femmes enceintes accoucher sur des charrettes, dans les rues et dans les toilettes.je prends l’exemple des villages comme Mboloyel, Wouro Thierno, Ranwa, Doumga 2 qui n’ont pas toujours accès en ce moment du 21e siècle à des postes de santé, et des ambulances, bref à une bonne couverture médicale. Par ailleurs, dans le secteur de l’éducation, le taux d’échec au baccalauréat dans les années passées révèle que le système éducatif est par terre et souffre de tous les maux. On note l’absence chronique d’écoles modernes car la plupart des lycées sont toujours logés dans les collèges et le manque de professionnalisme des enseignants ne fait point l’objet de doute. Beaucoup d’élèves ne peuvent pas accéder à la série S1 et n’ont pas de professeurs de philosophie. Ce qui d’ailleurs constitue le tendon d’Achille du système éducatif sans pour autant oublier les grèves récurrentes qui pèsent sur le quantum horaire. Dans la même veine, force est de souligner l’insécurité qui menace les populations car jusqu’à présent des postes de police ne sont pas encore installées dans beaucoup de communes : C’est l’exemple de Bokidiawé.
Dans le domaine du transport, on note d’énormes déséquilibres car la route nationale, comme moyen pour rallier les localités depuis l’époque coloniale demeure dégradant comme en attestent les accidents répétitifs au moment où se déplacer dans la région devient très difficile par le manque de moyens de transports adaptés.
Par ailleurs, le secteur de l’agriculture malgré certaines avancées considérables est aussi gangréné par des difficultés car non seulement les conditions climatiques ne permettent pas un bon rendement mais aussi l’absence d’industrialisation moderne pour la transformation et la consommation au niveau local empêchent les paysans de progresser.
Que retenir dans le domaine de la pêche? En effet, manger le poisson est un luxe car la majorité de la livraison provient de Saint louis, c’est ce qui explique la cherté de la vie au moment où aucun progrès majeur pour la pisciculture n’a pas encore été noté par le gouvernement en place.
Malheureusement, vous parlez de sérieux ou il y a tout sauf le sérieux, vous parlez de progrès là où le déclin est manifeste, vous parlez d’épanouissement là où la jeunesse éclate dans le chômage et passe le plus clair de son temps à mendier dans les rues, vous parlez d’amélioration des conditions de vie là où les paysans n’ont pas accès à une couverture médicale,….. Bref continuez à jouer avec le peuple mais n’oublier pas que demain fera jour et le passage au pouvoir et le confort ne sont que temporaires.

MOUSSA KEBE, Étudiant en Science politique (UQAM)
Chercheur au GRILA (Groupe de recherches et d’initiatives pour la libération de l’Afrique).
[email protected]

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