Me Ousmane Sèye : « Je me sens quelque part membre de Y’en a marre’’

(APS) – L’avocat Me Ousmane Sèye, militant du Parti démocratique sénégalais (PDS, au pouvoir), a déclaré dimanche à Dakar qu’il se sentait « quelque part » membre du mouvement d’opposition « Y’en a marre » dont les préoccupations recoupent selon lui pour l’essentiel celles du Sénégalais moyen.

« Quelque part, moi, je suis d’accord » avec ce mouvement et « quelque part, je me sens même membre du mouvement Y’en a marre », a-t-il déclaré au cours de « Grand jury », une émission hebdomadaire de la Radio futurs médias (RFM, privée).

« Y’en a marre de la politique politicienne. Y’en a marre de l’absence de la morale politique, de l’éthique politique. Y’en a marre de ce comportement ostentatoire de certains dirigeants qui n’avaient rien hier, qui aujourd’hui ont des immeubles, etc. », a-t-il dit.

Prié de dire si le mot d’ordre de ce mouvement ne constitue pas un désaveu pour le camp du pouvoir, l’avocat a souligné : « Vous savez, ce mouvement Y’en a marre a dit : +politiciens, abstenez-vous !+ Et en disant cela, ce mouvement s’adresse aussi bien à l’opposition qu’au pouvoir ».

« Mais Y’en a marre de certaines choses bien sûr dans ce pays. Mais tout le monde le dit. Le comportement ostentatoire de certains dirigeants, la transhumance politique, la promotion des incompétents, etc. au niveau de l’Etat, nous en avons marre », a-t-il ajouté.

Me Ousmane Sèye, à l’origine d’un mouvement citoyen dénommé « Sentinelle bleue », a invité le président de la République Abdoulaye Wade à prendre « des mesures idoines pour rester dans le cœur des Sénégalais », laissant entendre qu’il serait « l’otage » d’un système comme le soutiennent certains.

L’avocat a cependant déclaré que le parti de Me Wade, ses alliés et ses sympathisants « lui ont démontré qu’il est dans le cœur des Sénégalais », notamment à travers marche de soutien organisée par le camp du pouvoir le 19 mars dernier.

« Mais, a-t-il indiqué, il faut qu’il prenne maintenant des mesures idoines pour rester dans le cœur des Sénégalais. Et le mouvement Y’en a marre lui a fait un message extrêmement clair qui est partagé par l’ensemble des Sénégalais et que je partage ».

Le succès du mouvement « Y’en a marre », lancé à l’origine par les rappeurs de « Keur Gui », ont relayés dans leurs thématiques les frustrations des citoyens ordinaires relatives au mal-vivre de ces années de crise.

Lancé il y a deux mois par le groupe de rap « Keur Gui » de Kaolack (centre), « Y’en a marre » a saisi l’occasion de l’anniversaire de l’alternance de mars 2000, pour organiser le 19 mars dernier sa première manifestation d’envergure.

Quelque 5.000 personnes ont répondu à cette occasion à l’appel du mouvement qui a organisé, sur la Place de l’Obélisque à Dakar, un sit-in pour protester contre les dangers du système politique sur le peuple.

Lors de ce rassemblement, les leaders du mouvement ont demandé aux manifestants d’entonner l’hymne national, le poing levé. Puis, une minute de silence a été observée à la mémoire des jeunes sénégalais disparus en mer en voulant rejoindre l’Europe, des victimes des inondations surtout dans la banlieue dakaroise, des bébés décédés dans des crèches d’hôpitaux et ceux qui se sont immolés.

Constant le succès de cette manifestation, la Convergence des actions autour du président de la République pour le 21e siècle (CAP 21, mouvance présidentielle) a appelé le mouvement à maintenir ses initiatives dans la « posture d’indépendance et de civisme » qu’il a jusque-là adoptée.

La conférence des leaders de la CAP 21 a invité « le mouvement Keur Gui à refuser toute manipulation et toute récupération des partis, coalitions ou agitateurs attrape-tout, qui espèrent le gagner à leur cause ».

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