Messe de requiem pour l’Afp Par Hélène Della CHAUPIN

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Ousmane Tanor Dieng et Moustapha Niasse, deux hommes à la trajectoire politique quasi-identique. De leur destin croisé aurait pu surgir un hasard objectif, dans l’intérêt du peuple sénégalais, s’ils étaient vraiment sincères. Deux « héritiers » du président Léopold Sédar Senghor, à la trajectoire politique parsemée de jalousie, de coups bas et de haine inavoués.

L’un est resté dans sa formation politique à laquelle il tente de survivre, l’autre a claqué la porte avec fracas dans un moment de révolte politique aux accents rebelles. Sûrs qu’ils ne se retrouveront jamais, qu’ils ne s’accepteront jamais, qu’ils ne travailleront jamais ensemble pour l’intérêt du peuple. Mais sûrs de pouvoir s’entendre à faire semblant que tout va « merveilleusement » bien, en toute circonstance, même s’il leur faut sourire devant et souffrir dedans.

Ils ont tous tenu le peuple et les militants en haleine dans Benno, titillés par leurs égos démesurés, pendant toute la durée des tractations. Le Benno, un jeu de dupes, une pure mascarade politique avec comme toile de fond, une entente apparente et une union de façade le temps que l’Alliance des forces de progrès (Afp), la mascotte du groupe, se fasse remorquer par l’Alliance pour la république (Apr), de presque dix ans sa cadette, au gré des nombreuses pérégrinations politiques de Niasse et de ses alliances saugrenues à la quintessence douteuse. L’homme a commencé avec Senghor, cheminé avec Diouf, rejoint Wade et est maintenant avec le « jeune » Macky, dont il exploite à souhait les manquements et la faille narcissique.

Haut perché dans sa position de deuxième homme fort de l’Etat du Sénégal, le combat qu’il avait entrepris avec toute une génération, aurait pu lui permettre d’accéder à son fauteuil actuel sans dépendre du bon vouloir de Macky Sall. L’Assemblée nationale aurait dû jouer ainsi un rôle de veille et servir de contrepoids politique au pouvoir exécutif, par respect au peuple et à tous ces jeunes martyrs dont le combat a injustement été infiltré et récupéré par ces grands dinosaures.

Sans même peut-être s’en rendre compte, l’ancien Premier ministre de Wade a tristement soumis son parti à l’inexorable destin de faiseur de rois, mais pas n’importe quel roi. L’Afp est devenue ce parti dont l’existence dans l’arène politique consiste à mettre les libéraux au pouvoir et à tenter de les y maintenir, du moins, tant que tout va bien. Un combat pour le peuple, certes, mais tout de même un combat d’orgueil et d’égo, puisque blessé dans son orgueil propre par sa mésaventure avec le père, Niasse tient enfin sa revanche à travers ce fils qui a misé comme au loto, à peine quatre ans d’existence, sur un cheval gagnant friand de marrons saisonniers.

Le baron de l’Afp est rejoint dans sa nouvelle trouvaille par ses compères dans un pacte de partenariat « Rokkou mi rokké », noué sur la base de petites tractations politiques et d’accointances douteuses sur un fond de calculs malsains pour lui et pour tout ce qu’il représente dans ce pays.

Sensé représenter la sagesse, Moustapha Niasse n’a pas hésité à diriger une liste législative sur laquelle figure un présumé assassin. N’eût été le pouvoir et l’âge, l’ennemi invincible de tous les temps, il n’aurait jamais accepté une chose pareille.

Vestiges ambulants de la vie politique du Sénégal post-colonial et grands bénéficiaires des quarante années glorieuses du Ps, il tente tristement avec Ousmane Tanor Dieng, de se ranger dans Bby, dirigée par un jeune président né après les indépendances, mais pas encore libre et tout à fait autonome, encore en manque ahurissant de perspectives. Ils jouent, tous les deux, à accorder les cordes de leurs violons politiques sur lesquels ils n’ont jamais pu s’entendre. Même pas pour le peuple !

La politique est certes un monde particulier où seuls les grands dinosaures, bien trempés dans cette noble activité transformée en une gigantesque mare à caïmans, gardent toujours une vue imprenable. Les jeunes loups s’y perdent assez souvent.

Niasse l’a très vite compris. Depuis qu’il a créé l’Afp, il la gère et la finance comme une entreprise privée avec des militants-salariés informels, non déclarés et payés au noir, ce qui réduit considérablement ses charges patronales. Témoins ingrats de ce spectacle désespéré, ils ne peuvent rien lui reprocher, puisqu’ils ont tous laissé s’ériger sous leurs yeux ce club d’amis et des fils à papa.

Macky Sall a certes de la baraka. Il a misé sur le bon cheval et a gagné. Mais un pays n’est pas un hippodrome où le premier arrivé d’une course hippique est le meilleur.

La preuve en est qu’à peine seulement quelques mois après son arrivée au pouvoir, il est entrain de répéter, avec ses anges gardiens loin d’être sages, les mêmes pratiques combattues. Il devrait pourtant se rendre à l’évidence car les 65% de la population qui l’ont plébiscité au soir de 25 mars sont pour la plupart apolitique. Tous ces « grands » leaders qui l’entourent aujourd’hui sont désavoués par leurs bases.

Le moment venu, le Parti socialiste (Ps) lâchera, malgré tout, la tête d’Ousmane Tanor Dieng, s’il veut sauver son âme et lui survivre. L’Afp, bâtie autour de la personne de Niasse, succombe déjà de sa propre hémorragie interne Et le mal étant fait, ce n’est pas l’actuel numéro 2, friand de Mbapaat, de laamb et de séances déchainées de siimb gaindé, que les hommes et femmes sérieux de conviction de cette formation politique vont suivre.

La messe pour l’Afp a été dite et célébrée devant les yeux des Sénégalais par les larmes inaugurales de son chef lui-même, qui en a décidé ainsi, lors de son investiture à l’Assemblée nationale. Larmes de joie, de sa vie non vécue. Larmes de regret, de son destin présidentiel non vécu. Larmes de revanche. Revanche, enfin, sur sa vie et son histoire. Une histoire personnelle, au crépuscule d’une vie politique faite de haut et de bas.

Moustapha Niasse, nous avons tous cru en lui. L’Afp, nous l’avons tous portée dans notre cœur. Et puisque qu’il est de coutume, lors d’une messe de requiem, de prier pour l’âme des défunts, ceux-là même qui nous sont si chers et qu’on a tant aimés, prions, tous ensemble, afin que dans son repos aliénant, ce parti puisse enfin se départir des tourments du passé.

Et parce qu’on ne crée pas un parti politique dans le seul but d’en faire une affaire personnelle et une histoire d’ego, essayons de comprendre, dans notre profonde introspection, pourquoi le Président Senghor, qui a fait de Moustapha Niasse son plus jeune directeur de cabinet et l’a promu aux plus hauts postes de responsabilité dans ce pays, lui a préféré Diouf au moment de partir… Pourquoi Abdou Diouf, à son tour, lui a préféré Ousmane Tanor Dieng au Ps … Niasse seul, et ceux qui le connaissent très bien en politique, détiennent les secrets de cette réponse.

Hélène Della CHAUPIN

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5 Commentaires

  1. En voilà une qui n’a rien compris et qui meurt d’ennui.UNE INCULTURE POLITIQUE ET HISTORIQUE NOTOIRE.
    Contrairement à son frère,SOULEYMANE JULES DIOP,elle manque dramatiquement de TALENT.
    PAUVRE AIGRIE !

  2. YYYYYYYYYYYYa meuna d*** elle est bcp plus objective et talentueuse que son c*** de frere cet aigris de grand chemin son analyse est tres pointue il faut le reconnaitre.Elle a aussi milite dans l’AFP et donc tres bien place pour nous parler de Niasse.Cependant il faut savir lire entre les ligne pour comprendre que cette coalition heteroclyte nous menera droit au mur un condense de revanchards,haineux d’opportunistes (Latif) de pretencieux(Youssou Ndour)de recelleurs mafieux(PM) et d’intellos en manque de reconnaissance comme yaye Penda etc..

  3. d’accord avec l’analyse de Hélène . Rien à ajouter .M NIASSE a tout eu avec le PS , seul le poste de Président le manquait dans son CV . Pour cela il a décidé de faire tomber ABddou Diouf et de ne jamais élire Tanor . Est il Président aujourd’hui ?

  4. Bravo Della,

    Tu m’excuseras la comparaison avec ton frère, mais tu le dépasse largement dans le fond et sur la forme. Ta contribution est bien écrite, équilibrée, sans haine, et surtout dénué de mensonges, contrairement à l’autre vendu.

    Surtout, n’hésite à pas écrire, tu as du talent, et de la pertinence.

  5. Héléne, il faut assumer et dire que tu es une déçue de l’AFP. Nous autre, n’avons jamais crû en Niasse qui aime s’entourer de médiocres.
    Autre chose: relisez-vous parfois. Trop de fautes détruisent votre crédit. Exemple sur ce paragraphe court « Sensé représenter la sagesse, Moustapha Niasse n’a pas hésité à diriger une liste législative sur laquelle figure un présumé assassin. N’eût été le pouvoir et l’âge, l’ennemi invincible de tous les temps, il n’aurait jamais accepté une chose pareille. » Censé s’écrit avec un C et on dit « n’eussent été le pouvoir et l’âge ». Long way to go, girl ! Courage tu fais mieux que les nullards de l’APR.

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