Moussa Touré : «Ce que Macky Sall est en train de faire est dangereux pour le pays»

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Ses mots, il ne les mâche pas, pour dénoncer les mots du pays. Il, c’est Moussa Touré, l’ancien président de l’UEMOA et leader du . Dans cet entretien qu’il nous a accordés dans son domicile, l’ex-ministre de l’Economie a retroussé ses bras et cagné sur tout. Macky Sall et son régime en ont eu pour son grade. Moussa Touré qui pense que  «Macky Sall est comptable d’une partie du bilan d’Abdoulaye Wade», demande aux membres de Benno Bokk Yakaar, d’aller se peser aux locales.

Question brûlante de l’actualité, c’est la pénurie de gaz. Alors pour vous qui aviez dirigé entre autres le département de l’Economie, du Commerce et du Plan, qu’est ce qui peut expliquer une telle situation ?

Le Sénégal a évolué. Ce secteur du gaz comme d’autres secteurs du reste, était dans le passé entre les mains de l’Etat qui s’organisait pour qu’il n’y ait pas de rupture. Maintenant les temps ont changé. Nous sommes dans le cadre d’une mondialisation, qu’on le veuille ou non dans le cadre d’une libéralisation des activités économiques et commerciales. Il est tout à fait normal que l’Etat abandonne ou confie ses activités commerciales, au secteur privé. Il nous reste qu’au –delà du souci de faire des affaires, du souci de s’organiser, et d’engranger des bénéfices, souci qui anime le secteur privé de manière générale, notamment les importateurs de gaz, en l’occurrence, il y a un problème de sécurité publique. Il y a ce qu’on appelle les biens publics, ce sont des biens dont n’importe quel citoyen doit pouvoir bénéficier. C’est l’eau, c’est l’électricité, c’est le gaz. Ce sont aussi les produits essentiels, l’huile, le riz… Donc même si ces secteurs sont confiés aux privés, l’Etat doit avoir un œil dessus et veiller de manière stricte et préventive, à ce qu’il n’y ait pas de rupture. Ce sont des phénomènes qui sont nouveaux parce que les pénuries d’essence, de gas-oil, de gaz, n’étaient pas connues au Sénégal. C’est tout récemment, il y a cinq ou dix ans que cela est apparu. Il faudrait donc retourner à hier ou avant-hier pour voir comment était fait été organisées les choses.

Comment étaient-elles organisées ?

C’est comme je vous ai dit, l’Etat avait une vue sur la qualité des produits, sur les stocks et veillait à ce que ces produits ne puissent pas manquer. Pour le riz par exemple, c’est le rôle de la Caisse de péréquation et de stabilisation des prix. Pour l’essence, le gas-oil et le gaz, le travail avait été confié à la SAR.  Lorsque la SAR ne pouvait pas faire face à la demande des Sénégalais, elle le savait plusieurs mois à l’avance. Ce qui permettait d’organiser pendant ces périodes-là, l’importation de ces produits pour faire face à d’éventuelles ruptures dans la fourniture.

Donc à vous entendre, il n’y a pas de politique de planification, mais plutôt du pilotage à vue ?

Ce que je veux dire, c’est qu’avant, c’est l’Etat qui gérait l’ensemble des produits, des structures, des circuits. Aujourd’hui, c’est le secteur privé qui le fait. Donc, c’est une situation, il faut bien que l’Etat s’adapte en assurant une gestion très rigoureuse aussi bien des stocks qui existent que de  leur qualité pour éviter  la livraison de fuel frelaté à la SENELEC ou des choses comme ça. C’est un nouveau réflexe à avoir et peut-être une nouvelle organisation pour faire face à cette nouvelle situation.

En suivant vos différentes sorties, vous semblez un peu amer par rapport au régime actuel. Alors est-ce à dire que les fruits n’ont pas porté la promesse des fleurs.

Je ne suis pas amer. Amer, c’est un mot trop fort. Mais j’avouerai que je suis quelque peu déçu. Il y a eu le 25 mars 2012 et pendant  les mois qui l’ont suivi, une levée très massive des Sénégalais, adultes comme jeunes et femmes pour marquer leur déception et leur souhait de vouloir changer non seulement les choses, mais de vouloir changer de régime. C’est un peu le sens du vote massif des Sénégalais pour le président Macky Sall. Ce que je disais en reprenant André Gide qui disait à peu près que choisir c’est éliminer. C’est pour dire que les Sénégalais ont voulu éliminer Wade, ont voulu renvoyer Wade. S’ils ont voulu renvoyer Wade, c’est qu’ils ont voulu que toutes les pratiques, comportements, la manière de gérer, la gouvernance du pays, le rapport du pouvoir avec le citoyen sénégalais, que toutes ces choses-là, changent. Ma déception, c’est de constater qu’une dizaine de mois après la deuxième alternance que les choses n’ont pas changé fondamentalement. En un mot, il n’y a pas eu la rupture que beaucoup de Sénégalais attendaient.

Et c’est ce qui vous a poussé à dire qu’on a assisté à pire que ce à quoi on a déjà assisté. Pouvez-vous nous expliquer d’avantage ?

Déjà en 2007, à la deuxième élection du président Wade, un sentiment très profond de défiance, de mécontentement, prévalait. Pendant son deuxième mandat, les choses se sont aggravées parce qu’au-delà des problèmes de gouvernance, de sa fameuse formule ‘’wax waxeet’’, ce phénomène n’a pas cessé d’augmenter, de s’aggraver pour trouver son apothéose le 23 juin 2011  avec ce raz-de-marée qui n’était pas le fait des partis politiques. Je le dis et je le répète, les partis ont organisé des marches, des manifestations, mais auxquelles ne prenaient pas part un nombre important de Sénégalais. Là, ça a été un raz-de-marée spontané. Dans le cadre de notre parti, nous avions mobilisé un certain nombre de personnes, mais quand nous sommes arrivés devant l’Assemblée nationale, nous avons vu une marée humaine avec même des militants de notre parti qui n’avaient pas été organisés et qui parfois venaient de très loin.  C’est ça qui s’est passé. Donc le 25 mars devait marquer une rupture par rapport à ces pratiques. Je ne suis pas sûr que depuis lors, on ait assisté à des changements profonds dans tous les domaines de la vie politique, économique, institutionnelle du Sénégal

Donc en conclusion, on peut dire que la peste est pire que le choléra ?

Je ne sais pas. Je remercie Dieu car je n’ai jamais eu ni l’un ni l’autre. Ce que je sais peut-être c’est que l’un et l’autre, tue. Je ne voudrais avoir ni  l’un ni l’autre. Je ne peux pas considérer que l’on soit heureux parce qu’on a eu le choléra plutôt que la peste. Mieux vaut ne pas avoir ni l’un ni l’autre.

Mais c’est vous qui aviez dit qu’il fallait juste choisir entre la peste et le choléra

Justement, c’était pour illustrer qu’amener quelqu’un à faire ce choix, c’est l’amener à ne pas choisir. C’est ça l’image. La peste tue, le choléra de même. C’est peut-être lui demander de quelle manière il veut mourir. Or, les gens aspirent plutôt à vivre.

Mais pourquoi alors au second tour vous n’avez pas demandé tout simplement à vos militants de s’abstenir ?

S’abstenir, c’est démissionner. S’abstenir, c’est s’exclure. Je l’ai dit, je le répète. Si avec Abdoulaye Wade, après ses douze ans de pouvoir, la cause était entendue avec son caractère malfaisant. C’était irréversible. Il n’y avait pas de discussion en ce qui le concerne. Maintenant en face de lui, on aurait supposé avoir quelqu’un qui soit l’opposé de ce qu’il est. Ne l’ayant pas, nous nous sommes dit, celui-là, c’est sûr, c’est connu, on peut encore avoir quelques espoirs. Vous voyez la différence. Si par exemple nous nous étions abstenus et beaucoup de Sénégalais s’étaient abstenus, c’est Abdoulaye Wade qui serait resté. Je ne pense qu’Abdoulaye Wade aurait changé quoi que ce soit dans ce qu’il faisait.

Ne pensez –vous pas que ce serait aussi une position de sentinelle après avoir contribué à mettre Abdoulaye Wade en ballotage de dire à vos militants restons en retrait au second parce qu’ils se valent ?

Ce n’est pas une bonne pratique. Comme je vous l’ai dit tantôt, pour Abdoulaye Wade, il n’y avait plus de discussion. C’était connu que c’était vraiment le mal absolu dont il fallait se débarrasser. Pour Macky Sall qui n’était pas encore président, nous nous sommes dit que c’est vrai qu’il est l’enfant d’Abdoulaye Wade. C’est vrai qu’il a participé pleinement à la gestion du pouvoir par Abdoulaye Wade, il faut qu’il l’assume d’ailleurs. Il est comptable d’une partie importante de la gestion d’Abdoulaye Wade, bonne ou mauvaise. Mais, nous nous sommes dit que c’est parce qu’il était collaborateur, ce n’est pas lui qui décidait et que charitablement, on peut lui accorder le bénéfice du doute, en se disant que s’il devient premier, les choses vont changer et que de toutes les façons, on ne peut pas être pire que sous Abdoulaye Wade. Soyons juste, Macky Sall après ses dix mois de gouvernance, n’est pas pire qu’Abdoulaye Wade, peut-être qu’il est sur les traces.

«Actuellement le M23 est en train d’imploser. J’ai lu dans la presse un membre du M23 qui disait que cette structure était morte parce que comme vous le dites, les personnes influentes qui l’ont composée, sont de l’autre côté maintenant. Dans une affaire, on ne peut pas être juge et partie. On ne peut pas être membre du M23 ou des Assises nationales et occuper des fonctions éminentes au niveau de l’Etat, alors que vous devez être une sentinelle».

Compte tenu de tout ce que vous avez dénoncé et que vous continuez à dénoncer, ne pensez-vous pas que Macky Sall aurait dû bénéficier d’un plus grand état de grâce ?

Je le dis et je le répète, on ne peut pas dresser un bilan d’un président de la République et d’un gouvernement après 8, 9 ou 10 mois d’activité. Seulement on ne peut pas attendre indéfiniment. Si par exemple, M. Kane vous vous levez et vous dites que vous allez dans telle direction. Si vous prenez cette direction- là, on peut dire c’est peut-être lent ou même très lent, mais il est dans la bonne direction. Mais si au lieu de vous diriger dans cette direction-là, vous prenez celle, opposée, une direction transversale, traverse. On ne peut pas dire qu’on va attendre peut-être que dans cinq ans, à la fin supposée de son mandat, il va arriver au but que nous attendions. C’est sûr qu’il ne peut pas y arriver parce qu’il n’a pas pris la bonne direction. Or, cette bonne direction-là, il ne faut pas deux ou trois ans pour la déceler. Elle se décèle par des signaux. Je vous donne un exemple. Lorsque les Assises nationales disent dans la charte de bonne gouvernance et dans leur conclusion que raisonnablement, un gouvernement ne pouvait pas dépasser 25 membres. Le président Macky Sall dès le lendemain de sa candidature, s’est rendu au Point E, au siège des Assises nationales, a signé et donc a endossé les conclusions des Assises et la charte de gouvernance démocratique. Puis il proclame devant le peuple sénégalais, qu’il va fixer le nombre de ministres à 25. C’est déjà une bonne direction. Mais quelques trois à quatre mois après, il dit non 25 ce n’est pas assez, on va monter à 30. Ce n’est pas une bonne direction, ni un bon signal.

C’est vrai que cette situation à laquelle vous faites état, ce sont les conclusions des Assises. Mais c’est le peuple des Assises qui, aujourd’hui, gouverne avec Macky Sall.

Non ce n’est pas le peuple des Assises. Pas du tout.

Il y’en a beaucoup en tout cas

(Il coupe) Mais à titre personnel et individuel, ce n’est pas le peuple des Assises, ni celui du M23. C’est important ce que je vous dis-là. Ce sont des éléments du M23 ou des Assises nationales qui à titre personnel sont avec Macky Sall actuellement.

Mais vous conviendrez avec moi que ce sont des personnalités très influentes de ces deux structures qui sont aujourd’hui au pouvoir avec Macky Sall et qui gouvernent sans pour autant remettre en cause cela.

Vous employez des qualificatifs, ‘’personnalités influentes’’. Qu’est-ce que c’est que l’influence. Est-ce que l’influence est une preuve de vertu ? Est-ce que l’influence est une preuve d’honnêteté ?  Est-ce que l’influence est une preuve de droiture, de sagesse ? Ça ne veut rien dire.  Dans ces genres d’organisation, le M23, les Assises… les gens n’y vont pas pour les mêmes raisons. Ils y vont pour avoir de l’influence, être remarqués, pour demain être choisis, pour ne pas dire sélectionnés, pour entrer dans un système et faire croire que le peuple des Assises est avec ce système. Vous voyez actuellement que le M23 est en train d’imploser. J’ai lu dans la presse un membre du M23 qui disait que cette structure était morte parce que comme vous le dites, les personnes influentes qui l’ont composée, sont de l’autre côté maintenant. Dans une affaire, on ne peut pas être juge et partie. On ne peut pas être membre du M23 ou des Assises nationales et occuper des fonctions éminentes au niveau de l’Etat, alors que vous devez être une sentinelle. On ne peut pas être une sentinelle et guerrier à la fois. C’est ça le problème. Les Assises sont encore là. Le président Mbow est encore là, certains éléments des Assises sont encore là. Certains dont vous parlez, d’ailleurs c’est ça qui, est en train de troubler un peu le jeu. Ces membres influents qui occupent de hautes fonctions au niveau de l’Etat restent encore dans les Assises ou le M23,  alors qu’ils sont censés être des sentinelles comme vous le dites. La sentinelle c’est comme le juge. Ils doivent être impartiaux.

Et dans cette situation, comment se porte votre parti ?

Il est tout jeune. J’aime dire d’ailleurs que ce parti, nous l’avons créé presque par obligation parce que nous n’avions pas vocation à faire de la politique.  Beaucoup de nos membres ne faisaient pas de la politique. Certains en avaient fait, mais désabusés, avaient abandonné. Je crois qu’aujourd’hui c’est une espèce de mission sacrée, de salut public, de pouvoir en toute liberté, sans agressivité dire : ‘’Ça c’est bon je l’approuve. Ça ce n’est pas bon, je désapprouve’’. Si on n’a pas cette liberté-là, on ne peut pas entrer dans le jeu démocratique et républicain. Notre parti entend se situer dans cette perspective. Vous savez le président Mamadou Dia vers la fin de sa vie, me disait : «Tu sais Moussa,  actuellement, je ne vois plus. Je n’entends plus, mais j’arrive encore à parler. Quand j’ai envie de m’exprimer j’appelle un de mes enfants, il s’assoie à côté de moi, je parle et il transcrit. C’est ce travail-là qui après, est mis au propre et est publié dans les journaux, comme contribution dans le débat public». A l’époque, il avait 98 ans. A cet âge-là, si on s’exprime sur les affaires du pays, ce n’est pas pour une ambition personnelle. C’est le cas du président Mactar Mbow. Le président Dia continuait, « une fois cette contribution publiée, je ne peux aller au-delà. Par contre, vous qui êtes jeunes, si vous restez les bras croisés, non seulement vous avalisez ce qui est fait, mais  vous êtes complices et aussi responsables de ce qu’ils font. Donc, il faut au moins dénoncer. Il est bon dans la gestion des affaires de l’Etat de pouvoir entendre des sons de cloche différents». Il faut qu’il y ait quelques voix discordantes. Voilà le sens de notre engagement et nous comptons le faire. Que les gens se détrompent.

Nous sommes à quelques mois des élections locales, votre parti sera –t-il présent ?

Tout à fait (il se répète). On s’y prépare activement et nous croyons que le terrain est favorable au fur et à mesure que les années, les citoyens se désintéressent non pas de la chose politique, mais du personnel politique. On a fait le terrain et les gens sont unanimes pour dire qu’ils ne veulent plus des politiciens. Et quand ils disent politiciens, c’est la politique avec le petit ‘’p’’. Nous, nous voulons faire de la politique avec un grand ‘’P’’. C’est-à-dire les activités, l’intelligence, l’énergie consacrées au peuple, en nous oubliant un peu avec beaucoup d’humanité. Je ne sais pas où vous habitez, mais si vous allez dans la banlieue de Dakar, si vous avez un cœur bien accroché, vous ne pouvez pas être insensible à ce que vous y trouvez. Vous ne pouvez pas vous satisfaire en disant on a élu un président  de la République, une Assemblée nationale qui vient de recevoir 150 véhicules. Vous ne pouvez pas vous contenter de voir les différents responsables des partis politiques se battre entre eux et dire que c’est comme ça que le Sénégal doit marcher. Je pense qu’il y a à prendre en compte la détresse profonde dans laquelle se trouve ce pays et le faisant, s’acharner non pas à trouver des solutions parce que c’est difficile, mais contribuer à trouver ces solutions- là.

«Si par extraordinaire, les gens arrivaient à maintenir BBY pour les locales, 2017 sera l’heure de vérité. Il y a à se demander si Idrissa Seck va accepter que Macky Sall soit son candidat. Si le PS, je ne sais pas si ce sera Tanor Dieng ou un autre, va accepter que Macky Sall soit son candidat, la même chose pour l’AFP, pour d’autres partis. En plus, lorsqu’on réunit des gens, il faut qu’ils aient quelque chose qu’ils partagent ensemble.  Comme j’ai dit l’autre jour il y a des libéraux, des gens de gauche, des partis d’extrême – gauche. Quel lien peut les réunir ? Voilà un peu le caractère artificiel de cette coalition».

Alors vous allez y participer en coalition ou sous votre propre bannière ?

En politique, on ne peut jamais prévoir ce qui va se passer. Ce qui est vrai aujourd’hui, peut ne plus l’être demain matin. Nous nous préparons. Nous sommes en conciliabule avec des partis politiques, des groupements, des associations. Il est évident que l’union fait la force et en politique, il faut rassembler le plus largement possible sans pour autant perdre son âme. Nous sommes en train de nous y atteler.

Est – ce alors dans l’ordre du possible de voir Moussa Touré à la tête de la mairie de Dakar.

Pour ça je dis que non. La mairie, c’est autre chose. On va dire que je suis prétentieux. Mais, être maire de Dakar, c’est une grande responsabilité, c’est un honneur. Mais, l’être, c’est réduire ou concentrer ses activités à Dakar. Or, je pense que les problèmes du Sénégal ne sont pas qu’à Dakar. Ils sont surtout hors de Dakar. De par mon expérience, de par mon vécu, mes horizons vont bien au-delà de Dakar et de la banlieue.

Benno Bokk Yakaar traverse une mauvaise passe actuellement, était-ce prévisible ?

Vous savez en 2009, nous étions partis avec Benno Siggil Sénégal (BSS). Pourtant après les élections locales, j’avais dit que BSS, c’était fini et j’avoue que beaucoup de nos camarades étaient surpris. Je leur ai dit que c’est une coalition qui s’est faite dans la perspective des élections locales. Celles-ci étant dépassées BSS qui était une coalition ad hoc devait disparaitre. Je me suis trompé pas de beaucoup parce qu’on a vu lorsque plus tard on a voulu maintenir Benno Siggil Sénégal, ce qu’il est advenu. Je crois fondamentalement que si un candidat de BSS n’a pas gagné la présidentielle de 2012, c’est parce que tous ces tiraillements  ont eu lieu et que ça a fait perdre beaucoup de temps aux différents membres de BSS dans le cadre de la mobilisation, dans la cadre du travail sur le terrain et même du travail programmatique. Là-dessus, on vient à Benno Bokk Yakaar (BBY), je disais tout à l’heure, il fallait que tout le monde soit contre Wade. Il fallait que tout le monde s’inscrive dans un combat contre Wade et ses méfaits. BBY a été créé en 24 heures. Il n’y avait ni textes ni statuts. Rien du tout. C’était une construction ad-hoc aussi. Personnellement El Hadji  (NDLR : El Hadji Dramé, un de ses collaborateurs qui assistait à l’entretien) m’est témoin. Lorsque BBY a réussi à faire élire Macky Sall, même pour les législatives, nous étions pour que chaque parti politique, chaque coalition aille aux élections pour son propre compte. C’est là, qu’on aurait su qui est qui et ce que chacun pèse, quitte à ensuite, procéder à des regroupements, pour faire des groupes parlementaires ou tout ce qu’on veut. Mais, on a voulu maintenir encore BBY. Il faut que l’histoire récente du Sénégal serve à quelque chose. On a vu Abdoulaye Wade avec ses amis dans le gouvernement en, 1991, mais lorsque les élections approchaient, ça se disloquer. Abdoulaye Wade lui –même et son groupe qui l’avait élu, à la fin de son premier mandat, il ne restait plus personne sauf ce qu’on appelait la CAP 21 qui était un ramassis de trublions et de rigolos. Ici c’est la même situation et ça n’a pas d’issue. Si par extraordinaire, les gens arrivaient à maintenir BBY pour les locales, 2017 sera l’heure de vérité. Il y a à se demander si Idrissa Seck va accepter que Macky Sall soit son candidat. Si le PS, je ne sais pas si ce sera Tanor Dieng ou un autre, va accepter que Macky Sall soit son candidat, la même chose pour l’AFP, pour d’autres partis. En plus, lorsqu’on réunit des gens, il faut qu’ils aient quelque chose qu’ils partagent ensemble.  Comme j’ai dit l’autre jour il y a des libéraux, des gens de gauche, des partis d’extrême – gauche. Quel lien peut les réunir ? Voilà un peu le caractère artificiel de cette coalition. Même pour la démocratie, ce n’est pas bon qu’il y ait cette espèce d’unanimisme. Un pays doit respirer.  Je prends l’exemple du Mali où Amadou Toumany Touré avait réussi ce que Macky est en train d’essayer, c’est-à-dire, faire taire toutes les têtes qui tentent d’émerger. Mais quel avenir pour le pays.il faut se garder de ça, c’est dangereux pour le pays, pour la démocratie.

Réalisée par SOULEYMANE KANE

Le Pays au Quotidien

 

2 Commentaires

  1. Bof ! Ce monsieur est à mon image, on ne peut aller se planquer dans les pays développés pendant des décennies, et après venir casser les pieds à ceux qui sont resté à « baver » au pays.
    Si je me le permets c’est uniquement parce que je n’envisagerais que de m’occuper de ma localité, où les habitants savent qui je suis !
    Ce monsieur n’a pas la carrure pour être « mon Président », avec tout le respect que je lui dois comme je le dois à tout autre aîné.
    Je vous souhaite plein de bonheur auprès de votre famille, dieu vous en a donné, profitez-en !

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