Moustapha Diakhate, President Du Groupe Parlementaire Bby «ceux Qui Ne Participeront Pas Au Dialogue Vont Manquer Le Train De L’histoire»

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Moustapha Diakhaté est connu pour son franc-parler. Dans l’entretien qu’il a accordé à «L’As », le président du groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar (Bby) a analysé les questions brûlantes de l’heure, évoqué les possibles contours du dialogue national et abordé la création d’un parti politique par Abdou Mbaye. Se prononçant sur le fonctionnement de l’Alliance pour la République (Apr) qu’il compare à une armée mexicaine, il ne désespère pas de voir les retrouvailles de la grande famille libérale.  En outre, il  fait une grosse révélation en annonçant sa retraite politique pour bientôt. Entretien.

Au Sénégal, on assiste à une floraison de partis politiques. En tant que député, comment vivez-vous cette situation ?

Notre pays garantit à tous les citoyens la liberté d’expression. Il est beaucoup plus facile de créer un parti politique qu’un Groupement d’intérêt économique (Gie). Quand quelqu’un crée une entreprise, il ne fait pas les gros titres des journaux alors que la personne qui crée un parti politique est rapidement mise au devant de la scène par la presse. C’est l’un des problèmes dans notre pays. Nous avons besoin d’une rationalisation des partis politiques qui fut l’un des points essentiels des Assises nationales. Pour y aboutir, il nous faut opérer un redécoupage électoral du Sénégal en mettant en place 150 circonscriptions électorales correspondant au nombre de députés au Sénégal. L’élection des députés au premier tour et l’interdiction des coalitions permettront aussi d’y parvenir. Si  la classe politique tombe d’accord sur ces points, en 2017, nous pourrons avoir un espace politique assaini. 250 partis au Sénégal, c’est inacceptable. On ne peut pas avoir 250 offres politiques et 250 programmes. Les gens créent des partis, car ils savent qu’ils pourront profiter des coalitions, pour avoir un fort reste pour siéger à l’Assemblée nationale et avoir des privilèges.

Allez-vous initier une proposition de loi portant limitation du nombre de partis ?

C’est une question importante qu’on ne peut pas régler avec une proposition de loi ex-nihilo. J’aurai bien aimé que cette question soit posée avec courage par la classe politique, notamment les grands  partis politiques. Ils ne doivent pas accepter d’être à la remorque des partis télécentres ou récépissés. Il existe des partis qui n’ont même pas d’adresse et qui polluent le débat politique. Cette multitude de partis crée plus de cacophonie qu’elle ne consolide le débat politique.

Cette question sera-t-elle abordée le 28 mai prochain à l’occasion de la tenue du dialogue national?

Je ne sais pas ce que le Président Macky Sall mettra dans l’agenda des discussions. Le dialogue va porter sur les questions d’intérêt national. Attendons le 28 mai pour connaître les contours du dialogue. Je sais qu’il va porter sur la révision constitutionnelle et ses conséquences du point de vue juridique, par rapport aux candidatures indépendantes, à la décentralisation et aux partis politiques.

L’opposition est prise de court par la tenue de ce dialogue. Le Président n’a-t-il pas mis la charrue devant les bœufs ?

Le Président Macky Sall avait émis le souhait de rencontrer l’opposition avant même le référendum. Malheureusement, il y a des incompréhensions. Pour ma part, j’ai toujours souhaité qu’on enclenche le dialogue national. C’est une bonne idée. Le Sénégal, depuis le Président Senghor, a toujours été un pays de dialogue et de concertation.

En agissant de la sorte, le Président Sall pourrait être accusé de narguer ses opposants en les mettant devant le fait accompli, surtout après les réformes de l’Acte III et l’initiative du Pse?

Il n’est pas question pour Macky Sall de narguer qui que ce soit. Sur  l’Acte III, il y a eu un dialogue entre le comité de pilotage et les acteurs publics concernés par la question de décentralisation. Pour le projet de réforme constitutionnelle, le Président a mis en place la Commission nationale de réformes des institutions (Cnri) qui a rencontré la société civile, les partis politiques et toutes les sphères de la Nation. Le Président a pris acte des conclusions de ces travaux et les a proposées au référendum le 20 mars dernier. Il a rencontré la coalition Bby, mais l’opposition a préféré décliner son offre de discussions. Mais, il n’est jamais trop tard pour dialoguer. Macky Sall a ouvert le dialogue parce qu’il pense que c’est la meilleure manière de répondre à un certain nombre de questions, comme la rationalisation des partis politiques.

Que peut-on attendre de ce dialogue entre pouvoir et opposition ?

Sur cette question, le Président a été clair en soutenant que les discussions vont porter sur des questions d’intérêt national. Le peuple a répondu favorablement au projet de loi constitutionnelle du Président Macky Sall. Mais cette réforme ne pourra pas se faire en marge des partis politiques. Sur la question des candidats indépendants, le Président veut mettre sur un pied d’égalité tous les candidats à tous les types d’élections. Les candidats indépendants, les partis politiques et les coalitions, seront soumis aux mêmes règles. Il est nécessaire d’en discuter avec tous les acteurs politiques. La victoire au référendum donne au président de la République la légitimité pour écrire des lois propres, en rapport avec ces dispositions constitutionnelles. Mais il a choisi de le faire après la tenue d’un dialogue avec la société civile.

Certains risquent de boycotter ce dialogue, car ils estiment qu’ils n’ont pas été consultés en amont.

Tout le monde sera saisi. Ceux qui ne participeront pas au dialogue vont manquer le train de l’histoire. Toutefois, ils n’empêcheront nullement le président de la République de mettre en œuvre son dialogue.

Depuis quelque temps, il est reproché aux députés de ne pas payer leurs impôts. Qu’en est-il exactement ?

Les gens qui disent que les députés ne paient pas l’impôt mentent. On peut accepter qu’ils disent que l’impôt n’a pas été reversé. Au Sénégal, on applique le principe de la retenue à la source. Cela est valable pour les fonctionnaires et les salariés du secteur privé formel. Donc, comme tout travailleur, le député ne prélève pas directement l’impôt sur son salaire et ce n’est pas lui qui le reverse au Trésor public. Ce travail relève des services compétents de l’Assemblée nationale qui doivent le faire. Alors si ce travail n’est pas effectué, ce n’est pas de la responsabilité du député.

Donc, vous pointez du doigt la Questure de l’Assemblée nationale.

Tout ce que je peux dire, c’est qu’il y a des services à l’Assemblée nationale qui sont chargés de cette question. Donc s’il n’y a pas eu de reversements,  la faute n’est pas imputable aux députés. On ne doit pas accuser les députés d’être des délinquants fiscaux. C’est injuste, ils sont doublement victimes dans cette affaire. On a coupé leur salaire qui, manifestement, n’a pas été reversé au Trésor public et on les accuse de frauder le fisc. S’il y a eu des manquements, il appartenait à la direction générale des Impôts et Domaines (Dgid) de faire les contrôles et de saisir l’Assemblée nationale. Malheureusement, cela n’a pas été le cas. Je propose qu’on modifie les compétences de l’Office national de lutte contre la corruption (Ofnac) pour qu’il puisse contrôler le reversement effectif des impôts des députés au Trésor public. La Dgid, compte tenu de la séparation des pouvoirs, ne peut pas contraindre l’Assemblée nationale à opérer le reversement des impôts. Or, l’Assemblée nationale a un devoir de transparence envers le peuple sénégalais. Par ailleurs, la personne qui a porté l’information (Ousmane Sonko) a fauté en tant que fonctionnaire de la Dgid et haut cadre de l’administration publique. La loi portant statut des fonctionnaires lui interdit de dévoiler des informations acquises grâce à sa position de haut fonctionnaire. Il a violé la loi portant statut des fonctionnaires et il est passible d’une peine d’emprisonnement de 6 mois. Tous ceux qui le défendent soutiennent quelqu’un qui a violé le Code général des impôts et le code pénal.

N’a-t-il pas simplement relevé une irrégularité ou une infraction ?

L’obligation de discrétion professionnelle lui est imposée par la loi  qui date de 1961. Nous ne pouvons pas cautionner une violation de la loi. Il ne peut pas y avoir de paradis fiscal au Sénégal, ni à l’Assemble nationale, ni a la Dgid, ni à la magistrature. Ses propos selon lesquels les députés ne paient pas l’impôt sont un tissu de mensonges. A mon avis, tout fonctionnaire qui fait de la politique doit démissionner de l’administration. C’est une question d’égalité devant la loi et la neutralité de l’administration et de la fonction publique. Comme vous le savez, dans la fonction publique, les administrateurs civils n’ont pas le droit de faire de la politique alors qu’ils ont fait les mêmes écoles que les agents des Impôts et du Trésor public. Pourquoi eux ont le droit d’en faire et alors que les autres en sont privés ? C’est une violation d’égalité des citoyens devant la loi.

Qu’envisagez-vous de faire dans ce sens ?

Nous sommes en train de réfléchir sur une proposition de loi dans ce sens.  Selon nous, la neutralité du service public est en jeu. Un fonctionnaire n’a pas besoin d’afficher ses appartenances confrériques, ethniques et politiques afin de pouvoir servir efficacement les citoyens, qu’elle que soit leur appartenance politique et religieuse.

Cette initiative ne viole-t-elle pas les libertés de l’individu ?

Un administrateur civil et un magistrat ne doivent pas faire de la politique. Si c’est le cas, ils doivent démissionner. Un fonctionnaire ne peut pas faire de la politique. Pourquoi le Cemga ne fait pas de la politique ? Dans ce pays, il doit y avoir des règles pour tout le monde. Un administrateur civil et les inspecteurs des Impôts et du Trésor doivent être mis sur un pied d’égalité.

Dans le domaine des réformes, l’élection des députés de l’extérieur va-t-elle occasionner l’augmentation du nombre de parlementaires ?

Pour le moment,  je ne peux pas répondre à cette question. Nous ignorons les modalités pratiques de cette réforme adoptée lors du référendum. Le nombre de députés de l’étranger sera-t-il déduit du nombre de députés ? A l’issue des discussions, nous saurons l’option prise par le président de la République. La meilleure option serait d’aller vers une augmentation du nombre de députés, car il sera difficile de déduire le nombre de députés de la diaspora sur l’effectif actuel des parlementaires. Le principe des circonscriptions électorales doit être adopté pour les députés de la diaspora. Il faudrait élire un député par zone géographique afin d’avoir une lecture beaucoup plus visible de la représentation des Sénégalais de l’extérieur.

Il a été découvert que la viande d’âne est vendue au Sénégal.  Qu’est-ce que les députés ont prévu de faire pour renforcer la sécurité alimentaire ?

Il y a un décret qui réglemente l’abattage et la vente de la viande au Sénégal. Ce qui nous inquiète, c’est qu’on parle depuis des années de la vente de viande impropre à la consommation. Il y a deux raisons à cela. D’abord, le laxisme d’Etat qui se contente de voter les lois et de publier des décrets sans se préoccuper de leur application. Ensuite,  il y a le laxisme des populations qui préfèrent acheter la viande au coin de la rue en délaissant les lieux indiqués.  Ce qui vient de se passer est grave. Le ministre de l’Elevage doit interdire tout abattage clandestin. Même à Paris, pendant la Tabaski, il ya des lieux prévus pour l’abattage du mouton de sacrifice. Au Sénégal, les gens violent impunément les lois. Le pays a besoin d’ordre et du respect des lois

En regardant bien l’Apr, on note une césure entre l’élite et la base. Comment analysez-vous cela ?

L’Apr est un parti jeune qui n’a pas eu le temps de se  structurer  avant d’arriver au pouvoir comme le Pds. Nous n’avons pas l’avantage de la durée comme le Parti socialiste. L’Apr est une prématurée politique,  car elle est arrivée au pouvoir 3 ans après sa création. Macky Sall qui en était la locomotive est devenu entre temps président de la République. Il n’a plus le temps de se consacrer à la gestion de son parti. A cause des problèmes de structuration et d’organisation, les militants ont l’impression qu’il y a un décalage entre le sommet et la base du parti. Nous sommes une armée mexicaine et une masse informe sans aucune organisation du parti à l’échelle nationale. Les militants imputent cette situation aux responsables politiques alors que c’est une défaillance collective. L’agenda du Président s’étale jusqu’en 2035. Macky Sall doit organiser son parti pour lui permettre d’atteindre cet objectif. Au niveau local, tout le monde se présente comme chef. Ce qui occasionne des difficultés majeures pour le parti qui a du mal à faire passer ses mots d’ordre.

Le fait de privilégier des transhumants pourrait renforcer le sentiment de frustration des militants, non ?

Cette situation a débuté bien avant l’arrivée des transhumants. Cependant, je tiens à préciser qu’aucun d’entre eux n’exerce des responsabilités au sein de notre parti dans une commune ou dans un département. Nous n’avons favorisé aucun transhumant. Cela dit, nous reconnaissons que le parti a le devoir de s’ouvrir à de nouveaux venus.

Les responsables locaux se sentent supplantés par des transhumants souvent plus nantis qui les inhibent …

Les transhumants doivent apporter leur contribution, mais pas inhiber les responsables locaux. Ceci étant, si le parti n’est pas organisé à la base, il n’y aura même pas d’espace pour accueillir de nouveaux adhérents. Beaucoup de gens viennent, mais qui ne trouvent pas leur place dans le parti. Ils restent chez eux ou vont vers d’autres formations politiques. D’où la nécessité de réorganiser le parti au niveau des collectivités locales. Dans toutes les communes du Sénégal,  un schéma d’encadrement et de formation du parti doit être mis en place. Je suis toujours choqué de voir dans les communes un vide politique effroyable. Cette anarchie peut être source de déstabilisation du parti dans le futur. Un certain nombre d’individus pourrait profiter de cette anarchie apparente pour miner le fonctionnement du parti. Par ailleurs, il faut réorganiser également le Secrétariat exécutif national (Sen) avec des réunions beaucoup plus périodiques.

Donc, la décision de Mimi Touré d’aller militer à Kaolack découle d’une stratégie de consolidation de l’Apr au niveau local ?

Aminata Touré a dit qu’elle avait du sang kaolackois. Elle n’a pas été  parachutée dans la capitale du Saloum. Elle s’est bien battue à Grand-Yoff. A mon avis, elle ferait bien de consolider sa base à Grand-Yoff et d’appuyer les militants qui sont à Kaolack.

Pourtant, on soutient qu’elle va militer à Kaolack ?

Je ne suis pas au courant de cela.  Dans le cas échéant, on ne peut pas  interdire à quelqu’un d’aller militer là où il se sent davantage à l’aise pour exercer ses talents politiques

On vous annonce à Touba comme coordonateur de l’Apr. Qu’en est-il exactement ?

Le poste de coordonnateur sera supprimé. Je vote à Dakar depuis 1993. J’y ai été élu au Conseil municipal et comme député. Je ne peux pas laisser tomber Dakar et aller militer ailleurs. Après la défaite du OUI à Touba au référendum, le Président m’a chargé avec Khadim Sylla de faire une analyse de notre échec. Il nous a demandé de lui proposer des schémas de bataille pour reconquérir la ville sainte. Car, la place de Touba n’est pas dans l’opposition. Le Président bénéfice toujours de la sympathie et de l’affection paternelle du grand Khalife général des mourides et des autres dignitaires. Touba a toujours été du côté du pouvoir et ce n’est pas maintenant que cela doit changer. A Touba, il nous a manqué une présence politique organisée et effective pour inverser cette tendance. Cela dit, je ne serai jamais un élu de Touba. D’autant plus qu’après 40 années de militantisme politique, je compte me retirer de la vie politique.

Vous songez à la retraite ?

Mon âge politique correspond à celui du Rassemblement national démocratique (Rnd). Après 40 ans de lutte syndicale et politique, l’heure est venue pour moi de me retirer de l’arène politique. Je vais accompagner le Président Macky Sall jusqu’à la fin de son second mandat. Ce compagnonnage ne se matérialisera nécessairement pas par un poste de responsabilité.

Vous n’allez pas rempiler à la prochaine législature?

Je ne le souhaite pas. Je vais faire autre chose. Je n’étais pas chaud pour siéger à l’Assemblée nationale aux dernières législatives. Mais comme le Président Macky Sall me l’avait demandé, je l’ai accepté. Il m’a associé à la gestion du pays et m’a permis d’être un membre de sa famille.  Alors, je me tiens à la disposition du chef de l’Etat et je ferai tout ce qu’il me demande dans le cadre de ce compagnonnage.  Je vais l’accompagner et au terme de son second mandat, je vais faire autre chose

Pourquoi votre régime cherche-t-il coûte que coûte à démanteler le Pds?

Macky Sall est issu de ce parti et nous ne le démantèlerons pas. Nous sommes des libéraux. Il se trouve que beaucoup de personnes ne se retrouvent plus dans le fonctionnement du Pds. Je crois à des retrouvailles de toute la famille libérale. J’y  travaille et je pense  qu’elles auront lieu.

Vous avez pris contact avec Me Wade ?

Me Wade est la locomotive de la famille libérale dans toute l’Afrique noire. J’aurai bien aimé qu’il prenne ce dossier en main pour le conduire jusqu’à son terme. Il peut s’inspirer de Senghor et Lamine Guèye au Sénégal,  et de Ouattara et Bédié en Cote d’ivoire pour favoriser les retrouvailles de la famille libérale. Les réconciliations des familles politiques sont gage de solidité des formations politiques.

La libération de Karim Wade constitue-t-elle un préalable à ces retrouvailles?

Le Pds n’en a jamais fait une condition.

Quelle est la condition alors?

Si le Pds faisait ce genre de propositions, il n’y aurait pas de discussions. Le tort de Me Abdoulaye Wade est d’avoir préféré son fils biologique à ses fils spirituels. Alors que ces derniers se sont sacrifiés pour qu’il devienne président de la République.

Dans la crise sénégalo-gambienne, vous vous êtes montré très virulent contre Yahya Jammeh. Qu’est-ce qui explique votre attitude ?

Depuis qu’il est venu au pouvoir, Yahya Jammeh est un problème entre la Gambie et le Sénégal. Il gouverne son pays par rapport à ses humeurs et cela est inacceptable. Toute cette crise découle de ses enfantillages. Le Président Jammeh est un  tyran pour la Gambie. Je soutiens la lutte des Gambiens pour la démocratie. Tant qu’elle ne sera pas démocratique, la Gambie restera un problème pour le Sénégal. La voie de contournement est indispensable. Il faut doter les localités frontalières de la Gambie des infrastructures routières et de dispositifs de défense adéquats. Il faut en faire des zones d’investissements spéciales économiques pour qu’elles aient les mêmes avantages économiques que la Gambie. Le pont est une obligation pour la Gambie. Il n’appartient pas à Jammeh d’entraver la concorde entre les deux pays.

Vos positions pourraient gêner le Gouvernement sénégalais ?

Les relations diplomatiques du Sénégal sont gérées par le Président Macky Sall et Mankeur Ndiaye. Je ne suis pas diplomate. Je suis député. Et le député a la liberté de parole pour dénoncer les propos outrageants de Jammeh envers le peuple sénégalais et son Président.

L’ex-Premier ministre Abdou Mbaye a créé son parti. Votre sentiment sur cette question

Abdou Mbaye est tout à fait libre de créer son parti. Mais la morale lui interdit de tenir un discours offensant contre Macky Sall qui l’a sorti du néant politique en le nommant au poste de Premier ministre. Il a fait preuve d’ingratitude et de discourtoisie à l’égard de Macky Sall. Le Président a fait face à de fortes réticences de certains de ses proches qui ne voulaient pas de lui à la tête du gouvernement. Ils ont toujours dit que sa nomination était une erreur.  Aujourd’hui, il est en train de leur donner raison.

Il y a un déchaînement d’attaques personnelles de la part des membres de l’Apr contre Abdoul Mbaye. Avez-vous peur de quelque chose ?

J’ai lu deux articles de presse qui parlent de sa vie privée, mais ils n’étaient pas signés par  des membres  de l’Apr. Maintenant, il est tout à fait normal que les membres de l’Apr reprennent ces informations qui sont sur la place publique. L’histoire de l’homme jugé et condamné pour avoir trafiqué un certificat de mariage est connue de tous.

Ces éléments n’ont aucun rapport avec la politique

La moralité des hommes  politiques est un défi que le Sénégal doit relever. Pour avoir une République irréprochable, il faut des dirigeants à la moralité irréprochable. Un homme politique qui aspire à gouverner un pays n’est pas n’importe qui.

Abdoul Mbaye n’a fait que critiquer la politique de gestion du régime de Macky Sall.

Pourquoi, il ne l’a pas fait lorsqu’il était aux affaires. Il n’a pas eu de divergences politiques ou de ruptures avec Macky Sall. Il était d’accord avec tout ce que faisait Macky Sall. Il a été limogé par le chef de l’Etat. Pour continuer à bénéficier des privilèges de la fonction de Premier ministre, il a, peut-être, tu ses désaccords. Ce qui renforce la thèse des gens qui estimaient qu’il ne méritait pas ce poste.

L’arrivée de Abdoul Mbaye va renforcer le camp de l’opposition qui a aussi connu le renfort de Mamadou Lamine Diallo de Tekki?

Malgré ses fanfaronnades, il reste un nain politique. Quant aux membres de Bby, ils n’ont pas signé un chèque en blanc à Macky Sall pour adhérer à toutes ses réformes. Ils ne sont pas obligés d’être à 100% derrière lui. Bby a été créée pour battre Me Wade. Elle a été maintenue pour les législatives et les municipales. L’appartenance au camp du Oui n’était pas une condition d’adhésion à Bby. Des alliés  membres de la coalition ont décidé de voter Non. Ils ont un parcours et des points de vue à faire prévaloir. Donc évitons de tomber dans une conception autocratique de Bby. La liberté de pensée et la tolérance doivent être acceptées dans la coalition.

Votre gestion du groupe parlementaire Bby  est  souvent l’objet de critiques. Comment vivez-vous cela ?

Le groupe Bby n’est pas une caserne.  Les députés ont la liberté de donner leurs opinions sur la gouvernance du groupe. Les autres membres de la coalition ont aussi le droit de faire des remarques et des objections sur la gestion du pays. Si nous n’arrivons pas à tolérer les divergences d’opinions en notre sein, nous ne pourrons pas nous targuer d’être des démocrates. Les critiques font avancer les choses.

Vos pourfendeurs disent que vous êtes injoignable ?

J’ai trois numéros portables. Je suis à l’écoute de tout le monde. Je n’ai aucun problème dans ce domaine Je suis toujours disponible pour les questions relatives à la vie du groupe. Mais pour les autres questions, ce n’est pas possible.

 

Le Sénégal a signé des accords de défense secrets avec les Etats Unis. En tant que député, comment réagissez-vous à la question ?

 

L’Assemblée nationale n’a pas été informée du contenu de ces accords. La représentation nationale n’a jamais été informée d’accords signés avec des pays partenaires. Lorsque la France a décidé d’alléger son dispositif militaire, je ne pense pas que l’Assemblée nationale ait été informée. De mon point de vue, l’Assemblée doit être imprégnée de ces questions à travers ses commissions spécialisées. J’aurai bien aimé que le ministre des Affaires étrangères et son collègue des Forces Armées édifient l’Assemble nationale sur ces questions stratégiques. Comme j’aurai aimé voir le ministre du Commerce venir nous expliquer les tenants et les aboutissants de la signature des APE. Il faut repositionner l’Assemblée nationale comme organe de contrôle de l’action publique.

Interview réalisée par Amadou BA et Mamadou Makhfouse NGOM (L’AS)

 

5 Commentaires

  1. De quelle histoire parle-t-on ? Après avoir imposé ses quinze points par son référendum, après avoir pris langue avec les Saoudiens pour l’envoi de soldats au Yémen, après avoir décidé qu’en fin de compte le Sénégal n’enverrait que quelques Officiers subalternes et supérieurs, le Président et ses partisans gagneraient le gros lot si une frange de l’opposition défilait en son palais pour un « dialogue » sur je ne sais quoi ! Le Sénégal a des crises à gérer par ceux qui sont élus pour le diriger dans ses différentes institutions, comme c’est le cas dans tous les pays organisés par un système démocratique ! Gouvernez selon votre vision et le moment venu le peuple décidera de vous reconduire ou pas !

  2. C’est plutot toi et tes semblables qui etes une tache noire dans l’histoire du Senegal. Jadis pays de grands intellectuels, c’est maintenant des gougnafiers de ton acabit qui y occupent des postes de responsabilites, signe de notre declin.

  3. lL’histoire ne vient que de commenencer , vous listez de nouvelles dispositions en long et en large ; dispositions que vous memes avez du mal a appliqurer car chez vous ; la methoge c’est a la va vite : on decide et on reflechit après . Espece de tare , reponds plutot a l’injonction du citoyen SONKO . Un seul point et tu commences a perrorer a hue et a dia . C’est simple ; nous ( les deputes ) payons et voice les bordereaux ou recus de versements .
    Votre temps tire a sa fin et la vraie histoire de ce pays v a etre ecrite par des jeunes eduques et integres qui n’ont qu’une ambition server ce pays et sa population . Especes de malfrats …!!!!

  4. Comment dans ce pays, les plus hautes instances gardent-elles le silence alors que tout le monde sait, depuis quelques jours tout au moins, que les députés détournent l’argent public et ceci est aggravé par les arguments servis par le président de l’assemblée nationale, arguments qui sont bidons.
    Voilà les germes d’une violence, dans un état, si tout le monde s’en fou, les gens ont tendance à faire justice elles-mêmes, comment pourrait-on demander à un citoyen qui gagne difficilement 100.000francs de payer l’impôt si ces ignorants et analphabètes, nommés députés se permettent d’insulter les citoyens honnêtes et se refusent à payer l’import qu’ils sont sensé avoir voté et même voté les lois qui sanctionnent ceux qui ne la paie pas.
    Les citoyens sénégalais doivent se réveiller, sinon il sera trop tard.
    Me Mbaye

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