[Video] Moustapha Niasse au perchoir, le parachèvement d’une carrière politique

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Moustapha Niasse, comme attendu, a été élu ce lundi président de l’Assemblée nationale, une promotion qui peut s’analyser comme le parachèvement de la carrière politique de celui qui a été la tête de liste de Bennoo Bokk Yaakaar, la coalition de la majorité présidentielle, lors des législatives du 1-er juillet dernier.

Selon la presse, l’élection de Moustapha Niasse au perchoir était déjà actée, après le renoncement de Moustapha Cissé Lô, qui briguait ouvertement ce poste contre le choix porté par Macky Sall sur le premier. « Ce matin, la vie de Moustapha Niasse va changer de cours. Son CV sera garni du titre qui faisait défaut. A moins d’un cataclysme, Niasse sera élu ce matin, …président. Président de l’Assemblée nationale », prophétisait déjà lundi matin L’Observateur.

Né le 4 novembre 1939 à Keur Madiabel (centre), cet ancien administrateur civil, devenu politicien et homme d’affaires, a raté trois fois de suite l’élection présidentielle. Dont deux sous la bannière de l’Alliance des forces de progrès (AFP), un parti qu’il a créé le 16 juin 1999 et dont il est le Secrétaire général.

Après celles de 2000 et 2007, M. Niasse était le candidat de Benno Siggil Senegaal (BSS) à la présidentielle de février-mars dernier. Il était arrivé troisième au premier tour, derrière le sortant Abdoulaye Wade et Macky Sall, qu’il a soutenu dans son élection au second tour, en mars.

Disciple de l’ancien président socialiste Léopold Sédar Senghor, M. Niasse apportait pourtant son soutien au vieil opposant libéral Abdoulaye Wade, élu le 19 mars 2000 en remplacement du socialiste Abdou Diouf. Avec ce dernier, il a gardé une rivalité qui remontait à l’ère Senghor.

M. Niasse est un ancien baron du Parti socialiste (PS) et de son pouvoir qu’il avait lâchés depuis 1998, en le confirmant urbi et orbi le 16 juin 1999. A l’issue du scrutin présidentiel de l’année suivante, il est sorti des urnes quelque part favorisé par le destin (16,8%).

De nouveau candidat en 2007, M. Niasse termina quatrième (5,93% des voix). Ni vainqueur ni perdant, il s’est retrouvé, en 12 ans, tombeur des présidents Diouf et Wade, mais surtout ‘’faiseur de rois’’, en pesant sur les élections respectives de Me Wade et M. Sall.

En récompense, le président Wade, aussitôt installé en avril 2000, le ramena à la Primature, qu’il avait quittée sans gaîté, exactement 17 ans plus tôt, sous le régime de M. Diouf. Le président Sall a voulu le récompenser de son soutien, en le préférant pour le perchoir.

Outre la figure du ministre qui venait à l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse connaît aussi les travées de l’Hémicycle. De mai 2001 à juin 2006, il a siégé comme député aux côtés de ses proches Madieyna Diouf, Amath Dansokho et Madior Diouf, parmi d’autres.

Avec fracas, M. Niasse et ses camarades avaient quitté leurs fonctions pour respecter la légitimité de leur mandat de cinq ans et protester contre la décision de Me Wade, ainsi que l’amendement du Parlement qui avaient décidé de proroger d’un an lesdits mandats.

Cette loi alléguait le couplage des élections de 2007, soit le 25 février pour la présidentielle et le 3 juin pour les législatives. ‘’L’Assemblée nationale a adopté en séance du mercredi 7 février 2007 et à la majorité des 3/5 des membres la composant.’’

A la suite de la victoire surprise ‘’dès le premier tour du scrutin’’, du président Wade, « l’opposition significative » boycotta les législatives de juin 2007. Un an auparavant, M. Niasse et 10 autres députés du groupe Espoir, ainsi d’autres parlementaires, démissionnaient.

Cette protestation visait, au-delà de la prorogation du mandat des députés et du couplage des élections présidentielle-législatives, à marquer une volonté de réaffirmer le pouvoir des parlementaires et rompre avec une Assemblée nationale à la solde du président de la République.

La nouvelle majorité politique, qui a défait le régime d’Abdoulaye Wade, cherche à asseoir son pouvoir, à travers notamment un contrôle de l’Assemblée nationale pour permettre au président Macky Sall de gouverner sans encombre, dans le respect des Institutions.

Au cours de la campagne pour l’élection de 150 députés, le 1-er juillet dernier, cette volonté de puissance des nouveaux gouvernants se heurte à l’affirmation du principe républicain de la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. La critique va-t-elle changer de camp ?

‘’Les députés de Benno Bokk Yaakaar ne seront pas les élus de Macky Sall comme [l’ont été] ceux d’un passé récent. [Ils] représenteront le peuple et seront loyaux vis-à-vis du chef de l’Etat choisi comme eux par les Sénégalais’’, a affirmé Moustapha Niasse, récemment à Kaolack.

‘’Nous espérons gagner avec une large majorité pour permettre à l’Exécutif [de dérouler] sans accroc […] le programme de rénovation nationale dont les éléments ont été rassemblés pendant trois ans’’, a dit l’ancien conseiller technique, puis secrétaire d’Etat, ministre et Premier ministre.

L’homme est tenace. Son frère Sako Diop se confiait ainsi à Sud Quotidien: ‘’Moustapha Niasse est un homme imperturbable, très serein et très clairvoyant. Il avance à petits pas, mais il avance sûrement vers l’objectif qu’il s’est fixé.’’

Pour l’ancien archevêque de Dakar, feu le cardinal Hyacinthe Thiandioum, le musulman réputé Moustapha Niasse est ‘’un homme intelligent, formé par Senghor. Il connaît le pays, est l’ami des Arabes et affiche une grande ouverture d’esprit à l’égard du christianisme’’.

‘’Ancien Premier ministre et longtemps ministre des Affaires étrangères de son pays, M. Niasse apportera à la conduite de sa mission l’autorité de l’homme d’Etat, l’expérience du diplomate et un engagement profond en faveur de la paix en Afrique’’, écrivait en avril 1999 Kofi Annan.

L’ex-secrétaire général des Nations unies nommait M. Niasse envoyé spécial en République démocratique du Congo (RDC). M. Annan l’a désigné six ans plus tard membre du Haut conseil pour l’Alliance des civilisations.

Politicien, M. Niasse est aussi un homme d’affaires prospère, généreux avec les étudiants, les malades, les démunis et les artistes sans le sou. Il a des intérêts dans les hydrocarbures, les assurances et l’industrie, mais il garde ses attaches avec la terre qu’il cultive dans le centre du Sénégal.

Marié à Marianne Cissé, l’ancien Premier ministre est père de quatre garçons et de deux filles. Dans une émission radiophonique, le prêcheur Alioune Sall – aujourd’hui candidat à la députation – saluait le culte que le politicien Moustapha Niasse voue à sa mère âgée 97 ans, le donnant en modèle pour les jeunes.

‘’Nous sommes fiers de voir ces populations frétiller d’impatience, d’enthousiasme, de confiance et de foi. Ce pays va changer dans quelques temps. Vous allez voir les améliorations qui vont survenir dans beaucoup de domaines’’, promettait-il lors de la campagne pour les législatives.

aps.sn

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