Moustapha Niasse ou le dernier combat d’un baroudeur

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 A 73 ans presque, Moustapha Niasse, candidat de Bennoo Siggil Senegaal (BSS), s’approche de l’âge de la retraite présidentielle de Léopold Sédar Senghor et de celui du président Abdoulaye Wade en 2000. Ce qui fait de l’ancien Premier ministre un vétéran de la course à la présidence de la République du Sénégal.

Né le 4 novembre 1939 à Keur Madiabel (centre), le Secrétaire général de l’Alliance des forces de progrès (AFP), parti créé le 16 juin 1999, a été investi début janvier dernier par son parti et la Coalition BSS comme candidat à la présidentielle du 26 février 2012. Un troisième essai pour cet ancien administrateur civil, devenu politicien et homme d’affaires.

A l’issue du scrutin présidentiel du 19 mars 2000, l’ancien responsable au Parti socialiste (PS), formation au pouvoir qu’il avait lâchée l’année d’avant, est sorti des urnes quelque part favorisé par le destin : il n’est ni vainqueur ni perdant, mais il se présente en ‘’faiseur de roi’’.

Arrivé troisième au premier tour avec 16, 8% (le 27 février 2000), M. Niasse scella une alliance tactique avec l’irréductible opposant libéral Abdoulaye Wade (74 ans) pour avoir la peau de son ex-camarade et non moins rival socialiste, Abdou Diouf. Une occasion de solder les comptes après le départ de Senghor, parti volontairement du pouvoir à 74 ans.

M. Niasse ne fit pas de cadeau à M. Diouf. Au contraire, il fit une fine fleur au chef de l’opposition, grâce à un report de voix et ce fut l’alternance démocratique. En récompense, le troisième président, aussitôt installé, le ramena à la Primature, qu’il avait quittée sans gaîté de cœur, exactement 17 ans plus tôt, sous le régime du président Diouf.

D’avril 2000 à mars 2011, M. Niasse assura les fonctions de Premier ministre, dans une ère de complicité festive, puis d’adversité subtile.

Dans l’alliance, les intrigues se font jour et les enjeux de la réforme constitutionnelle pour renforcer les prérogatives de l’Assemblée nationale, alors que le pays s’apprêtait à aller aux élections législatives, finirent par avoir raison de ‘’l’entente cordiale’’.

Le président Wade redistribua les rôles. L’heureuse élue s’appelait Mame Madior Boye, une ancienne magistrate et ci-devant ministre de la Justice du gouvernement dirigé par Moustapha Niasse. Me Wade s’en défendit : ‘’Je ne vais pas nommer quelqu’un qui passe tout son temps à lorgner mon fauteuil.’’

Moustapha Niasse rejoint dans l’opposition son ami et ancien ministre Amath Dansokho qui avait quitté le gouvernement, à cause d’une liberté de ton tombée dans la légende. Ces deux vétérans vont faire de leur dernier allié, Me Wade, une cible et du PS, leur partenaire stratégique.

A la présidentielle du 25 février 2007, M. Niasse, qui croyait avoir saisi l’occasion de faire payer à Me Wade le prix de la séparation, s’en est tiré avec trois fois moins que son score de 2000. ‘’Le fichier électoral piégé d’Abdoulaye Wade et d’Ousmane Ngom’’ aurait déjoué les calculs, accuse-t-il.

Le candidat de la coalition Alternative 2007 est en définitive quatrième, avec 203.129 voix sur 3.424.926 suffrages exprimés (5,93%). Avec ‘’l’opposition significative’’, il boycotta les législatives de juin de la même année et perdit ses sièges et son groupe parlementaire à l’Assemblée nationale.

’’Ce qui s’est passé en 2007 ne sera plus toléré. (…) l’expérience nous a instruits que devant la déloyauté et la violation du principe d’objectivité en matière électorale, de la part d’un pouvoir ayant failli à ses obligations sacrées vis-à-vis du peuple, le devoir de résistance et de refus s’impose (…)’’, déclarait-il lors du 2-ème congrès ordinaire de l’AFP, le 26 mars 2011.

L’élection présidentielle en vue permettra, selon lui, ‘’un retour à un Etat démocratique’’ car, a-t-il ajouté, ‘’S’il plait à Dieu, le peuple souverain, en février 2012, veillera, en y mettant tous les moyens qu’offre la loi, à ce que nul stratagème, nul traquenard, nul piège pernicieux ne viennent vicier et pirater le système électoral sénégalais’’.

Moustapha Niasse est un habitué des affaires. Sa vie est indissociable de celles des trois chefs de l’Etat du Sénégal, Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf et Abdoulaye Wade. Conseiller technique, secrétaire d’Etat et ministre de souveraineté et Premier ministre. Il ne lui reste que la fonction suprême.

L’homme est tenace. Son frère Sako Diop parlait ainsi de lui en juin 1999 à Sud Quotidien : ‘’Moustapha Niasse est un homme imperturbable, très serein et très clairvoyant. Il avance à petits pas, mais il avance sûrement vers l’objectif qu’il s’est fixé’’.

La même année, l’ancien cardinal Hyacinthe Thiandioum disait de M. Niasse qu’il est ‘’un homme intelligent, formé par Senghor. Il connaît le pays, est l’ami des Arabes et affiche une grande ouverture d’esprit à l’égard du christianisme’’ (Jeune Afrique).

’’Ancien Premier ministre et longtemps ministre des Affaires étrangères de son pays, M. Niasse apportera à la conduite de sa mission l’autorité de l’homme d’Etat, l’expérience du diplomate et un engagement profond en faveur de la paix en Afrique’’, écrivait en avril 1999 l’ex-Secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan qui fit de Niasse son Envoyé spécial en RD-Congo. Il le nomma également membre du Haut Conseil pour l’Alliance des civilisations.

Politicien, M. Niasse est aussi un homme d’affaires prospère. Une fortune dont profitent étudiants, malades, démunis et artistes sans le sou. Il compte un cabinet d’expertise et de consultation juridique, des parts de marchés dans les hydrocarbures raffinées en Afrique de l’Ouest, les assurances, l’exploitation du sel et l’agriculture.

Marié à Marianne Cissé, Moustapha Niasse est père de 6 enfants (4 garçons et 2 filles). Au cours d’une émission radiophonique, Alioune Sall, prêcheur adulé à Sud-FM saluait le culte que le politicien Moustapha Niasse voue toutefois à sa mère, le donnant en modèle pour la jeunesse sénégalaise.

M. Niasse revendique des attaches dans le nord et le sud du Sénégal, dans une volonté d’alliance hégémonique. Ses amis politiques sont aussi d’anciens camarades de lycée, les ex-ministres Madieyna Diouf, Madior Diouf et Amath Dansokho.

Ce sont des piliers de sa coalition transversale. Moustapha Niasse, homme du terroir, le Bassin arachidier, vote à Keur Madiabel depuis l’élection de 2000 pour espérer conquérir le Sénégal.

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