Moustapha Samb, membre de la coalition Macky 2012 : «Il faut éviter de défendre systématiquement le gouvernement»

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L’universitaire Moustapha Samb est le premier candidat déclaré à avoir rejoint la coalition Macky 2012 à l’élection présidentielle de 2012. Dans cet entretien qu’il nous a accordé, ce spécialiste de la communication estime que le gouvernement doit éviter de défendre systématiquement le gouvernement.

Professeur, on ne vous a pas entendu au moment du partage des responsabilités politiques. C’est un oubli ?
Je pense que ce n’est pas une course de vitesse. J’ai l’habitude de dire que le président Macky Sall ne peut pas se souvenir de tout le monde en même temps. Il faut qu’on apprenne à être patient. Je pense qu’un jour viendra où ce sera, peut-être notre tour. Mais l’essentiel est que le pays marche.
La campagne vous a également coûté une fracture au pied. Comment ça va maintenant ?
C’est vrai qu’elle m’a un peu perturbé, mais je reprends petit à petit mes activités.
Comment se porte la coalition Macky 2012 ?
La coalition se réunit de temps en temps, mais de moins en moins. Les leaders politiques qui la composaient se sont retrouvés de l’autre côté du gouvernement ; mais beaucoup ne sont pas satisfaits. Je pense qu’avec le temps, les choses rentreront dans l’ordre. Mais le plus important c’est que cette coalition soit solidaire du président pour relever les défis.
Quelle analyse faites-vous de la nomination de Niasse à la présidence de l’Assemblée nationale ?
Niasse mérite bien ce poste parce qu’il a soutenu, sans hésiter, Macky Sall au second tour. Je pense que c’est un geste extrêmement noble, digne, patriotique qu’il faut saluer. Compte tenu de son cursus, de sa trajectoire et de son expérience, il mérite amplement ce poste.
Pourtant la proposition de sa candidature a provoqué des remous !
C’est tout à fait normal parce que l’Alliance pour la République (Apr) est le parti au pouvoir. Il est donc normal qu’il y ait des velléités d’occupation de ce poste, somme toute, stratégique. Mais par un sursaut patriotique, on a su dépasser cela.
Ne pensez-vous pas que ces grincements de dents sont une bombe à retardement dans cette Assemblée ?
Moi, je ne suis pas contre les divergences de points de vue sur les problèmes du pays. Parce qu’une vision uniforme en permanence serait très inquiétante pour le peuple sénégalais de la part d’une Assemblée nationale qui chercherait toujours à trouver des consensus à chaque fois qu’il y a des difficultés. Je crois qu’il est nécessaire qu’il y ait parfois des contradictions, des échanges. Parce que ce sont les contradictions qui font la richesse. Maintenant, ils sont ensemble, dans une grande coalition, il faut éviter qu’il y ait une uniformisation des points de vue à tout instant. Mais aussi, il faut éviter qu’il y ait, en quelque sorte, une phobie d’un éventuel clash. Il fallait être ensemble et gagner ensemble. Je pense que si les gens s’entendent sur l’essentiel, la majorité parlementaire peut bel et bien être solidaire de l’Exécutif tout en faisant son travail. Parce que les gens pensent que l’Assemblée doit se braquer contre l’Exécutif.
Cela ne doit pas être le cas ?
Le concept de rupture est mal appréhendé. La rupture ne signifie pas s’opposer au gouvernement et rejeter les projets de loi qui émanent du gouvernement. La majorité a un devoir de solidarité vis-à-vis de l’Exécutif. Mais la rupture réside dans le fait d’abandonner les anciennes pratiques rétrogrades, antipatriotiques de l’ancienne Législature. Toutefois, cela ne signifie pas que la majorité actuelle ne doit pas avoir une posture de fidélité et de solidarité vis-à-vis de l’Exécutif.
Quelle lecture faites-vous de la notion de vacances ou pause gouvernementale qui a créée une certaine cacophonie ces derniers temps ?
Je pense que le peuple est aussi trop exigeant. Parce que le gouvernement a expliqué que ce ne sont pas des vacances de loisir. Mais des vacances-pause avec une continuité de l’administration. L’exemple du président de la République qui, après une campagne électorale éprouvante, a enchainé au palais avec les problèmes est là : depuis lors il n’a connu aucun instant de répit. Je crois qu’un être humain n’est pas une machine. Et compte tenu de tout cela, les gens doivent faire preuve de compréhension. Parce que Macky Sall a hérité de beaucoup de problèmes qu’il s’attèle à régler. Car il sait où il va. C’est vrai qu’il y a des exigences, des urgences, mais elles ne peuvent être réglées que dans le temps. Macky Sall est dans cette dynamique.
Est-ce à dire également que le chef de l’Etat est dans une dynamique de rupture ?
Je pense qu’il est sur la bonne direction. Mais ce n’est pas le chemin qui est difficile, mais «c’est le difficile qui est le chemin». Nos régimes ont l’habitude de défendre becs et ongles tout ce que fait le gouvernement. Non ! Le gouvernement fait des efforts. Il y a encore des zones d’ombre. Pour cela, il faut que le gouvernement continue à travailler, à écouter le peuple, à être impatient et à aller dans le sens du peuple. Ce qui est important, c’est d’aller dans la direction souhaitée. Il ne s’agit pas de vouloir, tout de suite, régler tous les problèmes. L’essentiel c’est d’accepter toujours qu’on a fait des erreurs et de pouvoir les rectifier. Parce qu’on a un nouveau gouvernement et un Etat qui commencent à se familiariser avec les dossiers. La gouvernance d’un pays, c’est un processus permanent d’ajustement et de réajustement. Il est fort possible qu’il y ait des ratés, des insatisfactions. Et il faut l’accepter dans la communication politique en reconnaissant qu’il y a des affaires qui restent à faire. Le peuple a le droit d’être impatient. Mais les insatisfactions sont normales compte tenu du temps dont nous disposons. Mais nous sommes dans la voie et nous avons la volonté politique de poursuivre dans ce chemin-là. Donc il faudrait éviter la propagande car l’autocritique nous permet d’aller de l’avant. Donc il faut éviter la frilosité et la phobie de la critique. Cela dit, les gens confondent souvent la communication politique du gouvernement et la politique de communication de l’Etat ou de la Présidence.
Quelle est la différence ?
La politique de communication émane en fait de la présidence de la République. Et ça prend en charge l’Exécutif, le Judiciaire et le Législatif. C’est une vision globale de la politique de communication du pays. La communication politique n’est que l’aspect mis en œuvre par le gouvernement de la politique de la communication de l’Etat qui est plus vaste.
Est-ce qu’il y a des choses que Macky doit changer dans sa communication ?
Il faut éviter de défendre systématiquement le gouvernement. Il faut pouvoir accepter qu’il y a des choses qui restent à faire et que nous nous y attèlerons. Car toute action humaine comporte des aspects fonctionnels et des aspects dysfonctionnels. Pour ça, il faut essayer de faire une autocritique et progresser. Je crois qu’il faut une humilité. Parce que l’Etat modeste dont parle Macky Sall ne se limite pas au comportement, au fait de se faire discret, d’être moins ostentatoire. Il doit être pris en compte dans le contenu du discours politique. Il doit conduire parfois nos gouvernants à accepter ce qui marche et ce qui ne marche pas.
Que pensez-vous de l’idée agitée de revoir les textes de l’Assemblée nationale pour permettre à l’opposition d’être systématiquement représentée dans le Bureau ?
Je suis d’accord avec tout ce qui fait progresser la démocratie. Je ne souhaite pas une uniformisation de la vie politique sénégalaise. Ce serait la mort de la démocratie. Il faut qu’on s’organise à l’Assemblée pour donner à l’opposition des espaces de contestation, de discussion, de participation, de manière à ce que le jeu démocratique soit à la hauteur de l’image que le Sénégal revendique sur le plan démocratique. Source : La Tribune

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