Niasse, Tanor, Macky et Idy face à leur image

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Arrogance, rancune, élan vindicatif, passiveté, incapacité à convaincre, copies politiques de leurs mentors, doutes sur leur fiabilité, aptitudes à assumer leur passé politique et à inventer un horizon… En vrac, Niasse, Tanor, Idy et Macky sont confrontés à ces étiquettes dans leur pratique politique. Peuvent-ils changer, sans renier les fondamentaux de leur action politique et de leur personnalité, pour séduire l’électorat ? lesenegalais.net met en place sa grille de lecture

C’est le temps de la glaciation « fraternelle ». Les éclats des affrontements passés, sous les chapiteaux libéral et socialiste, continuent à visiter le quotidien des héritiers déchus. Niasse et Tanor ne sont plus ensemble, à l’ombre verte de la Maison du parti. L’ombrelle de Bennoo aura ravivé les rivalités féroces, à cause d’une faim de leadership. Elle sera finalement trop étroite pour porter les envies de pouvoir de l’un et de l’autre. Ousmane Tanor Dieng est investi candidat de Bennoo Siggil Sénégal ak Tanor ; Idrissa Seck, snobé par Macky Sall, aura eu son « orange » euphorisante au Stade Amadou Barry de Guédiawaye. Le rire calculé dissimule mal le compteur accroché au cœur de chaque candidat à la présidentielle. Il bat la chamade… de la tentation solitaire !

Les trajectoires individuelles sont déterminées par l’opposition entre ex-frères, mais aussi la capacité de chacun à lisser les aspects rocailleux de son image dans l’opinion : arrogance, rancune, inexpérience, manque de poigne, inféodation à des méthodes de gouvernance dénoncées, peu d’éloquence, manque de poigne, etc.

Ousmane Tanor Dieng n’est pas que le second d’un perdant couvert de gloire au soir du 19 février 2000, le Président Abdou Diouf. Il est considéré, à tort comme à raison, comme le facteur limitant du « changement » prôné par le Parti socialiste après près d’un demi-siècle d’exercice du pouvoir. Que le génie Séguela se perde dans ses formules magiques, leurs aires d’expérimentation ainsi que le temps politique n’absout pas OTD de la faute du plomb qui a tiré l’or dans les abysses du fleuve politique. L’ancien ministre des Services et Affaires présidentiels du Président Diouf a une perpétuelle épreuve de légitimité à surmonter dans la maison socialiste comme dans le paysage politique. Sa désignation comme Secrétaire général a été un pas, à l’opposé du fameux « Congrès sans débats » de 1996. Il doit aussi recycler un parti accusé d’arrogance lorsqu’il exerçait le pouvoir. Une ombre qui exhume toujours le contentieux historique avec les milieux intellectuels comme les couches populaires éprouvées par les politiques d’austérité successives.

Moustapha Niasse, un des symboles du senghorisme, est le tenant d’une légitimité trahie. La conquête du pouvoir lui évitera le destin d’un héros politique au rêve inabouti. Il a été Directeur de Cabinet de l’orfèvre des mots et de la pensée négro-africaine au carrefour des cultures du monde. Il s’est vu plus imprégnée de la philosophie senghorienne de vie et de gouvernance que quiconque. Le ministère des Affaires étrangères a été le pont sur lequel il a rencontré le monde, après un bref passage à la Primature, le premier pour conduire à la suppression du poste et le second pour accompagner les soleils de l’Alternance. Faiseur de roi en 2000, avec ses 14%, il en a été réduit à remercier le patron à l’élection duquel il revendique une contribution décisive : « Merci, Alhamdoulilah, au revoir ». Le cliché de rancunier lui va comme un gant dans l’imagerie populaire. C’est son épreuve capitale. Gagner face à Wade est comme une belle revanche dans les dernières marches de sa trajectoire politique.

Macky Sall est finement dépeint par Idrissa Seck comme le soutier de sa déchéance. Il aurait apporté des outils, serré des vis et habité la bonne conscience de ses compatriotes, histoire d’enfoncer son prédécesseur à la Primature. Idrissa Seck s’est placé, publiquement, dans la peau de celui qui pardonne. Auparavant, ils auront été les faux jumeaux sous la direction de leur mentor, le Président Wade. Dans leurs premières foulées, l’un sera pressé de devenir kalife et l’autre loyal bras de Maître. Au final, les deux seront dépeints comme des seconds à l’ambition évoluant à une vitesse supersonique. En attendant la vérité des urnes, les indices des sondages les départagent, courant le risque d’une rixe verbale sur fond de fonds taïwanais. C’est le choc des héritiers et des styles. Seck est bon orateur. Il sourit en flinguant le sujet de ses sorties, a une réputation de dur à cuire, adore le spectacle en politique (en plein air comme au studio !) etc. Macky revendique son peu de penchant pour la parole, est un homme de dossiers, a l’allure d’un haut fonctionnaire, a une élaboration sobre et une élocution parfois peu tonique, adore le silence, mais révèle des signes de nervosité dès qu’il est en posture défensive, etc.

Comme Niasse et Tanor, Idrissa Seck et Macky Sall ont leur croix à porter : assumer leur passé politique tout en invitant leurs compatriotes à une nouvelle aventure politique, sur les sentiers de la République. Le facteur « image personnelle » est d’un poids lourd sur la balance.

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4 Commentaires

  1. le président Macky Sall a toujours assumé sa part de responsabilité dans la gestion des affaires publiques,ce que lui a valu sa défénestration en convoquant le fils du président WADE.Que les autres candidats assument et les sénégalais jugeront!

  2. cette analyse malgres tout son eclaircissement suscite quelque reserve dans la mesure ou concernant quelques candidats on peut apporter des suggestions
    En effet la logique voudrait que dors et deja qu on s attarde sur ce que les senegalais veulent
    Par exemple le candidat Macky Sall malgres tout les proches merite pas cette descrition
    Pourquoi il a demissionner du pouvoir apres cette vote durant sa regne de president de l assemblee nationale mais une bonne question.
    Ensuite pourquoi lui reprocher son caractere de flegmatique
    si jamais il avait quelque chose a se reprocher les partisans du pds l abattront comme une bete malfaisante.

  3. Ceci demontre la necessite d’un debat publique entre tous les candidats a la station presidentielle. Cela permettrait justement a ces candidats de s’expliquer sur les sujets qui les interpellent, de confronter leurs idees, de defendre leur projet de gouvernement, et par la meme occasion de se rapprocher beaucoup plus des electeurs qui pourront ainsi faire un choix beaucoup plus informe, donc plus democratique.

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