Nos présidents, ces gamins qui nous dirigent, par Aldiouma Sow

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A l’inverse de Cheikh Anta Diop qui partit de l’Égypte Antique pour restaurer la dignité bafouée de l’Homme noir et en déduire une perspective politique sous le prisme d’une nécessaire renaissance culturelle comme préalable au développement économique et technologique du continent , le professeur Abdoulaye Ly adepte de l’anti-histoire a préféré ne pas sortir des frontières de la Sénégambie pour expliquer la débâcle des sociétés africaines en insistant particulièrement sur l’impréparation et l’irresponsabilité de nos rois en exercice au moment de la découverte des cotes ouest africaines par les premiers explorateurs occidentaux pour justifier notre débâcle politique et militaire face à ces derniers. Pour cet auteur, l’incapacité des sociétés africaines de reprendre le dessus sur les puissances coloniales est à chercher dans la nature du leadership politique qui tenait les structures politiques négro africaines à l’orée du commerce triangulaire. Ce leadership sans foi ni loi, insoucieux à l’image de celui de ce roi du Cayor que Youssou Ndour décrit comme un ivrogne était plutôt occupé par le goût du luxe, du confort et de la puissance futile et insensée sur ses propres sujets qui le poussaient à vendre ces derniers sans remord aux négriers alors qu’un bon leadership politique aurait consisté à leurs doter de capacités technologiques, spirituelles et militaires  pour faire face à ces envahisseurs. Il faut noter par ailleurs,que sa pensée fut récemment réactualisée par le Professeur et actuel recteur de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar en l’occurrence Ibrahima Thioub (qui nous a d’ailleurs promis de publier un livre sur cette question). A travers un article où il met en évidence les facteurs culturels à l’origine de l’immobilisme actuel de nos sociétés, le professeur Thioub montre comment les mêmes causes continuent de produire les mêmes effets.Autrement dit, par une approche historique pour expliquer le « sous-développement » des pays africains , ce dernier nous informe qu’en vérité c’est parce qu’au plan politique, nous sommes toujours gouvernés par une élite administrative qui perpétue cette même culture politique qui a permis de dépouiller l’Afrique de ses braves jeunes gens à travers le commerce triangulaire que nos sociétés peinent à décoller, à émerger pour écrit- il, reprendre la tête du peloton dans la marche de l’histoire générale de l’humanité. On comprend alors que dans cet ordre d’idées, les miroirs, les armes à feu et les différents vins sont de nos jours remplacés par les grosses bolides, les montres, les costumes et chaussures très dispendieux et d’autres joyeux de toute sorte. Cette fascination qu’exerce sur nos dirigeants politiques et spirituels cette nouvelle pacotille des temps modernes creuse nos déficits publics et affaiblit les capacités d’épargne de nos ménages au détriment de l’investissement public et privé dans la recherche scientifique et technologique comme premiers fondamentaux pour bâtir une société civile de la raison et non des passions et de l’émotion spirituellement forte, moderne et respectée par ses semblables. Parce qu’en vérité de là dépende la seconde phase à savoir la dotation en moyens logistiques (routes, aéroports et chemin de fer…) qu’exigent l’ordre économique généré par cette nouvelle culture forgée par ces investissements dans les secteurs précités sans préjudice des investissements dans l’hygiène et la santé publiques.

Bien plus, aujourd’hui, l’attachement de nos gouvernants post indépendances (formelles octroyées), aux mégas infrastructures en lieu et place de véritables politiques au plan social pour jeter les bases d’une société civile policée par l’éducation (technologique, scientifique, sanitaire, philosophique, spirituelle et morale) fondée sur nos valeurs, largement partagées, rappelle malheureusement cette naïveté qui caractérisait certains rois d’Afrique noire pré commerce des esclaves.

Parce qu’en vérité, le constant est que les trois instruments de socialisation qui doivent procurer à la population la discipline que requiert la durabilité et l’entretien de telles infrastructures sont tous laissés à eux même et ne sont aucunement une priorité pour nos gouvernants. ( cf ratio budget des investissements dans l’équipement scolaire et technologique versus budget en dépenses personnelles pour l’ensemble des membres du gouvernement et du personnel administratif , notamment leurs part dans les ressources propres à l’État , je veux dire venant des impôts et taxes )

L’École néocoloniale est devenue naturellement obsolète, inadaptée et un instrument d’une minorité d’assimilés adeptes de ce goût du luxe et de confort.

La famille est devenue plus que vulnérable aux influences de toute sorte et devient de plus en plus incapable de jouer son rôle d’incubateur de valeurs telle que le mérite fondé sur l’amour du travail.

La Justice est aux ordres de dirigeants politiques marionnettes sans perspective historique compromettant la dignité et l’avenir de leur peuple au plus offrant sans se soucier des risques d’acculturation et de dépendance économique que comportent les marchés qu’ils passent à l’étranger pour assouvir leurs désirs pharaoniques.

Tout ceci montre au final que l’esprit enfantin qui caractérisait certains de nos rois est toujours vivant et vivace dans notre élite politique gouvernante et le large sourire de notre président dans les locaux de Alstom rappelle bien celui d’un gamin à qui on ouvre la boite contenant son cadeau de fête de fin d’année.

Cela prouve en outre , qu’après plusieurs siècles après la fin de l’asservissement matériel de nos populations que symbolise la traite négrière transatlantique, la même culture politique nous gouverne toujours et perpétue cet asservissement dans sa forme la plus criminelle à savoir culturelle, dépouillant au passage de leurs sens les différentes alternances politiques réalisées dans ce pays et réussies dans certaines régions du Sud du Sahara. Cette culture politique et administrative qui consiste pour satisfaire son goût du luxe et de confort (évidence d’une abdication face au déterminisme physiologique, des organes de sens) on se permet certaines dépenses pharaoniques dans des projets qui ne sont nullement une priorité pour nos sociétés, corrompt les mœurs des jeunes générations et nous mènent directement à la situation que vit actuellement une Europe ayant simultanément abdiqué face au matérialisme dialectique et au marché (cf Zémour dans le suicide français, les quarante années qui ont défait la France, reprenant Samuel Huntington dans le choc des civilisations).

Ensuite, ces projets menées au mépris de leur coût financier exorbitant réduisant nos marges de manœuvre diplomatique et économique et au mépris de la pauvreté des masses laborieuses qui ont du mal à joindre les deux bouts, rappellent ce mépris qu’avaient ces rois négriers au cris de cette mère à qui on arrache son enfant pour le vendre aux Amériques.

C’est pourquoi, au vu du déficit d’intégration et d’inclusion qui caractérise une frange importante de notre population ( cf statistiques ASND 2013 sur la population carcérale avec une augmentation constante pour le nombre prévenus et de condamnés et sur le nombre de morts sur nos routes ) ajouté à la dépendance technologique chronique vis à vis de l’impérialisme international qui œuvre pour nous maintenir dans notre situation de dominé et d’exploité, la priorité est à notre avis l’investissement dans la constitution d’un capital humain de qualité qui passe par la fondation d’une École dont le programme est adapté aux impératifs de l’heure pour produire un citoyen discipliné bien outillé et conscient de son rôle d’acteur historique dans la transformation de nos sociétés et un système répressif composé de magistrats libres , autonomes et formés à nos pratiques endogènes de règlement des différends.

Par ce qu’il ressorte d’une loi historique invariable qui postule qu’un groupe social se constitue et survit grâce un système cohérent dont les éléments interagissement pour garantir la survie de ce groupe. Ces éléments sont d’abord des valeurs largement partagées sur lesquelles se construit l’économie. Ces dernières sont ensuite codifiées en normes juridiques ( le politique ) et ces normes sont garanties par un système de sanction( la justice ) neutre et au dessus de la mêlée. Pour se consolider dans le temps et dans l’espace, ce groupe doit d’abord consentir beaucoup d’efforts dans l’éducation et la justice deux piliers essentiels sans lesquels tout projet dans le sens d’assurer la sécurité intérieure et extérieure sera vain car ces deux instruments forgent chez le citoyen le sentiment d’appartenance à un ordre de valeurs( une communauté nationale ) et permet de sanction tout comportement déviant qui risque d’effriter cette communauté en sapant sa cohésion et en mettant ses membres dans un climat d’insécurité qui développe chez ces derniers un réflexe d’auto-défense rappelant l’état de nature marqué par l’absence d’autorité politique centrale ( un État ).

En définitive, ces considérations mentionnées ci dessus doivent induire à notre avis au niveau des forces sociales patriotiques et nationalistes, un engagement et un travail sans précédent de conscientisation et d’organisation à la fois envers les masses populaires et envers la classe moyenne de notre pays pour que définitivement, elles signent leur divorce avec ce système de prédation qui nous mène dans un cul de sac sans autre issue que l’immobilisme social.

 

Aldiouma Sow, pour le triomphe de la vérité, pour la victoire du peuple !

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