« Nous sommes plongés dans la terreur » : les journalistes ivoiriens et étrangers empêchés de travailler librement

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Reporters sans frontières dénonce les intimidations répétées et les actes de violences perpétrés contre plusieurs journalistes en Côte d’Ivoire alors que la crise politique née de l’issue de l’élection présidentielle du 28 novembre 2010 perdure.

« Nous déplorons le climat de peur qui pèse actuellement à Abidjan sur les journalistes couvrant l’actualité ivoirienne. Le pourrissement de la situation, la poursuite du bras de fer entre Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo, et les violences rendent la vie très difficile aux reporters, soumis à la fois à de fortes pressions et à des problèmes de sécurité. Depuis le 28 novembre dernier, la presse est prise en otage », a déclaré Jean-François Julliard, secrétaire général de Reporters sans frontières.

Préférant garder l’anonymat, plusieurs journalistes ivoiriens témoignent du climat de peur actuel. « C’est vrai que nos journaux paraissent, mais il est très difficile de travailler actuellement en toute quiétude. Nous recevons des menaces de mort, tous les jours, sous forme de SMS ou d’appels téléphoniques. Aujourd’hui, par peur d’être attaqués, nous avons été obligés d’abandonner le siège du journal pour travailler ailleurs », a confié à Reporters sans frontières un journaliste ivoirien de presse écrite.

« Malgré notre indépendance et nos efforts pour être neutres, nous avons reçu des pressions de la Présidence qui ne veut pas qu’on appelle Alassane Ouattara « le Président élu ». Nous sommes donc obligés d’écrire par exemple ‘l’ancien Premier ministre’ ou ‘le mentor du RHDP' », regrette pour sa part le rédacteur en chef d’un quotidien ivoirien.

Après un mois de décembre déjà dangereux, les journalistes ont risqué leur vie lorsqu’ils ont couvert les affrontements meurtriers survenus cette semaine entre policiers, gendarmes et militaires d’un côté, et populations locales de l’autre, dans certains quartiers d’Abidjan comme Abobo (nord de la ville, réputé pro-Ouattara). « On n’est pas à l’abri, on ne sait pas d’où la balle va venir », s’inquiète un journaliste ivoirien.

Le 11 janvier, à Abidjan, une équipe de la chaîne panafricaine Vox Africa qui se déplaçait avec des Casques bleus a été braquée à la kalachnikov par des éléments de la Garde républicaine appuyés par des membres du Centre de commandement des opérations de sécurité (CECOS), de la gendarmerie et de la Brigade anti-émeute (BAE). Le menaçant de l’abattre s’il ne coopérait pas, les éléments de la Garde républicaine se sont faits remettre par le caméraman sa caméra, qu’ils ont rendue le lendemain à la brigade de recherches de la gendarmerie d’Abidjan.

Dans les médias publics, à la Radio-Télévision Ivoirienne (RTI) ou au sein du quotidien Fraternité Matin, les journalistes reconnus ou supposés proches du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) sont mis à l’index. L’un d’entre eux, animateur d’une émission sportive, a été exclu de l’antenne, le 5 janvier 2010. D’autres ne se rendent plus au travail.

Début janvier, le chef des opérations de maintien de la paix des Nations unies, Alain le Roy, a évoqué les « très grosses difficultés » endurées par l’Onuci, confrontée à une population « de plus en plus hostile », en raison, selon lui, « des affirmations mensongères » de la télévision d’Etat RTI. Les membres du Conseil de sécurité ont ensuite demandé « un arrêt immédiat de l’utilisation des médias, spécialement par l’intermédiaire de la RTI, pour propager de fausses informations et inciter à la haine et à la violence, y compris contre l’ONU ».

Reporters sans Frontières

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