USURE DU POUVOIR – « Four more years ». L’hebdomadaire Bloomberg Businessweek a réussi un joli coup médiatique cette semaine en consacrant sa Une à un Barack Obama artificiellement vieilli de quatre années.
Certes, le magazine américain force le trait pour illustrer l’ampleur de la tâche qui attend le président fraîchement réélu. Mais le contraste avec le jeune sénateur plébiscité en 2008, le survivant de 51 ans de 2012 et le futur retraité de 2016 est particulièrement frappant.
« »Il y a un côté usé. Il y a 4 ans, [les Américains] ont élu Will Smith, ils réélisent Morgan Freeman », a résumé à sa manière le directeur du Point Franz Olivier Giesbert.
Simple témoignage du temps qui passe? De nombreux spectateurs de la soirée électorale américaine de mardi ont découvert avec surprise la métamorphose de la famille Obama et des deux fillettes, Sacha et Malia, devenues en quatre ans d’élégantes adolescentes.
Mais à l’image du subtile photomontage de Businessweek, les photos des leaders mondiaux vieillissants en disent long sur l’âpreté de la vie politique et les conséquences morphologiques de l’exercice des responsabilités gouvernementales. Cheveux blancs, cernes, rides… En l’espace d’un mandat, présidents et premiers ministres accusent bien souvent le coup, l’usure du pouvoir s’imprimant jusque dans les traits du visage.
Une conséquence logique d’une vie harassante faite de tracasseries perpétuelles, de stress quotidien, de nuits et de vacances écourtées, de catastrophes à gérer et de voyages incessants d’un bout à l’autre du globe. Comme l’a démontré le professeur Hans Selye, pionnier des études scientifiques sur le stress, « le stress est l’équivalent d’un phénomène d’usure de l’organisme ».
Difficile du coup de confondre le fringuant Nicolas Sarkozy élu en 2007 et le président mûr battu en 2012. En cinq ans, malgré un régime alimentaire maîtrisé et une pratique sportive régulière, l’ancien président de la République a pris un surprenant coup de vieux.
Le contraste est tout aussi saisissant pour son ancien premier ministre, François Fillon, qui a lui aussi exercé des responsabilités gouvernementales pendant la totalité du quinquennat.
Ce phénomène de vieillissement est amplifié par le fait que la plupart des chefs d’Etat accèdent au pouvoir aux alentours de la cinquantaine. Une période charnière, marquée par des métamorphoses physiques et psychiques importantes, particulièrement chez les femmes mais également chez les hommes.
Entre 2008 et 2012, Hillary Clinton est ainsi passée par plusieurs transformations physiques alors qu’elle exerçait la délicate fonction de secrétaire d’Etat.
Tout comme la chancelière allemande Angela Merkel, arrivée au pouvoir en 2005 et devenue depuis la femme la plus puissante du monde.
Mais toute règle ayant une exception, certaines personnalités politiques semblent néanmoins totalement imperméables aux outrages du temps. Entre 2008 et 2012, Silvio Berlusconi n’a visiblement pas pris une ride. Mais de méchantes rumeurs transalpines suggèrent que l’éternelle jeunesse du Cavaliere doit beaucoup aux bistouris des chirurgiens italiens. Ah bon?
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