[Opinion] Adieu la postérité, il faut moins d’enfants pour la prospérité par Birame Waltako Ndiaye

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La question qui fâche, celle de notre propension à faire des enfants éperdument, nous est opposée dans l’élan technocratique, presque consensuel, d’émergence économique. Elle pointe le doigt sur la forte croissance démographique en Afrique, sur la part démesurée des budgets allouée à la santé, à l’éducation et à l’insertion des jeunes. À chaque fois que l’immigration clandestine fait des vagues, les esprits les plus tordus projettent, puis refoulent par pudeur, l’idée qui veut que les naufragés constituent des bouches de moins à nourrir, des voix plaintives en moins.

Si nous pensons d’abord à la rentabilité et au déploiement avantageux des richesses disponibles, c’est que déjà la perspective de placement et de gain sur l’humain a pris le dessus sur la dimension sacrée du bout de bois de Dieu. Le fameux dividende démographique, concept libéral, fruit d’un éventuel changement de la structure par âge de la population, sous-tend toutes les offres de politiques publiques. Il se décline comme suit : lorsque le nombre de travailleurs augmente, et que le nombre de jeunes en demande d’emploi diminue, le pays dispose de fenêtre d’opportunité qui favorise l’accélération de la croissance économique.

Malgré les sommations récurrentes à ne vivre que pour le système triomphant des plus fortunés, nous procréons comme pour témoigner de notre vigueur de pauvre, en désespoir de cause. Puisque la croissance économique promet monts et merveilles sans jamais satisfaire les appétits, misons sur le coït géniteur, semblent marmonner les africains dans l’intimité des incubateurs de plaisir. Espacement de naissance et diminution du taux de fécondité, voilà ce que suggère  la transition démographique. Elle fait de la transformation de la cellule familiale et de l’émancipation à l’égard des traditions la condition incontournable de prospérité à la bourgeoise.

Nous continuons quand même à résister malgré tous les assauts de sa majesté le Capital qui s’incruste méthodiquement en nous, sans prévenir du projet d’assimilation. Elle nous dicte sa conception utilitaire de l’être, raisonné, mais fanatique des bonheurs individualisés: Il faut plus de personnes en travail que de personnes dépendantes pour accéder au bien-être, comme c’est le cas en France, au Japon et à Hollywood. Fini les excuses du genre « Dieu est grand » ou « Guemeigne bou yalla khar di na thi def peep » (en attendant la divine providence).

En Afrique, « moins d’État, mieux d’État » ne traduit pas un simple désengagement de l’État. Encore plus vicieux, il s’agit de réduction des pauvres en lieu et place du combat contre la pauvreté qui, tout compte fait, mobilise trop de ressources pour rien. C’est comme pour dire : c’est peine perdue que d’essayer d’en faire des moins paumés, faisons en sorte qu’ils se reproduisent moins vite. Le raisonnement est audible : faites moins d’enfants nécessiteux, potentiel candidats à l’immigration. Non seulement, vous aurez à dépenser moins dans l’éducation, la santé et la fraternité, mais surtout, les partenaires au développement, instruments de régulation au service des boursicoteurs, s’en trouveront plus puissants dans leur mission de confinement de la misère du monde.

Le dividende démographique, appel insidieux à l’émancipation et au rationnement, s’inscrit dans la logique idéologique de l’économisme, maître et possesseur sur terre. Il nous entraine dans le précipice des renoncements à l’intelligence, arrachés de notre compulsif désir de rattrapage économique. Ce mouvement, partout plébiscité, mise principalement sur l’instruction de la gente féminine. Plus la femme africaine est instruite, plus tard elle fera des enfants, et moins elle sera disposée à en faire.

L’amélioration certaine de la condition féminine séduit à juste titre, mais elle n’est, dans le schéma global d’uniformisation sociale, qu’un objectif intermédiaire. La femme africaine fait figure d’outil dans la promotion de l’idéologie sélective d’endiguement des quantités démunies et envahissantes. Le dividende démographique exige la limitation des naissances dans le seul but d’augmenter crapuleusement les quotes-parts individuels. Seulement, une fois le processus d’épuration enclenché, il s’avère presque irréversible. Pour preuve, les politiques natalistes dans les pays dits développés ne suffisent toujours pas à renverser la tendance lourde à la décroissance.

Birame Waltako Ndiaye

[email protected]

 

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2 Commentaires

  1. Dis nous donc comment se fait-il que les pays les lus développés sont les plus peuplés du monde?!
    La Chine est désormais le pays avec le plus haut PIB devant les Etats Unis?
    Parmi les pays du G7, combien ont moins 50 millions d’habitants?
    Parmi les pays émergents, les BRICS comme on dit, combien ont moins de 50 millions d’habitants?
    Pourquoi la plupart des pays en terme de population sont toujours les plus pauvres?
    Waltako, crains Allah avant que tu ne meurs! Les pièces que l’on te donne n’en valent pas la peine.

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