[Opinion] Dérives médiatiques par Mouhamadou M. DIA

Date:

La presse a tous les droits pour informer objectivement, commenter librement, critiquer ouvertement, prendre position. Dans le respect de la loi et de la déontologie.
Elle n’a pas le droit de désinformer sciemment, de diffamer, encore moins d’insulter voire d’inciter à la violence.
Mais il est aisé de comprendre que la spécificité de la matière dont elle traite rend son travail particulièrement difficile. D’où l’impératif de la professionnalisation et/ou de la rigueur professionnelle.
Même si la Démocratie garantit à tous la libre expression, droit fondamental du citoyen.
Dans ce contexte précis, les journalistes doivent évoluer, comme on dit, avec lucidité et sincérité pour faire leur travail du mieux qu’ils peuvent. Avec les moyens dont ils disposent dans les circonstances mouvantes qui sont le propre de « l’actualité ».
Métier exaltant et fascinant tout à la fois qui attire beaucoup de monde, du beau comme du moins bon.
Au Sénégal et dans presque tous les pays africains où souffle le vent de la Démocratie, l’espace médiatique s’est beaucoup agrandi.
Déjà une vingtaine de quotidiens à Dakar, alors qu’il n’y en avait qu’un seul, « Le Soleil » au début de l’année 1993. Radios et télévisions sont aussi de plus en plus nombreuses et il en est de même avec les hebdomadaires et magazines.
Le secteur médiatique est apparemment en plein boom économique. Mais y-a-t-il véritablement une économie nationale capable de faire vivre autant d’organes de presse ? Rien n’est moins sûr !
D’ailleurs depuis la chute du régime de Wade, des médias commencent à disparaitre du paysage.
Dure loi du marché ? Certes, mais il y a aussi et surtout que ces organes étaient sous perfusion financière de la part de commanditaires. Il était de notoriété publique que plusieurs collaborateurs de Wade possédaient leur propre journal et/ou radio.
On comprend alors toutes les dérives que l’on constate chaque jour depuis l’avènement de Macky Sall. Des informations sont données et publiées pour être démenties le lendemain sans que les organes concernés ne daignent s’excuser auprès de l’opinion publique.
Pire l’esprit de critique (non l’esprit critique salutaire) envahit beaucoup de médias qui, faute de programmes, versent de l’huile sur le feu des ragots politiques pour vendre. C’est la course effrénée aux scoops d’un jour voire d’une heure.
Avec la surenchère, les organes glissent dans une dérive alimentée par tous les ambitieux et particulièrement ceux du microcosme politique. Des « vedettes médiatiques » sont « fabriquées » et avec le culte bien de chez nous du « voyez-moi » l’espace médiatique est devenu une arène, un « lamb » où le pathétique le dispute au ridicule.
Cette situation peut être considérée comme une maladie infantile du développement des médias dans une démocratie en transition. Alors il n’y aurait pas de quoi fouetter un chat. Mais il faut prendre en compte aussi toutes les manipulations en cours dans ce théâtre d’ombres.
Les vaincus de l’ancien pouvoir qui craignent pour leur avenir judiciaire avec les audits et le rétablissement de la Cour de répression de l’enrichissement illicite essaient de s’engouffrer dans la brèche pour préparer leur défense éventuelle.
C’est ainsi qu’on voit de plus en plus de caciques du PDS « monter au créneau » pour faire croire qu’ils n’ont rien à se reprocher. Ou alors essayer de renverser la charge de la preuve. Ils s’enhardissent même jusqu’à toiser le nouveau régime en faisant croire qu’ils seraient intouchables.
Mais ils ne perdent rien pour attendre car Macky Sall a véritablement laissé les coudées franches à la Justice qui va faire son travail. Là où le bât blesse, c’est au niveau des dérives médiatiques que constituent la désinformation déguisée orchestrée par des journalistes-animateurs, des « politologues autoproclamés », des politiciens aigris, etc…
Chaque jour, les nouvelles autorités sont ainsi obligées de faire des démentis dans les médias alors que ces derniers ont l’obligation première de vérifier les informations qu’ils publient.
En vérité, la corruption gangrène le secteur où les salariés sont « conjoncturés » et certains patrons peu scrupuleux. Que faire ? Laisser le marché exercer sa loi d’airain qui finira par éliminer les organes non rentables. Dans une économie capitaliste cela coule de source. Mais l’Etat peut aussi agir, de concert avec le SYNPICS et les patrons pour imposer le respect des règles déontologiques comme critère dans l’attribution de subventions.
Pourtant, l’ultime gendarme doit être la corporation elle-même et les citoyens avant. Le problème n’est pas de jeter l’anathème, de soulever le bouclier de l’impératif catégorique. Non, il ne s’agit ni de morale ni de religion. Mais simplement de déontologie professionnelle. De respect obligatoire de la loi, égale pour tous.

Mouhamadou M. DIA

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

CAN 2023

DEPECHES

DANS LA MEME CATEGORIE
EXCLUSIVITE

Football-Match amical : le Sénégal en maîtrise face au Gabon (3-0)

XALIMANEWS-Ce vendredi soir à Amiens au stade de la...

Présidentielle 2024 : Les conseils d’Alassane Ouattara à Macky Sall

XALIMANEWS- Selon les informations de PressAfrik qui cite Africaintelligence,...

Tribunal de Dakar : L’auteure de l’incendie vendait des beignets dans le tribunal

XALIMANEWS-Les premiers éléments de l'enquête sur l'incendie survenu hier...