[Opinion] Pds, le lion de la gesticulation Par Mohamed Bathily

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Pendant longtemps, les plus radicaux d’entre nous ont qualifié le pouvoir actuel, alors dans l’opposition, « d’opposition de salon ». Pareille désignation ne risque pas d’encombrer le PDS. D’après Souleymane Ndéné Ndiaye, « le lion s’est réveillé (sic) ». Et quand un lion se réveille, forcément, cela s’entend! Petit florilèges des rugissements de ce lion d’un genre bien particulier: « On instrumentalise la justice« , Aida Mbodj. « Le pays est entre des mains incapables dont la gouvernance ne promet rien de bon« , Modou Diagne Fada. « Les espoirs sont déçus« , Souleymane Ndéné Ndiaye. « C’est un gouvernement d’incompétents et de voleurs« , Bara Gaye. « Nous allons reconquérir le pouvoir par la résistance« , Abdoulaye Faye.

 

En communication politique, la « gesticulation » désigne la représentation sur jouée et brouillonne d’un sentiment d’indignation. Parmi les standards de la gesticulation, il y a le défoulement discursif. Il y a le dénigrement. Il y a la victimisation qui consiste souvent, dans ces cas, en une théâtralisation où l’on met en scène soi et les siens, comme les victimes d’une injustice. Il y a les annonces, rarement suivies d’effets par ailleurs, de suites judiciaires que l’on promet de donner aux accusations, etc. N’a-t-on pas là, toute la gamme des actions et des discours que nous servent les libéraux depuis quelques mois? Les libéraux parlent énormément. A les entendre personne n’est propre. Et ce n’est pas par dose homéopathique qu’ils se servent des contorsions verbales et des fables (nous aurions dit storytelling, si c’était un tant soit peu un plus subtil) censées secouer notre empathie face à cette terrible injustice qu’ils subiraient. Nous avons même failli verser dans la mode des effusions lacrymales lorsque nous avons appris que trois jeunes filles sont laissées à elles-mêmes quelque part en Métropole, parce que leur cher papa, blanc comme neige, est retenu à Dakar, pour des auditions. Et que dire des arlésiennes que sont les plaintes envers l’État, le Chef de l’État, la CREI…

 

Le crépuscule!

Le 19 mars 2011, Abdoulaye Wade alors tout puissant chef de l’État, tenait le crachoir lors d’un meeting tenu à quelques encablures du palais présidentiel. L’homme que d’aucuns disaient rouillé fit preuve, ce jour-là, d’une verve que l’on avait pas vu depuis longtemps. Sidy Lamine Niasse, Moustapha Niasse, Dansokho, Tanor, Bathily qui ont eu l’outrecuidance d’organiser une manifestation un 19 mars, son jour à lui, la date anniversaire de son accession au pouvoir! en prirent pour le grade. Ses adversaires furent traités « d’opposants dépassés ». Et même de « plagiaires » pour avoir scandé durant leur meeting des slogans qu’il aurait, lui maitre Wade, inventé, il y a fort longtemps! Puis il dira: « Ils ne sont pas intelligents. Si je devais m’opposer de nouveau, je le ferais autrement, je le ferais d’une manière plus ingénieuse ».

 

Minuit!

Le parti de Wade est aujourd’hui dans l’opposition. Les has been qu’il se proposait d’amener à la retraite occupent des places majeures dans la vie politique du pays. Opposants, ils ont su accompagner le réveil citoyen (Imams de Guédiawaye, Y en a marre!) sans lui faire écran. Malgré les divergences idéologiques et politiques ils ont su se retrouver dans des coalitions quand il le fallait. Ils ont surtout eu le flair d’une belle trouvaille: les Assises Nationales. En étant ingénieux, ils ont su panser ce que la transhumance, la percée d’une pseudo opposition sortie des flancs du régime et les innombrables traquenards de Wade avaient couté à nos raisons de croire…

 

 

 

L’aurore!

Que propose à présent le parti de l’ingénieux Wade aux Sénégalais? De la gesticulation. Rien que de la gesticulation! Dans une phase similaire à celle que vit le PDS, d’autres formations politiques ont pensé: « inventaire », « renouvellement des idées », « aggiornamento », « propositions »… Mais, ce serait trop demander au PDS. Cette opposition là ne va pas user d’agitation et de gesticulation, elle va en abuser. D’une part, elle connait que cela; elle a été ainsi formatée! D’autre part, ces leaders sont à présent en danger. L’un dans l’autre, nous sommes en face d’une opposition sclérosée, apeurée, mais une opposition qui a décuplé son pouvoir de nuisance. Le PDS d’aujourd’hui détient une puissance financière considérable. Le PDS d’aujourd’hui dispose encore de relais dans des médiats, des syndicats, des associations de consommateurs, des mouvements de jeunesse, des familles maraboutiques, des associations de ressortissants, bref une batterie de gens et de mouvements qu’il a grassement servie durant ces douze années de règne. Le nouveau pouvoir semble globalement être en phase avec les aspirations des Sénégalais malgré une conjoncture difficile, pourquoi donc serait-il affaibli par une telle agitation? Même contrariés par le cout de la vie, le chômage, etc. on a du mal à imaginer les Sénégalais suivre aveuglément une opposition tapageuse et sans force de proposition. Toute opposition peut certes surfer sur les mécontentements et reprendre du poil de la bête, mais pour peu qu’elle soit crédible! Et l’on ne peut pas construire une alternative crédible, on ne peut incarner le changement aux yeux de l’opinion avec les recettes de 1988. On ne peut pas être crédible avec des déclarations aussi puériles que celles que l’on entendues à la Place de l’Obélisque. Si une alternative au nouveau pouvoir devait se chercher, les yeux se dirigeraient vers un arbre qui pousse et qui ne fait pas de bruit, comme l’a été l’APR il y a peu, ou comme l’est peut-être le Rewmi d’aujourd’hui.

 

Il est midi!

Mesdames, Messieurs du PDS, réveillez-vous! Votre lion là, les pattes, il les a en carton!

 

Mohamed Bathily

 

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