Opposé à un régime parlementaire : Macky et l’expérience de la «cohabitation»

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L’aventure de la suppression du Sénat semble avoir donné raison au Président Sall qui préfère le régime présidentiel à celui parlementaire. En dépit de la recommandation des Assises nationales et de ses animateurs. La «cohabitation» éphémère entre «son» Assemblée nationale et le Sénat «de» Abdoulaye Wade en est une expérience.
Les péripéties de la mise à mort du Sénat ont montré et démontré la fragilité d’un pouvoir exécutif dont la réussite dépend, essentiellement, du Législatif. Si l’As­sem­blée nationale est, en principe et se­lon la tradition, une bonne bé­quille pour Macky Sall- et tout au­tre Président- celle issue des Lé­gislatives du 1er juillet n’en est pas moins un handicap pour lui au regard de son caractère composite. Il est vrai que dans le cas de la suppression de la Chambre haute, le refus de l’opposition n’était pas une grosse surprise. Mais au moins, ce véto du Sénat sur ce projet est un avertissement et surtout une confirmation de ce que certains ont considéré, depuis les investitures sur les listes aux Lé­gis­latives, comme un «ris­que» pour le Prési­dent et son parti. L’Al­liance pour la République (Apr) n’est majoritaire que par rapport à ses alliés de Benno bokk yaakaar, qui, elle, est la véritable majorité de l’Assemblée nationale. La «coalition des coalitions» l’a prouvé tout au long de la procédure de suppression du Sénat. Cette «u­nion sacrée» de ses différentes composantes autour du projet de loi était d’autant plus impérative que, si certains d’entre eux- le Ps notamment qui défend son «bébé» de 1998- avaient rejoint l’opposition, ce serait le premier camouflet pour le Président. Les mots de Aïs­sata Tall Sall à l’Aps sont encore dans les esprits : «Paradoxa­le­ment, je vais voter pour la suppression du Sénat, alors que je suis partisane de cette institution. (…) Suppri­mons ce Sénat-là, mais, plus tard, lorsque nous partirons à cette vitesse supérieure de la Décen­tralisation, discutons et parlons entre acteurs pour l’opportunité d’un Sénat utile et crédible.» Devoir de solidarité ?

«Cohabitation» parlementaire
L’adoption du projet en première lecture et son rejet par la majorité des sénateurs est une expérience de la «cohabitation», mais parlementaire. Un Parlement, deux chambres voisines qui ne partagent pas le même point de vue et les mêmes convictions. Macky Sall ne s’y est pas trompé ; lui qui a toujours milité, contre vents et marées, pour le maintien du régime présidentiel, alors que les Assises nationales et ses alliées de l’ex-Benno siggil senegaal prônaient un régime parlementaire.
Cette grosse sueur d’incertitudes qui a plané sur l’adoption de son projet est encore moins dévastatrice pour lui. Les adeptes du régime parlementaire auront vécu l’expérience de la majorité écrasante, ses avantages et ses inconvénients. Car, sans fiction aucune, le scénario d’un Prési­dent élu le 25 mars et d’une As­sem­blée contrôlée par l’opposition aurait encore fait plus de dégâts. Les deux chambres allaient mettre, sans doute, leur véto et, peut-être que le Prési­dent Sall n’aurait même pas «son» Premier ministre. Des spécialistes avaient émis le souhait d’expérimenter un régime parlementaire, mais d’autres conviennent, en revanche, qu’il faut plutôt renforcer les autres contre-pouvoirs et maintenir un régime présidentiel ou semi présidentiel selon les différents qualificatifs des spécialistes. Dans tous les cas, ce blocage institutionnel a fait perdre du temps et de l’argent et, pour une rationalisation et une assistance à des sinistrés, la République a casqué. Pas évidemment à hauteur du budget- même consommé- du Sé­nat. Cela valait peut-être la peine de vivre de grands moments de démocratie et de guerre des pouvoirs.

Macky échaudé…
Il convient de souligner que les défenseurs du régime parlementaire aussi ne manqueront pas de relativiser leur proposition. Mous­tapha Nias­se, président de l’As­semblée nationale, Tanor Dieng, Dan­sokho ou encore Bathily ont assisté à cette amère expérience de la suppression du Sénat. Et, à coup sûr, si le chef de l’Etat milite pour la «consolidation des institutions», pilotée par le président des Assises nationales, Amadou Makh­tar Mbow, le régime présidentiel devrait avoir encore de beaux jours pour 5 ou 10 ans, si la «planification d’un pouvoir de 10 ans», objet d’un séminaire du cabinet présidentiel, il y a quelques semaines, est ac­ceptée par les Sénégalais.
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lequotidien.sn

1 COMMENTAIRE

  1. J’espère que jamais au Sénégal, il y aura un Régime Parlementaire, source de combinazzionnes, comme disent les Italiens, où on peut se réunir en catimini, pour des intérêts bassement matériels et faire peser un épée de Damoclès de la mise en minorité sur la tête d’un Chef de Gouvernement avant de passer à la caisse ! Non nos responsables politiques et leur entourage, parents, amis sont trop pauvres pour ne pas succomber aux tentations des combines lucratives !

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