Auteur d’une saison pleine avec Newcastle où il a inscrit 13 buts en 14 matches de Championnat d’Angleterre, Papiss Demba Cissé reste étonnamment sur sa faim et promet le meilleur pour la saison prochaine.
C’était une entrée de gala, de celles qui frappent et qui claquent. Premier match avec Newcastle et premier but à Saint James Park pour une victoire (2-1) devant Aston Villa, le février 2012, lors de la 24e journée du Championnat d’Angleterre (Premier League). Papiss Demba Cissé a fait jaillir la lumière dès ses premiers pas en Perfide Albion. Entré en jeu à la place de l’Irlandais Leon Best, blessé et obligé de sortir après seulement 14 minutes sur le terrain, Papiss Demba Cissé raconte son épatant baptême du feu avec les Magpies : «Sincèrement, je n’ai pas du tout souhaité qu’il (Best) se blesse, assure-t-il. Je ne savais même pas que j’allais rentrer, parce qu’il y avait Ameobi, un autre grand attaquant du club, qui est là-bas depuis longtemps. On l’appelle même monsieur Ameobi, car c’est un gars super gentil, qui travaille pour l’équipe. Le coach (Alan Pardew) me dit : «Tu vas rentrer.» Je vais en échauffement avec Ameobi, qui est en train de me parler et de m’expliquer, il me dit aussi la même chose. Je rentre, Demba marque le premier but et je me suis dit : «Ça commence bien». A la fin de la 2e mi-temps, je marque le deuxième but qui fait qu’on gagne 2-1. Il y a Jonas (Guiterrez) qui déborde et fait un centre, Demba est passé en premier et la balle lui a échappé. Dès que j’ai contrôlé, je n’ai pas cherché à comprendre. Je frappe et c’est dans la lucarne.» But !
«Contre Chelsea, Drogba m’a dit : «Mais petit, qu’est-ce que tu manges ?» Je lui ai répondu : «Du niankatang»*
Malgré une première saison éblouissante avec Newcastle, l’international sénégalais semble loin de s’en contenter. Il déclare : «Dieu merci, Alhamdoulillah, avec ce que je suis en train de faire, je sais que l’avenir me réserve quelque chose de bien. Inch’Allah. Je n’ai encore rien fait, on verra.» En 14 matches joués avec Newcastle, dont 13 comme titulaire, Papis a inscrit la bagatelle de 13 buts en Premier League. Et réussit 4 doublés, dont 3 consécutifs (1-3 Contre West Bromwich, 30e J., 2-0 face à Liverpool, 31e J., 0-2 devant Swansea, 31e J.). Mais de tous ceux-ci, celui inscrit face à Chelsea (0-2, 34e J.) est sans doute celui qu’il retient le plus, d’autant qu’il l’a réussi contre son idole, Didier Drogba. «Je n’ai pas honte de dire que c’est mon idole, après ce qu’il m’a montré le jour du match, c’est un grand monsieur. C’est une référence pour moi, un monument. Il était là à discuter et à rigoler avec moi.» Sur ce qu’ils se sont dit, Papis retient surtout ceci : «Il m’a dit : «Mais petit, qu’est-ce que tu manges ?» Je lui ai répondu : «Du niankatang ! (riz blanc)» Et il a dit qu’il va commencer à en manger.»
« J’ai retrouvé en Demba Ba un ami, un compatriote et un coéquipier »
Papis Demba explique aussi sa réussite par l’environnement propice de sa ville d’accueil et l’aide précieuse de son compatriote et ami Demba Bâ. «Les habitants de Newcastle aiment beaucoup le football, ils m’ont bien accueilli et j’ai eu la chance d’avoir retrouvé un ami, un compatriote et un coéquipier, Demba Ba, confie-t-il. C’est lui qui me traduit ce que mes coéquipiers et le coach me disent. Je comprends l’anglais et le parle un peu, mais il prend tout son temps pour bien m’expliquer afin que tout soit clair dans ma tête. Il me dit où il faut aller et où il ne faut pas mettre les pieds. C’est quelqu’un qui m’a beaucoup aidé pour mes débuts.»
Des début parfaitement réussis pour l’international sénégalais, qui avait «envie de marquer dès ce premier match». «Mais je sais que ça ne se passe pas comme ça et il faut attendre. Je suis toujours patient et dès qu’on me donne ma chance, j’essaie toujours de la saisir. Mais ce n’était pas de la meilleure des manières, parce que Best s’était blessé. Il y en a pour qui le bonheur débute comme ça, je ne souhaite du mal à personne, mais c’est la vie qui est ainsi faite.» Ses buts s’enchaînent au fil des journées, les uns plus magnifiques que les autres. Des réalisations parfois diaboliques que certains observateurs n’ont pas manqué de mettre sur le compte du «je marque» (talisman) qu’aurait par devers lui le natif de Sédhiou. «Le deuxième but de Papiss Cissé contre Chelsea défie toutes les lois de la science», s’en est bouché un coin le sémillant Thomas Thouroude, présentateur de l’Equipe du dimanche sur Canal +. «Continuez à voir de la magie noire dans mes buts (rire)», répond l’intéressé, avec un brin d’humour. Et puis, l’air plus sérieux, il ajoute : «Je ne crois qu’au travail car je n’ai que ça. Je n’ai que le football et je deviendrai chômeur si je l’abandonne, c’est mon métier. C’est pourquoi je ne le négligerai jamais. Je n’hésiterai jamais à faire ce qui s’impose pour réussir. Quand je vais à l’entraînement, je me donne à fond pour être bien le jour de match.» Le meilleur reste donc à venir pour celui en l’honneur de qui les supporters de Newcastle ont déjà créé une chanson : « Papis Demba marque quand il veut !» Et peut-être comme il veut, vu ses buts, venus d’une autre planète.
OUSMANE DIOP
Source L’Observateur
