L’annonce de Wade sur les bases françaises à Dakar. Paris dément:  » Il n’y a eu aucun changement « 

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Le passage sous souveraineté sénégalaise des bases de l’armée française à Dakar, annoncé par le président Abdoulaye Wade, ne change rien sur le terrain, dans l’attente d’un nouvel accord de défense entre les deux pays.

Selon une source proche du ministère français de la Défense, la restitution symbolique, le 4 avril à minuit, de ces bases où stationnent un millier de militaires français, participe du climat des cérémonies du cinquantième anniversaire de l’indépendance sénégalaise, ce week-end à Dakar.

« C’est un effet d’annonce » du président sénégalais, a dit cette source lundi à Reuters. « Entre vendredi et aujourd’hui, il n’y a eu aucun changement en dépit du fait qu’on a passé la date du 4 avril minuit ».

« La France est présente à l’invitation du Sénégal, tout cela est régi juridiquement par les accords de 1974 et il n’y a aucun changement », a-t-on ajouté.

La France et le Sénégal sont en train de revoir leurs accords de défense datant de 1974, conformément au voeu du président français.

Dans un discours prononcé au Cap en février 2008, Nicolas Sarkozy avait émis le souhait de renégocier l’ensemble des accords de défense qui unissent la France, ancienne puissance coloniale, et ses partenaires africains.

Lors d’une visite à Dakar du ministre français de la Défense Hervé Morin le 19 février dernier, les deux pays étaient convenus de la fermeture prochaine des bases de Dakar.

« Nous sommes toujours en train de discuter », a déclaré Abdoulaye Wade dans un entretien au Journal du Dimanche. « Comme cette discussion traîne un peu, j’ai décidé d’annoncer que je saisis l’offre de M. Sarkozy pour reprendre toutes les bases. A partir de ce 4 avril 00h00, ces bases seront sous souveraineté sénégalaise. »

La France entend cependant maintenir à Dakar ce qu’elle présente comme une « plate-forme opérationnelle de coopération à vocation régionale ».

BASE DE LIBREVILLE MAINTENUE

« On passerait d’un format d’un millier d’hommes à environ 200 sur une base unique », explique-t-on de source proche du ministère français de la Défense.

La décision de fermer Dakar signifie par contraste le maintien de Libreville, au Gabon, le Livre blanc de la Défense adopté en 2008 prônant le maintien d’une seule base française sur le littoral d’Afrique de l’Ouest.

« Libreville serait maintenue. C’est le Sénégal qui serait ‘dégonflé’, au même titre que la Côte d’Ivoire », ajoute-t-on à Paris.

Un millier de militaires français sont actuellement en mission à Libreville et environ 900 autres sont basés en Côte d’Ivoire dans le cadre du bataillon Licorne (Batlic).

L’année 2010 est importante pour les relations franco-africaines notamment en raison du 50e anniversaire de l’accession à l’indépendance du Sénégal et d’autres anciennes colonies.

Quatorze pays africains seront d’ailleurs invités aux cérémonies du 14-Juillet à Paris.

Membre de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le Sénégal cherche à préserver son influence dans la région.

A l’instar d’autres pays comme l’Afrique du Sud, Dakar veut aussi faire entendre sa voix sur le continent et au-delà, notamment dans la perspective d’un élargissement futur du Conseil de sécurité de l’Onu.

Faite « dans l’enthousiasme du cinquantenaire de l’indépendance, devant une vingtaine de chefs d’Etat africains », l’annonce de Dakar sur les bases françaises « vise à la fois l’opinion nationale et l’opinion publique africaine », souligne la source proche du ministère de la Défense.

« Le Sénégal se veut un pays en pointe en Afrique. L’idée (du président Wade) est de donner l’impression d’assurer de manière pleine et entière la souveraineté et la sécurité de son pays », ajoute-t-elle.

Elizabeth Pineau, édité par Gérard Bon

lepoint.fr

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