Pluies du Week-end La banlieue déjà submergée par les eaux

xalimasn.com-Le spectre des inondations a maintenant cédé la place à la réalité terrifiante du spectacle des eaux qui prennent possession des maisons de la banlieue dakaroise. Rien que les pluies de ce week-end ont suffit pour inonder des quartiers comme Djeddakh Thiaroye Kao, Hamdallahi ou Léona Thiaroye entre autres, où les populations vivent déjà un calvaire. Il est 9 heures du matin hier. Nous sommes dans la banlieue à Hamdallahi, un quartier dans la commune d’arrondissement de Djeddah Thiaroye Kao. A cette heure de la matinée, le réveil est difficile pour les populations de la localité. La plupart des rues sont envahies par les eaux de pluie tombées la veille. Et puisque le quartier est resté prisonnier de ces eaux depuis plusieurs années, il a suffit de quelques millimètres de pluie pour que l’enfer s’installe dans les maisons où régnait un semblant de vie. Pour entrer dans le domicile des Sy, il faut escalader des sacs remplis de sable. Tout autour, il n’y a que des maisons abandonnées. De l’herbe y pousse comme des champignons. L’odeur fétide nous empêche de respirer convenablement. La cour est pleine d’eau. Les visages fatigués que nous avons trouvés sur place nous renseignent que les membres de cette famille n’ont pas fermé l’œil toute la nuit du samedi au dimanche lorsque la pluie tombait. Très attristée par la situation dans la quelle se trouve leur maison, Djeynaba Hawayel Sy n’a que ses yeux pour pleurer. « Nous ne sommes malheureux depuis 2005. Chaque fois que le ciel ouvre ses vannes c’est comme ça. Nous utilisons des seaux pour vider les chambres à coucher. Hier nuit, personne ne s’est endormi. Nous avons tous retroussé nos manches pour lutter contre les eaux jusqu’à l’aube ». Joignant le geste à la parole, Djeynaba Hawayel Sy montre du bout du doigt : « tu vois l’état de notre maison. C’est déplorable. Nous sommes vraiment impuissants. Malgré nos efforts, trois chambres restent encore occupées par les eaux. Et puisque la pluie va continuer à tomber les semaines à venir, nous allons devoir cohabiter avec les grenouilles et les serpents « , explique la jeune femme, le visage terrifié. Le spectacle est le même dans les maisons situées tout autour de la maison des Sy. Les eaux de pluie qui n’avaient en réalité jamais été évacuées depuis plus de cinq ans, n’attendaient que de petites précipitations supplémentaires comme celles du week-end, pour envahir complètement les chambres et les autres compartiments des maisons. Pendant ce temps, les occupants sont plus qu’impuissants, leurs maigres revenus ne les permettant pas d’aller habiter ailleurs. « Cette maison est notre seul foyer, notre seul abri et notre espoir. Nous ne savons plus où donner de la tête. Et comme nous n’avons pas un autre abri, nous nous contentons de vivre ici » indique la dame. Un peu plus loin, c’est le domicile de la famille sarr. C’est le même spectacle. Les eaux accumulés depuis des années dans la cour ont reçu hier les gouttes qui ont débordé pour gagner l’intérieur de la maison. Arfang Sarr, un étudiant que nous avons rencontré sur place déverse sa bile sur les autorités locales et étatiques. « Ils savent que la saison des pluies allait arriver. Au lieu de prendre les devants, ils ont laisser la situation s’empirer. Plus tard, ils vont dire qu’ils sont entrain d’agir. Nous ne sommes pas leurs sujets, ni leurs esclaves. Ils doivent répondre à nos attentes et nous sortir de cet impasse. C’est ce que nous réclamons. Rien de plus » déclare le jeune homme. Le quartier Hamdallahi, n’est pas le seul terreau des eaux de pluies dans la banlieue. Les quartiers Darou Lahi, Gouy Fatou Maîga, Léona Thiaroye Gare, une partie de Bagad et Messeré sont sous l’emprise des eaux. Une pluie de plus et les précipitations vont empirer le calvaire des populations qui y vivent. Les populations lancent un appel aux autorités étatiques et locales pour une évacuation des eaux vers les bassins de rétention le plus rapidement possible.
Mamadou Amar DIALLO, xalimasn.com