PLUS LOIN AVEC…Samba Kara NDIAYE, vice-président du Parti de la vérité pour le développement (Pvd) : «Les ennemis du Président, ce sont ceux qui veulent le maintenir au pouvoir»

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Etabli aux Etats-Unis, Samba Kara Ndiaye, en séjour au Sénégal, s’est prononcé sur les questions politiques de l’heure, sous la casquette de vice-président du Parti de la vérité pour le développement (Pvd) dont le fondateur est Serigne Modou Kara Mbacké. M. Ndiaye est formel : le Président Wade ne peut pas briguer un 3e mandat et ses ennemis, ce sont ceux qui veulent le maintenir au pouvoir. Vous avez créé ce que vous appelez un gouvernement takander (ombre) qui se réunit chaque semaine en ‘’Conseil des ministres’’. Quel est le sens de cette décision

On se réunit tous les jeudis ici au siège à parti de 17 heures, pour survoler l’actualité nationale et parler de la vie du parti. Chaque jour que Dieu fait, il y a des remous, et il faut qu’on essaie d’y apporter des solutions.

Est-ce que vous avez besoin de créer un gouvernement virtuel. Pourquoi ne pas vous limiter à l’organigramme classique des partis  Est-ce que cela ne va pas à l’encontre des principes républicains

Nous avons un Bureau politique ; nous sommes un parti normal. Nous sommes des innovateurs ; on a amené au Sénégal un concept nouveau qui s’appuie sur le levier consistant à préparer une nouvelle gouvernance. La vocation d’un parti, c’est de gouverner un jour. En wolof, takander veut dire la silhouette de quelqu’un. Donc, ce gouvernement, c’est la silhouette du prochain gouvernement qui sera issue de la Coalition du siècle qui sera formée lors des élections législatives, dont nous voulons qu’elles soient anticipées.

Pourquoi voulez-vous des élections anticipées

L’Assemblée nationale ne reflète plus les réalités du Sénégal. Nous voulons anticiper les élections parce que nous voulons apaiser le climat social et politique.

Est-ce que c’est pertinent de rapprocher les élections législatives

Tout à fait. Actuellement, nous sommes en train de vivre des situations insolites au Sénégal. C’est la première fois qu’on assiste à des immolations devant le Palais. Il y en a eu deux déjà. Ce sont des signes qui sont très forts. Si on dissout l’Assemblée nationale, cela permettrait au paysage politique de se renouveler, de faire retrouver un nouveau souffle aux Sénégalais. 2012, c’est pour bientôt ; ce n’est plus loin. Est-ce que les Sénégalais peuvent supporter la situation jusqu’au mois prochain  Est-ce qu’ils n’ont pas besoin de ce changement  Le seul mandat qu’on ne peut pas interrompre, c’est celui du Président. C’est pourquoi nous proposons que l’on organise les Législatives au mois de février, la Présidentielle au mois de juin.

Depuis quelque temps, vous vous positionnez en vous opposant au régime libéral alors que vous le souteniez  Qu’est-ce qui explique ce changement de posture

Nous ne nous sommes pas positionnés en opposants ; nous sommes un parti régulateur. Cette régulation a un double aspect. C’est le fait que nous nous sentons non seulement coupables, responsables de la situation actuelle du Sénégal. En 2007, nous avions aidé à la réélection du Président. C’est normal qu’aujourd’hui, s’il y a un problème par rapport au mandat qu’on a offert au Président, s’il y a des problèmes avec les Sénégalais, qu’on essaie de trouver des solutions.

Certains Sénégalais ont du mal à vous situer. Tantôt, votre guide spirituel, Serigne Modou Kara affirme qu’il ne va jamais s’opposer à Wade parce qu’ils partagent la même confrérie, tantôt il s’en prend à lui…

On ne peut jamais situer le centre ; on ne peut jamais situer une régulation. Il y a un moment, on n’était pas prêts pour aller aux élections. On s’était tous dit que si on offre au Président un dernier mandat, il pourrait enfin s’occuper des problèmes des Sénégalais et non des choses politiques. Maintenant, on s’est très vite rendu compte que ce n’était pas le cas. Il y avait aussi une autre condition qui avait amené Cheikh Ahmadou Kara, le guide, président-fondateur du Pvd à accompagner Abdoulaye Wade ; c’est leur marabout  commun, Serigne Saliou Mbacké. Cela, on ne peut pas le nier. Ce pacte d’alliance signé en décembre 2006 est caduc, aujourd’hui. Nous sommes un parti de masse, un parti de vision, de développement, un parti national. Il est temps que les Sénégalais se prennent en charge et commencent à travailler et à être eux-mêmes.

Vous dites que vous aviez offert un dernier mandat au Président en 2007. Vous considérez donc son troisième mandat inconstitutionnel

Ce n’est pas une question de Constitution. Personne ne lui avait donné du miel lorsqu’il disait que c’était son dernier mandat, au Palais. D’autre part, c’est une question de sécurité, de souveraineté, de survie. Il ne peut plus, après ce mandat, diriger le Sénégal. Je m’en arrête là.

Soyez plus explicite

(Il coupe). C’est une question de survie. C’est-à-dire que lui-même est fatigué ; il faut qu’il aille se reposer. Quand j’entends des proches du Président s’émouvoir en disant qu’il travaille jusqu’à 4 heures du matin, nous, cela nous dérange parce qu’on en voit les conséquences, dans ses déplacements, les séquelles de ses actions dans la vie publique.

Donc, vous êtes en phase ave le Docteur Mame Marie Faye qui s’est inquiétée de l’état de santé du président de la République

J’étais à New-York quand le Docteur Mame Marie Faye a été  arrêtée. J’étais le premier homme politique, leader du Mouvement Nadem à demander sur Youtube à ce qu’on la relâche parce que c’est par amour, par affection qu’elle s’est prononcée sur l’état de santé du Président. Les ennemis du Président, ce n’est pas le Docteur Mame Marie Faye, mais plutôt ceux qui veulent le maintenir au pouvoir.

Que pensez-vous des séries d’immolation

Le monde est en mutation. Le changement est venu des Etats-Unis. C’est l’élection de Barack Obama. Il ne peut plus se baser sur des esprits conservateurs. Le monde change. Ce qui s’est passé au Sénégal ne s’y était jamais passé auparavant. Des jeunes qui s’immolent, qui se suicident en tant que musulmans, c’est un Sénégal qui aspire au changement ; d’où la nécessité d’aller vers des élections législatives anticipées. Il faut changer de mentalité et de manière de gouverner.

Qu’est-ce que le Pvd propose comme programme alternatif

Nous proposons une politique de vérité par l’avènement d’un régime parlementaire et que le poste de Président soit honorifique. Nous ne voulons plus que ce qui s’est passé se reproduise et que des gens qui ont été Premier ministre, ministre des Affaires étrangères pendant des années et qui, parce qu’ils ont été virés du gouvernement, deviennent des opposants opportunistes. Nous voulons des Sénégalais patriotes qui utilisent la chose publique pour l’intérêt national et non personnel. Il faut changer le paysage politique, limiter les partis politiques. Ces élections permettront l’émergence de nouvelles forces.

Pourquoi voulez-vous que le poste de Président soit honorifique

Vous pensez que c’est normal qu’on ait aujourd’hui un débat sur la succession monarchique parce qu’il y a un Président qui peut décider de tout ce qu’il veut  Toute cette situation qu’on voit en Tunisie, en Egypte, en Libye, c’est parce qu’il y a une concentration des pouvoirs, de richesses autour d’une famille. Et vous avez vu la conséquence. Nous ne voulons plus de cela au Sénégal. Le peuple a le droit de se faire gouverner par un gouvernement issu du peuple, c’est-à-dire un gouvernement parlementaire. Vous avez cet exemple en Israël, en Angleterre, en Espagne avec un roi, en Belgique, une reine.

Est-ce que le Pvd ira à l’élection présidentielle

Oui ! Comme tout parti qui a pour vocation de conquérir le pouvoir. Le calendrier électoral, on ne peut pas le rater.

La presse a fait état de votre alliance avec l’Apr (l’Alliance pour la République) de Macky Sall, et avec Idrissa Seck. Qu’en est-il exactement

Le Pvd est un parti de vérité. Il y a la vérité absolue et la vérité relative. Vous me citez des noms. C’est avec l’avènement d’un homme charismatique appelé Abdoulaye Wade au pouvoir que j’ai entendu des noms comme Idrissa Seck, Macky Sall, Cheikh Tidiane Gadio. On est Sénégalais et on dit qu’il ne faut pas cracher dans la soupe, que la main qui vous a donné, il ne faut pas la tordre. Alors, c’est quoi l’avenir politique de ces gens  Les Sénégalais sauront reconnaître la valeur de chaque personne. Déjà, nous au Pvd, certains agissements sont contraires à notre mode de fonctionnement. Nous aimons certaines valeurs humaines que sont la solidarité, la loyauté, la reconnaissance. Dans le Saint-Coran, Dieu nous parle de la reconnaissance. Les Sénégalais ne sont pas dupes. Que les gens sachent que le Pvd n’est allié ni à Macky Sall, ni à Idrissa Seck, ni à Cheikh Tidiane Gadio. Si le Pvd devait s’allier avec quelqu’un, ce serait avec du sang neuf.

C’est-à-dire…

Des hommes intègres.

 

lequotidien.sn

 

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