Plusieurs milliards de perte sur les appels entrants : Un réseau de truands se connecte à orange, Tigo et Expresso – Deux Cap-Verdiens d’origine déférés aujourd’hui – Le cerveau et deux commerçants sénégalais recherchés

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C’est une vaste escroquerie qui vient d’être découverte. Les gendarmes de Thiong ont mis la main sur des escrocs qui flouaient les sociétés de téléphonie établies au Sénégal en détournant par un système technique sophistiqué les appels internationaux entrants. Tigo, qui a été la plus grande victime, a déposé plainte. Deux personnes d’origine cap-verdienne sont arrêtées et le cerveau de la bande, qui est installé au Portugal, est activement recherché. Le compte bancaire des escrocs dans lequel dorment plusieurs millions d’euros est domicilié en Lettonie.

La brigade de Gendarmerie de Dakar-Ville, plus connue sous le nom de la brigade de Thiong, vient de démanteler un réseau dont les agissements sont très nuisibles pour les sociétés de téléphonie au Sénégal. La bande flouait les sociétés de télécommunication établies au Sénégal, en l’occurrence Tigo, Orange et Expresso. Mais c’est la société Tigo qui a subi le plus lourd préjudice, indiquent des sources proches de l’enquête. La marée-chaussée vient de mettre la main sur deux individus d’origine cap-verdienne. Une dame du nom de E. G. Barbosa et un homme, E. Texeira, sont placés en garde à vue à la Gendarmerie de la rue de Thiong et seront déférés, ce matin, devant le procureur de la République près le Tribunal régional de Dakar.

100 000 APPELS ENTRANTS PERDUS PAR MOIS PAR TIGO
Le modus operandi consistait pour les personnes arrêtées à mettre en service, au titre d’une société d’exploitation de terminaux d’appels, une centrale téléphonique relais assez sophistiquée d’un coût estimé à 15 millions de francs Cfa qui leur permettrait de recevoir les appels téléphoniques entrants au Sénégal.

Ainsi, leur plateforme opérait comme une société de téléphonie qui facturait les appels entrants aux autres opérateurs étrangers à des prix plus bas que ceux pratiqués par les sociétés détentrices de licence de télécommunication.

Ainsi par exemple, ces pirates facturaient les appels aux opérateurs de télécommunication étrangers à plus de 50% moins chers que les prix pratiqués par Tigo, Orange ou Expresso.

Cet avantage faisait que des sociétés étrangères faisaient passer leurs appels par cette plateforme pirate qui leur envoyait régulièrement des états de facturation en bonne et due forme. Ainsi, selon des techniciens de la société Tigo, entendus par les enquêteurs dirigés par l’adjudant-chef Konté, leur société perdait du fait de ce trafic plus de 100 000 appels par mois. «Si cela continuait encore quelques mois, Tigo allait mettre la clef sous le paillasson», souffle une source proche de l’enquête.

UN COMPTE BANCAIRE CREDITE DE PLUSIEURS MILLIONS D’EUROS

La société pirate se faisait payer ses prestations sur un compte bancaire domicilié en Lettonie. Les enquêteurs ont pu constater que le compte bancaire découvert est crédité de plusieurs millions d’euros. Les enquêteurs ont saisi la centrale téléphonique et divers matériels informatiques ainsi que des lots de plusieurs milliers de puces téléphoniques.

Le pot aux roses a été découvert par les techniciens de Tigo qui voyaient leur chiffre d’affaires provenant des appels internationaux entrants baisser de plus de la moitié. Aussi, ils ont pu observer que certains appels internationaux entrants apparaissaient dans leur spectre mais que Tigo ne voyait point le produit généré dans sa facturation. Ainsi, la démarche avait été de supprimer systématiquement les numéros de téléphone qui recevaient ces appels internationaux. Pour autant, cela ne réglait pas le problème car les pirates qui achetaient des milliers de puces continuaient à les installer sur leur centrale qui continuait à recevoir de plus belle les appels internationaux entrants. C’est ainsi que la direction de Tigo s’est résolue à porter plainte et une enquête ouverte à la Gen­darmerie.

2 COMMERÇANTS SENEGALAIS RECHERCHES POUR COMPLICITE
Le conseiller juridique de Tigo a confirmé la plainte de son entreprise devant les gendarmes enquêteurs. Il reste que le cerveau de l’opération, un certain Miguel, qui vit au Portugal fait l’objet de recherches. Il se trouverait encore au Sénégal jusqu’à vendredi dernier, mais s’est fondu dans la nature. Deux commerçants sénégalais qui vendaient les puces téléphoniques à Mme Barbosa et M. Texeira sont aussi recherchés pour complicité mais aussi pour violation de la réglementation sur la vente des puces téléphoniques qui prescrit l’identification des personnes qui achètent toute puce téléphonique.

Les enquêteurs, qui détiennent des paquets de nouvelles puces téléphoniques des différents opérateurs de téléphonie au Sénégal, qui se vendent sur le marché entre 500 et 1000 francs l’unité, ne comprennent pas que des vendeurs puissent céder régulièrement à des personnes des lots aussi importants de puces téléphoniques sans chercher à savoir quelle utilisation elles en feraient.
lequotidien.sn

 

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