Porto Rico : Donald Trump minimise l’ouragan Maria par rapport à Katrina

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Près de deux semaines après le passage dévastateur de l’ouragan de catégorie 4, l’île panse toujours ses plaies.

Deux semaines après le passage dévastateur de l’ouragan Maria, Donald Trump s’est rendu pour la première fois à Porto Rico, mardi 3 octobre. Accompagné de son épouse, Melania Trump, le président américain a rencontré Carmen Yulin Cruz, la maire de San Juan, capitale de ce territoire associé aux Etats-Unis (sans statut d’Etat à part entière), qui lui a reproché de ne pas faire le nécessaire pour les sinistrés.
Tout en se félicitant du bon travail accompli sur l’île ravagée, M. Trump a minoré la situation par rapport à une « vraie catastrophe » comme Katrina en 2005 à La Nouvelle-Orléans.
« Chaque mort est une horreur, mais si vous regardez une vraie catastrophe comme Katrina et vous regardez les énormes centaines et centaines de personnes qui sont mortes et ce qui s’est passé ici avec une tempête qui était totalement imposante. Personne n’a jamais vu quelque chose comme ça. Quel est votre bilan ? »
A la fin d’août 2005, l’ouragan Katrina, classé en catégorie 5, fit plus de dix-huit cents morts dans la région de La Nouvelle-Orléans, en Louisiane. L’ouragan Maria, de catégorie 4, a fait seize morts à Porto Rico, qui panse toujours ses plaies : une grande partie des habitants vit toujours sans électricité, sans accès à l’eau potable ni au carburant, et parfois sans toit.

« Vous avez un peu chamboulé notre budget »
M. Trump a, en outre, souligné que la gestion de la crise à Porto Rico avait coûté beaucoup d’argent au pays. A son arrivée sur la base militaire Luis Muñiz, à une quinzaine de kilomètres à l’est de San Juan, il a déclaré :
« Je suis désolé de vous le dire, mais vous avez un peu chamboulé notre budget, parce que nous avons dépensé beaucoup d’argent à Porto Rico. Et c’est tant mieux, nous avons sauvé beaucoup de vies. »
Le président américain est sur l’île pour constater l’étendue des dégâts causés par Maria, mais aussi pour tenter d’apaiser la violente polémique qu’il a créée par ses attaques contre certains élus locaux.
Sur place, bien qu’il lui ait serré la main, il n’a pas eu un seul mot envers Carmen Yulin Cruz, qui a pourtant été l’une des premières à remonter ses manches pour venir en aide à la population sinistrée. La maire de San Juan avait exprimé son désarroi face à la lenteur de l’aide fédérale, mais l’occupant de la Maison Blanche lui avait répondu par un tweet cinglant, l’accusant de faire preuve « d’un leadership médiocre ».

Un statut flou d’« Etat libre associé »
Malgré plusieurs référendums organisés à Porto Rico plébiscitant le statut d’Etat américain pour ce territoire – le dernier ayant eu lieu en juin –, l’île n’est qu’un « Etat libre associé » depuis les années 1950.
Concrètement, ses relations avec les Etats-Unis sont complexes. Les Portoricains ne paient pas d’impôts fédéraux, mais ils contribuent à la Sécurité sociale, au système Medicare (assurance santé pour les plus de 65 ans, notamment) et paient les taxes à l’import et à l’export. En outre, l’intégralité des amendements de la Constitution ne s’applique pas à Porto Rico.
Les Portoricains, des citoyens américains
Les 3,4 millions d’habitants nés à Porto Rico sont des citoyens américains, et ce depuis le Jones-Shafroth Act de 1917. Ils peuvent circuler librement dans les 50 autres Etats américains sans passeport et sont protégés par le Bill of Rights (les 10 premiers amendements de la Constitution) des Etats-Unis.
Mais, selon un sondage publié dans le New York Times, seuls 54 % des Américains savent que les habitants de Porto Rico sont des citoyens américains.
Le droit de vote seulement pour les primaires
La citoyenneté ne leur accorde pas pour autant le droit de vote aux élections nationales. Les Portoricains votent pour les primaires présidentielles destinées à désigner le candidat de chaque parti, mais ils n’ont pas de représentants dans le collège électoral. Leurs voix ne sont donc pas représentées lors de l’élection présidentielle.
Porto Rico a également un délégué à la Chambre des représentants – Jenniffer González-Colón –, mais il ne peut voter qu’en commission. Si Porto Rico était un Etat, étant donné sa population, deux sénateurs et cinq représentants portoricains devraient siéger au Congrès. Après le référendum de juin, le gouverneur de l’île, Ricardo Rosello, a désigné ces sept élus fictifs pour qu’ils aillent réclamer leur siège à Washington. Jusque-là, le Congrès n’a pas accepté.

lemonde.fr

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