Pour la résolution du conflit en Casamance, Me Boucounta Diallo propose une confédération entre le Sénégal, la Gambie et la Guinée Bissau

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« Si nous ne cherchons pas à connaître les méandres de la culture casamançaise, nous ne pourrons pas dicter la conduite à adopter pour régler la crise qui secoue cette partie sud du pays, depuis plus d’un quart de siècle. » Les propos de l’avocat Me Boucounta Diallo, ne varient pas quand il évoque des portes de sortie de crise. « La solution de la crise casamançaise n’est ni politique, ni juridique, ni militaire, elle est culturelle ». Et comme le levier culturel est, à ses yeux, la meilleure arme qui puisse inciter les « rebelles » à agiter le drapeau blanc, l’homme qui a procédé, hier, au lancement de son ouvrage intitulé « crise casamançaise : problématique et voies de solution », propose la mise en place d’une confédération entre le Sénégal, la Gambie et la Guinée-Bissau.

Des mécanismes culturels pour faire taire les armes qui crépitent dans la région naturelle de la Casamance en proie, depuis quelques jours, à un regain de violence. Pour avoir consacré un ouvrage à ce conflit armé qui mine la partie sud depuis 27 ans, Me Boucounta Diallo propose aux autorités d’explorer cette piste. « Le facteur culturel est un levier important. Les généraux qui ont été délégués dans cette zone ne peuvent pas résoudre, à eux seuls, ce dossier sensible dont la résolution doit reposer sur des mécanismes culturels ; sinon, les deux parties ne s’entendront jamais. »

L’homme qui a eu à étudier en profondeur le dossier casamançais est d’avis qu’il est important de jouer avec minutie sur la fibre culturelle pour apaiser cette tension. Le langage des armes n’a jamais été une bonne option. « Par la culture, l’écriture, nous pouvons trouver des solutions assez originales. Si les intellectuels pensent que la signature d’un accord peut assurer un retour à la paix, ce n’est pas le cas de l’autre partie qui n’accorde aucune importance à l’encre et la plume. Pour eux, le serment rituel est plus important. La trahison peut amener à des sanctions sévères. En intégrant le maquis, ils ont fait un serment qui ne peut être levé qu’en présence des différents acteurs, alors qu’il y en a qui ne sont plus de ce monde ».

Toujours est-il que pour Me Boucounta Diallo, « les autorités doivent redoubler de vigilance et faire appel à l’expertise nationale pour régler cette question délicate. Il est important de cerner l’état d’esprit des rebelles. Leur unique horizon se limite à la tuerie. Ils se divertissent même en tuant des animaux dans la forêt. Il serait bien de leur faire comprendre qu’il y a un autre univers, une autre vie derrière cette faction rebelle. »

Le médiateur de la république Serigne Diop abonde dans le même sens. « Il est prouvé dans l’histoire que la piste militaire n’a jamais été la solution idoine pour régler une situation de guerre », dit-il.

Que des mouvements rebelles aient des bases de repli dans les pays limitrophes comme la Gambie et la Guinée Bissau ne surprend aucunement l’auteur de l’ouvrage, puisqu’il estime que nos 3 pays partagent des liens très étroits. « 10 ethnies du Sénégal vivent dans la région naturelle de la Casamance. Ces mêmes ethnies se retrouvent en Gambie et en Guinée Bissau. C’est ce qui justifie que le Mfdc trouve facilement des relais dans ces pays. Les chefs d’Etat de ces deux pays sont d’ethnie diola. Je pense qu’il est temps de réfléchir à une confédération à 3 qui s’inscrit dans la durée. C’est aux intellectuels de poser les actes, avec comme base l’unité des peuples. C’est un problème culturel au début et à la fin ».

Par ailleurs, Me Boucounta Diallo, souligne que l’unité nationale du pays est à préserver. « La Sénégalité de la Casamance est plus évidente que celle du Fouta, par exemple. Toutes les richesses culturelles du pays se retrouvent en Casamance.

Pour le médiateur de la république et ministre d’état, Serigne Diop, le langage des armes doit cesser. « Il faut que nous nous parlions entre sénégalais. L’Etat va s’atteler également à la neutralisation de ceux qui vivent de la situation de guerre en l’alimentant. »

Matel BOCOUM

lasquotidien.com

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