Pour une commission vérité et réconciliation sur la Casamance !

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Un casamançais né en 1982 a aujourd’hui (en 2012) 30 ans. Quand le 26 décembre 1982, le MFDC Mouvement des Forces Démocratiques de Casamance hissait son drapeau à la place de celui du Sénégal dans la Gouvernance de Ziguinchor, l’Etat central était intervenu au nom du principe de respect de l’intégrité territoriale nationale.
Etait-ce une intervention ferme et sans démesure ? Les historiens sans refaire l’histoire pourront en débattre. Toujours est-il que le MFDC trouvait là un prétexte historique pour rejoindre le maquis et se battre pour une cause facile à répandre dans un contexte de crise avec les plans d’ajustement structurels pointant déjà le bout du nez. Depuis lors l’escalade est là avec son lot d’exactions et d’extrémisme fratricide en totale ignorance du versant culturel et identitaire de cette crise.
L’abbé Diamacoune Senghor et Sidy Badji ne savaient sans doute pas en 1982 que cette guerre allait être plus que trentenaire et fratricide.
Le président Abdou Diouf chef de l’Etat à l’époque n’aurait certainement pas mesuré le tréfonds culturel de refus dont la détermination n’a d’égale que la forte résistance que cette région avait opposée à l’esclavage et à la colonisation française.
Trente ans que cela dure et aucune solution pérenne n’est venue solder les comptes d’un conflit plaie géante dans un Sénégal qui se croit paisible. Peut-on parler de paix si pendant près d’un tiers de siècle tonnent les balles dans la partie la plus verdoyante de la nation ?
Une chose est sure : la force ne semble pas pouvoir être la solution et les différents accords signés n’ont pas permis de régler définitivement le problème de fond.
En vérité, la durée et la dureté actuelles du conflit procèdent de deux entêtements qu’il faut dépasser dans la sérénité et la sauvegarde de l’intégrité de cette nation qui doit aussi donner un sens concret au multiculturalisme qui fait notre richesse. L’Etat central a comme trop embrassé et mal étreint.
C’est le mode de développement national que nous devons revoir en mettant du jus dans le pays profond pour inverser le tout-Dakar qui vampirise ce pays avec seulement 0,28% de la superficie nationale pour 60% de l’activité économique industrielle.
L’urgence des urgences dans ce pays est la résolution du conflit casamançais ; ce qui suppose reconnaître l’échec des deux stratégies jusqu’ici mise en œuvre que sont la force et la corruption. Il n y pas d’autre issues à ce conflit que la négociation empreinte sincérité.
Aujourd’hui il faut une commission vérité et réconciliation sur la Casamance. Le travail de cette commission doit déboucher sur un bilan global et un fort appel suivi d’actes pour la paix.
Il nous faut même envisager un statut déterminé (pour ne dire spécial) pour la Casamance et les régions limitrophes qui doivent chacune avoir une sorte de Haute Autorité locale en charge de l’exécution avec une marge de manœuvre large pour ne dire d’autonomie sur les programmes de développement. Ces programmes doivent tendre vers plus de justice dans l’allocation des ressources nationales.
Cette Haute Autorité devrait travailler en étroite collaboration avec les structures décentralisées pour bâtir un véritable développement de la Casamance autour des axes ci-dessous :
1- La paix
2- Le déminage et la reconstruction des infrastructures dévastées
3- Le financement d’activités génératrices de revenus
4- La construction de nouvelles infrastructures
5- La désalinisation des sols
6- L’électrification rurale
7- La téléphonie rurale
8- La réhabilitation des vallées rizicoles
9- La relance de l’activité touristique
10- La réinsertion des personnes déplacées

La composition, le statut et le mode d’intervention de la Haute Autorité seront définis par les parties prenantes (Etat, MFDC, Société Civile Casamançaise et Partenaires au développement)

Au-delà de la Casamance, c’est tout le modèle de développement qu’il nous faut revoir en structurant ce pays en cinq zones homogènes avec une décentralisation des moyens et des compétences adossée à une planification nationale d’ensemble sur des bases de complémentarité plus que de concurrence.
Même s’il faut laisser le découpage administratif actuel en quatorze régions, il nous faut créer des sortes d’inter-régions en cinq entités avec cinq plans de développements interrégionaux articulé au plan national.
Les zones pourraient être :
– le nord à vocation rizicole et pastorale,
– le centre orienté vers les cultures intrants pour l’industrie alimentaire,
– l’ouest pour la pêche, le tourisme et certains services de pointe,
– l’est spécialisé surtout dans le sous-secteur minier,
– le sud, grenier du pays et zone céréalière et fruitière.
Avec ce découpage intelligent en cinq grands ensembles, c’est le pouvoir central qui cédera du terrain et des prérogatives au pouvoir local pour donner aux citoyens le sentiment d’être pris en compte. L’Etat central jouera un véritable rôle de chef d’orchestre en laissant aux acteurs plus d’autonomie et d’imagination.
Cet enjeu de la décentralisation sera le principal chantier du futur Président que nous souhaitons suffisamment dynamique pour régler le problème casamançais plaie et germe d’autres conflits.
Vivement le dialogue des braves pour la paix des mêmes braves.
Vivement que le conflit casamançais soit enfin pris en compte sans haine ni populisme.
Prendre en compte c’est d’abord se dire la vérité et ensuite se réconcilier pour dire plus jamais ça.
C’est possible dans une Nouvelle République plus démocratique et moins central.

Mamadou NDIONE
Economiste-Ecrivain-Logisticien
[email protected]

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