Etre partout et à tout moment. Telle semble être la stratégie adoptée par Macky Sall et son parti. En fait, à neuf mois de la présidentielle de 2012, le leader de l’Alliance pour la république (Apr) réussit une bonne stratégie d’occupation du terrain politique. Mieux, Macky Sall semble prendre de l’avance sur le reste du peloton. Surtout du côté des candidats potentiels de l’opposition.
Difficile de quantifier le poids électoral de Macky Sall. Depuis sa naissance, son parti, l’Alliance pour la république (Apr), n’a jamais participé à une élection. En tout cas, pas sous sa propre bannière. La seule élection à laquelle a pris part l’Apr, ce sont les locales de mars 2009. Et le parti de Macky Sall y est allé dans le cadre de la coalition Bennoo Siggil Senegaal. Du moins dans l’essentiel des grandes villes. Il serait donc hasardeux de tenter de dire le poids réel de Macky Sall sur le paysage politique sénégalais. Même si des sondages publiés récemment le créditeraient d’un bon score à la présidentielle de 2012.
En revanche, le moins que l’on puisse dire, c’est que depuis son départ du Parti démocratique sénégalais (Pds) suivi de la création de l’Alliance pour la République (Apr), Macky Sall mène un solide travail de terrain pour rester en contact permanent avec les militants. Un travail de proximité qui s’est accéléré à quelques mois de la présidentielle prévue en février 2012. Ce qui fait dire à beaucoup d’observateurs que l’ancien président de l’Assemblée nationale est en train de prendre une avance réelle sur ses potentiels concurrents, surtout du côté de l’opposition. Mais comment ?
Il y a d’abord une stratégie d’occupation du terrain. A la différence de beaucoup d’autres formations politiques, y compris le Parti démocratique sénégalais (Pds), qui perdent beaucoup d’énergie à régler des conflits internes ou qui se contentent de balancer des communiqués et déclarations pour dénoncer telle ou telle autre décision du gouvernement. La nature ayant horreur du vide, Macky Sall semble être le seul à occuper le terrain. Au moment où le leader de l’Apr sillonne l’intérieur du pays et parfois la diaspora pour mobiliser les troupes, les cadres de son parti sont très présents dans le débat politique. Occupant régulièrement les médias. Pendant, ce temps, les jeunes « républicains », eux, s’investissent en organisant sit-in et marches pour réclamer la délivrance des cartes nationales d’identité. Et ils n’hésitent pas à se frotter à la police pour que « leurs droits soient respectés ». C’était le cas, jeudi dernier, aux Parcelles Assainies.
C’est également une partie de ses jeunes qui sillonnent le département de Fatick pour sensibiliser leurs camarades sur le rôle qu’ils doivent jouer à la présidentielle de 2012. Des ateliers de formations animés par Mbaye Ndiaye, ancien maire des Parcelles Assainies et directeur des structures de l’Apr. Et comme si cela ne suffisait pas, Benoît Sambou, chargé des élections de l’Apr, et Abdou Mbow, leader des jeunes, conduisent une délégation dans le Sud du pays. Leur mission : sensibiliser les militants et veiller à la régulation des inscriptions sur les listes électorales.
En fait, même si des chefs de partis comme Ousmane Tanor Dieng du Parti socialiste (Ps) sont également sur le terrain, force est de constater que, sur le plan de la communication, Macky Sall semble plus visible médiatiquement. Mieux, le leader de l’Apr donne l’impression de développer un discours et une démarche cohérents notamment sur la candidature de l’opposition. Non seulement Macky Sall a été clair sur son option pour une candidature plurielle, mais il ne fait aucun doute qu’il sera candidat. C’est en tout cas clair dans la tête de ses militants et sympathisants. Là où les autres leaders de Bennoo Siggil Senegaal peinent à dire s’ils seront candidats ou pas. Ce n’est pas pour rien, d’ailleurs, que des responsables politiques comme Me Aïssata Tall Sall sonnent l’alerte et donnent un ultimatum à Bennoo. La maire socialiste de Podor pense que Bennoo Siggil Senegaal doit trancher le débat sur la candidature au plus tard au mois de juin.
Ne serait-ce que sur ce point précis, Macky Sall semble être en avance sur le reste du peloton. Cela suffira-t-il à faire un bon score à la prochaine présidentielle ? Difficile à dire.
Les sondages sur lesquels personne ne s’accorde et qui semblent être un des baromètres, ont du mal à donner une photographie du poids de chaque candidat. Un récent sondage fait sur la région de Dakar et qui attribuait la première place à Macky Sall, ne peut être considéré comme fiable au regard de ses limites géographiques, mais surtout aussi par l’absence de certitude quant à la neutralité du cabinet qui l’a réalisé. Il s’y ajoute aussi qu’une visibilité médiatique avérée, ne signifie pas forcément, une popularité certaine.
Mais ce que l’on peut par ailleurs préciser, c’est que Bennoo qui peine à s’unir pour trouver son candidat unique, pourrait revenir en force s’il arrive à résoudre ce handicap. Ce qui pourrait également ne pas arranger les affaires de Macky car alors, l’opposition dite significative, pourrait retrouver une crédibilité d’antan, notamment comme avec la fameuse coalition de l’opposition en 2000. Et l’on parle de plus en plus d’ailleurs d’une issue heureuse grâce à un candidat de consensus autre qu’un chef de parti.
Autre acteur politique à ne pas enterrer trop vite, même s’il est exclu du Pds et n’a pas d’appareil politique, Idrissa Seck. Il est de tous les candidats de l’opposition, celui qui rebondit le plus vite et qui a une marge de progression beaucoup plus rapide que ne semblent l’apprécier ses détracteurs. Il peut être un concurrent très sérieux pour Macky Sall, s’il n’est pas l’adversaire le plus dangereux de Me Wade et du Pds.
Mais puisqu’aujourd’hui, le défi majeur, c’est de capitaliser toute la sympathie obtenue et une notoriété certaine grâce au travail de terrain. Sur ce plan là, Macky Sall a en tout cas bien joué sa partition. Reste à voir si l’identification par les populations va se transformer en votes favorables. ça, c’est une autre paire de manches.
Nettali.net
