PRESIDENTIELLE DE 2012. Un candidat en cache-t-il un autre ?

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La candidature déclarée depuis l’année dernière du chef de l’Etat à sa propre succession en cache-t-elle en réalité une autre ? Dans certains cercles proches de la majorité, tout comme au sein de l’opposition et de la société civile, l’on n’est pas loin de le croire. On s’y attend en effet à « deux candidatures » au sein de la majorité libérale dont l’une devrait être « invalidée » au profit de l’autre.

Faut-il aller chercher la botte secrète du Maître dans sa déclaration si prématurée de candidature à sa propre succession ? Une annonce faite depuis l’année dernière, trois ans avant la présidentielle qui est prévue elle, en février 2012 qui a plongé le pays dans une campagne électorale permanente au risque de plomber son économie. Ou bien dans ce qui passe aux yeux de plusieurs observateurs comme une opération quasiment planifiée de « liquidation » ou de « domestication », d’affaiblissement en tout cas, des ténors du Parti démocratique sénégalais (Pds) et de la mouvance présidentielle qui pourraient porter ombrage à l’héritier. Idrissa Seck, Macky Sall, Pape Diop, Ousmane Ngom, Aminata Tall, Souleymane Ndéné Ndiaye, l’actuel Premier ministre et l’ancien ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères, Cheikh Tidiane Gadio, la liste n’est pas exhaustive.

Tous ont fait l’objet ou font l’objet d’une tentative de liquidation ou d’affaiblissement ou encore d’accusation infamante qui viserait à les discréditer aux yeux de l’opinion, à leur dénier la qualité de porter les couleurs du Pds à la présidentielle prochaine. Leur situation actuelle pour ceux et celles qui sont encore au Pds, est inversement proportionnelle à l’ascension dans les sphères de l’Etat et du parti du fils qui trône désormais au Comité directeur du Pds et « régente » pour bon nombre d’observateurs le pays par la volonté de son père.

En faisant braquer néanmoins les feux sur sa personne alors qu’on lui prête un agenda secret de dévolution du pouvoir au profit de son ministre d’Etat de fils, Karim Wade, le président de la République ne cache-t-il pas habilement son jeu ? Sa candidature n’est-elle pas un leurre destinée simplement à faire passer la pilule de celle de son fils qui s’imposerait à tous ? De plus en plus, on n’est pas loin de le croire aussi bien dans certains cercles initiés de la majorité que dans l’opposition et au sein de la société civile intéressée. Moussa Tine, l’ancien député de l’Alliance Jëf Jël, aujourd’hui, président de l’Alliance démocratique « Penco » rappelait récemment dans un entretien accordé à Sud Quotidien, que « le président Wade ne pouvait pas se présenter en 2012 au regard des dispositions pertinentes de la Constitution de 2001, notamment en son article 104 parlant des dispositions transitoires. Sa candidature est un leurre. ». Pour qui ? L’ancien camarade de Talla Sylla s’interroge et remarque « le vide intelligemment créé autour du fils ». Les membres de l’Union nationale des indépendants du Sénégal (Unis) qui veulent barrer la route à la candidature de Wade pour un troisième mandat ne disent pas autre chose. Ils entendent invalider cette aspiration et se donnent un plan d’action pour arriver à leur fin.

Pour Serigne Mbaye Thiam du Parti socialiste (Ps) cependant, tout en faisant échos à ceux qui avancent l’impossibilité d’une telle candidature, « Me Wade veut dribler son monde, surtout son parti, le Pds et sa mouvance. Il sait que sa candidature sera automatiquement attaquée devant le Conseil constitutionnel et devrait conséquemment être invalidée. Donc sa déclaration de candidature apparaît plus comme un leurre qu’autre chose. Il veut mettre son parti et ses alliés devant le fait accompli : ma candidature étant refusée par le Conseil constitutionnel, il ne reste que celle de Karim Wade que nous devons soutenir, leur dira-t-il après coup ».

D’autant plus que, souligne Serigne Mbaye Thiam de plus en plus « chez eux », des voix s’élèvent pour réclamer la candidature du fils. « Plusieurs fois, Me Wade lui-même a évoqué cette possibilité en disant sur un ton amusé qu’il serait cocasse si Karim se présentait contre lui. Ce qui veut dire qu’il envisage une telle possibilité s’il ne la suscite pas », observe Serigne Mbaye Thiam. Du côté des libéraux, le ministre d’Etat auprès du président de la République, chargé lui aussi des Affaires politiques, Babacar Gaye venu apporter son soutien militant à ses « frères » de parti de Bignona n’y évoquait-il pas l’après Wade ? Certains de ses frères qui préfèrent garder l’anonymat n’en pensent pas autrement. Plusieurs d’entre eux cachent difficilement cependant leurs réticences à faire la courte échelle au fils. Ils traînent le pas et se hâtent lentement pour les renouvellements de Farba Senghor. Mais que feront-ils en cas de candidature de Karim Wade ? Idrissa Seck est-il leur Jockey ? L’avenir le dira.

L’impossible anticipation

La deuxième présidentielle post-alternance se tiendra-t-elle à date ? La question reste ouverte, mais son anticipation paraît cependant impossible d’autant plus que l’audit du fichier électoral en présence des experts de l’Usaid, de l’Union européenne et de la République d’Allemagne, un projet d’audit accepté par la majorité et l’opposition précédemment prévu du 15 août à fin janvier 2001 semble décalé pour être compris désormais dans la fourchette du 15 septembre au 15 mars 2011. Auprès des partenaires, on a eu certainement le souci des vacances d’août et celui d’appel à la candidature pour les experts « vérificateurs ». Toujours est-il que de sources généralement bien informées, l’année prochaine devrait coupler la révision ordinaire annuelle des listes électorales à celle exceptionnelle d’année électorale.

La présidentielle si elle se tient à date devant avoir lieu le 25 février 2012, la révision exceptionnelle des listes ne pouvant donc se tenir qu’en 2011. L’un dans l’autre, entre l’audit « internationalisé » du fichier électoral et la révision couplée des listes électorales, il existe peu de place pour une élection anticipée. Il s’y ajoute qu’aucune ligne budgétaire n’a été inscrite cette année dans la loi des finances pour des élections au Sénégal. Même si au sein de l’opposition, on nourrit encore des craintes de voir la majorité louvoyait avec l’audit du fichier électoral qu’elle réclame à cors et à cris, il n’en demeure pas moins qu’on y est persuadé que la présidentielle ne sera pas anticipée. Reste maintenant à savoir s’elle ne sera pas renvoyée pour être couplée ou découplée, avec toutes les autres élections, les législatives de 2012 et les locales de 2013. Me Wade a le secret de dérouter son monde.

sudonline.sn

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