Procès Karim Wade – Côté ambiance intérieure, ça a chauffé !

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Le cadeau d’anniversaire de la CREI au prévenu Karim Wade ? La jonction au fond de l’ensemble des exceptions de nullité soulevées par la défense. Mais pour le président de la Cour, Henry Grégoire Diop, ce fut une audience littéralement infernale…

Il faut croire qu’ils ont la dent dure : les juges de la CREI décident, ce lundi, de poursuivre le procès en joignant les exceptions de nullité au fond ! Karim Wade, Bibo Bourgi et Co. sont donc bel et bien partis pour souffrir des mois aux mains du Président de la Cour, Henry Grégoire Diop, et du Procureur Spécial, Alioune Ndao.

Un cadeau d’anniversaire des plus amers donc, puisqu’à ce qu’il paraît, Wade junior aurait eu 46 ans hier. Heureusement pour lui, ses ‘’supporters’’ (comme aime les appeler le président de la cour) sont là de bonne heure pour lui chanter ‘’Joyeux Anniversaire’’ à l’unisson, quoique certaines notes aient été atrocement malmenées par ceux de l’assistance n’ayant pas l’oreille musicale.

En hôte gracieux, Karim bat la mesure debout dans le box avant de s’asseoir au chant de ‘’Président ! Président !’’ avec un sourire sur les lèvres… Qu’il soit sincèrement touché ou fier de son action de com’, personne n’en saura jamais rien.

En cette belle matinée non pluvieuse, ce n’est néanmoins pas Karim qui est la cible de tous les regards : une fois l’audience ouverte, c’est plutôt Aboukhalil Bourgi, dit Bibo Bourgi, que tout le monde regarde d’un air ébahi. En effet, entré en chaise roulante, c’est sur un brancard que l’homme repartira à la mi-journée… mais ne brûlons pas les étapes !

“On s’en fout de son état de santé !”

Bibo va être le personnage principal d’une véritable Iliade juridique où tel Patrocle, il voit ses avocats bondir comme un seul homme et (presque) jurer de le venger quand Henry Grégoire Diop commet l’”erreur” de vouloir contraindre un simple ambulancier de servir d’expert médical et lui dire “de quoi souffre son client”.

Si l’utilisation du terme “client” est un malheureux lapsus qui passera inaperçu, la requête du juge déchaîne néanmoins les foudres des avocats de la défense avec, en première ligne, Mes Dreyfus-Schmitt et Baboucar Cissé qui vont carrément hurler à la mort : “Trop, c’est trop !”, tonne le très vocal avocat, seul audible dans le brouhaha indescriptible qui règne alors puisque tout le monde parle en même temps, y compris le Président de la Cour qui menace de poursuivre pour outrage à magistrats à tout va.

Évidemment (et, quelque part, tristement), c’est exactement de ce genre de contexte chaotique que profite Me El Hadj Diouf pour, lui aussi, sauter dans la mêlée… Rugbyman peut-être mais pas fair-play pour un sou, l’avocat-parlementaire profite donc de cette espèce d’impunité généralisée du moment pour cracher son venin :

“C’est du cinéma ! Il n’a rien ! On s’en fout de son état de santé ! Il nous emmerde !”, s’égosille-t-il, à tel point qu’un de ses confrères est obligé de l’éloigner de la barre manu militari pour qu’il n’en vienne pas aux mains avec ceux de la défense assez énervés pour relever la ou les insulte(s) !

Le président déclare forfait

À ce stade, le Président de la Cour semble totalement dépassé par la tournure qu’ont pris les événements et essaye de justifier sa question à l’ambulancier, butant à de nombreuses reprises sur le mot “coronarographie” (qu’il ne peut apparemment prononcer) avant de déclarer forfait et de demander à ce qu’on appelle le médecin de Bibo, logiquement plus habilité à se prononcer sur l’état de santé du patient (et non du ‘’client’’).

Suspension de l’audience… Les avocats tournent en rond tels des requins dans un aquarium, le temps qu’on dépêche le bon docteur sur les lieux. Mais avant que celui-ci arrive, le bâtonnier de l’Ordre des avocats, appelé à la rescousse par le secrétaire général de l’Ordre, entre en scène : Me Ameth Ba passe par la porte derrière le présidium et va directement s’entretenir avec la cour.

L’audience toujours suspendue, le Dr. Trigi, urologue à la Clinique du Cap, arrive et examine Bibo Bourgi. Voyant que celui-ci peine à rester éveillé, il fait amener sur les lieux un brancard et l’y installe après s’être assuré de l’état de ses perfusions. C’est donc à la vue de ce tableau peu reluisant que la cour revient dans la salle…

Cette même cour qui avait, au début du procès, déclaré qu’on jugerait le prévenu ‘’même s’il était alité comme Hosni Moubarack’’, ne semble pas s’émouvoir outre mesure de cette nouvelle accommodation faite à ce dernier.

Bibo alias Moubarack II

Moubarack II donc, reste près du banc des avocats en compagnie de sa femme éplorée alors que le Bâtonnier prend la parole : ‘’Je vois ici un prévenu dans un état qui me choque (…) De la responsabilité, c’est aussi ce qu’on attend de la cour”, souligne Me Bâ, avant de céder la place au médecin traitant du malade.

S’ensuit une pénible demi-heure où praticiens et juristes échangent, les deuxièmes essayant de trouver des failles dans le raisonnement des premiers pour justifier leurs dénégations quant aux griefs des avocats de Bibo Bourgi. Le Dr. Trigi reste néanmoins inamovible dans ses déclarations.

Quand le juge lui demande pourquoi, après qu’il a signé un certificat médical expliquant que Bibo devait être évacué en France, le médecin l’a quand même opéré à Dakar, ce dernier demande simplement au Président s’il aurait préféré qu’il ‘’laisse son client mourir’’.

Puisqu’il se heurte à un premier mur, Henry Grégoire Diop demande à un autre médecin (et collègue chirurgien du premier) à l’origine chargé d’accompagner Bibo Bourgi à l’audience mais ayant pris du retard du fait d’une urgence, de se prononcer sur l’état de ce dernier. Même son de cloche : Bibo est dans un état délicat et, à défaut de pouvoir ou de ne pas pouvoir être opéré au Sénégal, a toutefois besoin d’être urgemment ramené à l’hôpital car “ses extrémités commencent à se refroidir”.

Ce n’est apparemment pas la seule chose qui, ici, commence à prendre gel puisque, déconfite, la cour consent à laisser Bibo Bourgi s’en aller. Une fois le brancard hors de la salle, tout le monde respire un peu mieux et les avocats recommencent à s’agiter : Me Olivier Sur dit, à l’évidence, à la cour quelque chose que cette dernière estime déplacée puisque la réplique est assez verte : “Me, vous n’êtes pas chez vous !” explose le président Diop.

“Me, vous n’êtes pas chez vous !”

Deuxième gros incident de la journée puisqu’aussitôt, le public hue le magistrat. Eh oui ! S’il ne connaît pas forcément du droit, le Sénégalais n’aime généralement pas l’injustice, fût-elle apparente ou réelle. Frustrée, la cour ne supporte que quelques minutes d’audience supplémentaires avant de mettre les voiles, l’heure de pause venue aidant, et de promettre de statuer sur le “cas Bibo” à 15h, ce mardi.

Après une légère commotion causée vers 14h30 par la mère Wade qui, semblerait-il, avait voulu déjeuner de gâteau pour fêter l’anniversaire de son fils (pas qu’il ne fût dans la salle à ce moment-là), l’audience peut reprendre à l’heure prévue… Karim Wade, main dans la poche et marchant d’un air goguenard, se présente enfin à la barre…

Néanmoins, il prend la parole avant même que le Président ne puisse lui rappeler de quoi il est poursuivi, pour demander à ce que ses avocats aient la parole. “M. le Président, je m’excuse (on comprend ‘’de vous couper la parole’’ mais ça, il ne le dira jamais) mais mes avocats veulent intervenir’’, décrète le fils Wade. De l’autre côté, on est un peu pris de court et on s’évertue à expliquer que la lecture des motifs de renvoi précède toute intervention, fût-elle d’ordre divin.

“M. le Président, je me permets d’insister car il en va du respect des droits de la défense et pour que la vérité soit dite’’, relance le principal prévenu, droit dans ses bottes.

On peine toujours à contrer l’attaque de l’autre côté : Henry Grégoire Diop prend le parti de pratiquer la politique de l’autruche et lit les motifs de renvoi d’une voix bredouillante en espérant que s’il ignore l’adversaire, ce dernier finira par se taire tout seul… Mais rien à faire ! ‘’Puisque c’est comme ça, vous n’avez qu’à me condamner directement ! Donnez le verdict (et) comme ça chacun pourra rentrer chez soi et, pour Bibo, aller se faire soigner !’’ s’énerve alors Karim Wade.

“Mon chez-moi, c’est Rebeuss”

Tiqué, le Président sort (enfin) son nez de ses papiers : “Vous pensez pouvoir rentrer chez vous!?” demande-t-il au prévenu. “Mais M. le Président, mon chez-moi depuis bientôt deux ans, c’est Rebeuss (NDLR : prononcé “Reu-beu-seu”, avec l’accent toubab*), vous le savez bien !” ricane l’intéressé en guise de réplique.

On a beau secrètement le vouer aux gémonies, force est de constater que quand il s’agit de se défendre (ou du moins d’ennuyer Henry Grégoire Diop), Karim Wade ne manque pas de panache ! Jetant son écharpe derrière son épaule d’un geste affecté, il est de nouveau renvoyé au coin (ou, si l’on veut, dans son box)… Puisqu’il est plus facile d’avoir affaire à des avocats qu’à un auto-proclamé “prisonnier politique”, on invite ces derniers à s’exprimer.

Quelle galère, cette journée !… N’est-ce pas M. Le Président ?

Source: EnQuête

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