Procès Karim Wade : Dossier secret du parquet VS Botte secrète de la défense ?

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La défense de Karim Wade a fait remarquer au président de la CREI, ce mardi 16 septembre 2014, que le parquet Spécial semblerait disposer d’un « dossier secret », indépendamment du volumineux dossier de l’enquête préliminaire et de l’instruction. Cela rappelle – tragiquement – l’affaire Dreyfus. Et d’ailleurs, ce n’est pas le seul point commun que le procès de Karim Wade semble avoir avec l’affaire Dreyfus et le procès de Zola.

En effet, plus on avance dans ce procès plus on est édifié sur les stratégies de la défense, du parquet spécial, de la partie civile et de la cour.

Si la défense, comme dans tous les procès de cette nature, ne se faisant pas beaucoup d’illusions sur l’issu, décide de rendre systématiquement la « vie dure » au Président de la Cour, en faisant constater toutes les violations de ses droits, en particulier, et des règles de procédures, de manière générale, la Cour, quant-à elle, semble trop préoccupée par le contrôle des débats, afin que le procès ne soit pas celui du régime, des institutions de ce pays et plus particulièrement, du président de la république, Macky Sall.

Déjà, comme le président Delegorque (procès de Zola) le disait assez souvent à la défense de Zola, le président Diop, commence lui aussi à inciter la défense de Karim Wade à déposer des conclusions sur des questions de droit et à user de son droit de recours pour éviter les incidents d’audience.

Toutefois, Il reste évident que la défense fera tout pour installer une haute autorité au cœur de la procédure quand certaines questions seront abordées, avec la déposition surtout des témoins. Il ne s’agira point de vouloir détruire un homme, mais juste de faire triompher la vérité.

Très certainement, le président de la CREI ne manquerait pas d’emprunter au président Delegorgue, sa fameuse et célèbre phrase : « la question ne sera pas posée ». Ce qui sera une manière pour le Président Diop de dire que la question n’a rient à voir avec le procès de Karim Wade.

Ceci pour dire que la vraie bataille n’a pas encore commencé et que la défense de Karim Wade est encore très loin de dire son dernier mot.

En fait, si on examine bien la conduite de la défense, on remarquera que Karim Wade semble avoir réajusté sa stratégie en constatant peut être que l’autorité de poursuite semblait vouloir coûte que coûte écarter le nom d’une haute autorité étatique de la procédure. Curieusement, des dossiers comme le prétendu Jet privé de Karim Wade ont (miraculeusement ?) disparu. Du moins personne n’en parle plus et ils ne figurent pas sur le patrimoine attribué à Karim Wade.

Et en ce qui concerne le président Wade, qui, depuis son retour, n’a pas cherché à avoir un permis de communiquer avec Karim Wade et ne va pas non plus assister à l’audience, personne ne sait, en vérité, ce que « Diombor » compte faire.

Cependant, s’il y a dans ce pays, quelqu’un qui n’a absolument rien à perdre, c’est bien Abdoulaye Wade. En effet, je me demande qu’est ce que Abdoulaye Wade pourrait perdre de plus cher que la liberté de son fils unique?

Beaucoup de personnes, à sa place, n’hésiteraient pas de faire usage de toutes leurs capacités de nuisance pour faire sortir leur fils d’affaire. C’est simplement, humain.

En tout état de cause, et il faut le dire très clairement, Karim Wade a décidé de se battre loyalement et dans la dignité. On ne cesse de lui donner des coups en dessous de la ceinture, mais depuis le début de la procédure, il est resté un vrai gentleman… Il ne s’agit point d’un jugement de valeur, mais d’un constat. Il a lui même dit, s’il le faudra, il mourra en prison, mais en gentleman. En définitive, c’est quoi même la prison ? Rien, absolument rien.

De 1895 à 1927, Cheikh Ahmadou Bamba était privé de liberté (exiles, résidence surveillée)… et pourtant… ce qu’il a réussi de sa vie, lui, l’homme noir, est dix milles fois plus importants que ce que ceux qui lui privaient de liberté ont fait toute leur vie durant.

Et voyant le moral des prévenus, en particulier, Karim et Pouye, le parquet spécial sait peut-être qu’ils ne souffrent pas. Ils sont en très bonne forme. Par la grâce d’Allah swt.

Seulement, tout indique à croire que le parquet spécial, qui a initié l’action pénale contre Karim Wade, en prenant à témoin l’opinion publique à travers une conférence de presse, aurait fait de ce procès une affaire personnelle. On ne serait pas loin d’un duel entre Karim Wade Wade et le parquet spécial. Disons le clairement, dans un procès normal, le parquet n’a pas besoin d’être automatiquement contre le prévenu. Il arrive souvent que le procureur requiert la relaxe, purement et simplement, du prévenu.

Or pour le procès de Karim Wade, aucun sénégalais n’ose imaginer voir le parquet spécial requérir la relaxe du Ministre d’Etat Karim Wade. Juste pour dire à quel point le destin de Karim Wade est lié à celui du parquet spécial. A l’issu de ce procès, il y a une partie qui sera très probablement terrassée. Ce qui serait tout à fait anormal dans une république digne de ce nom. Hélas ! on semble avoir poussé le bouchon trop loin.

Pour revenir sur ce fameux « dossier secret », l’éminent et très perspicace avocat de Karim Wade, Me Ciré CLédor Ly, a eu à faire un cours magistral, devant la barre de la CREI, sur la « rédaction » du code procédure pénale. Me Ly a eu à rappeler que les dispositions du code de procédure pénale ne tombent pas ex-nihilo. En vérité, plusieurs dispositions du code de procédure pénale sont consécutives à de petites ou grandes histoires (judiciaires) de l’humanité.

Ainsi, le parquet spécial n’est pas, comme dirait Mamadou Lamine Diallo, « la projection orthogonale de dieu sur terre ». Et le procureur n’est pas non plus un magicien. Et nous n’osons pas croire qu’après l’enquête préliminaire et l’instruction, le procureur aurait la possibilité de mener des enquêtes pour pouvoir disposer de nouvelles pièces.

Dans tous les cas, à l’issu de ce procès, le législateur sénégalais ne manquera pas de procéder à la révision de certaines dispositions du code de procédures pénales, allant dans le sens d’un meilleur encadrement des pouvoirs du parquet et du renforcement des droits de la défense.

Parallèlement, le président de la république, constatant l’échec de la traque des biens mal acquis, ne manquerait pas au niveau sous-régional, régional, africain et même international d’attirer l’attention des grands décideurs du monde sur les limites objectives des instruments de luttes, sur le plan mondial, contre la corruption, le blanchiment d’argent, la délinquance financière internationale…

En effet, comme nous l’avons déjà indiqué dans une précédente tribune, même condamné, l’Etat ne retrouverait pas grand-chose du patrimoine attribué au ministre d’Etat Karim Wade.

Pour preuve, beaucoup de pays n’ont pas encore répondu aux commissions rogatoires internationales.

Et l’exemple du Bénin est assez édifiant. En fait, comment le Bénin pourrait saisir une entreprise de droit béninois – à savoir AHS Bénin – qui appartient majoritairement à deux entreprises Offshores ? Mieux, deux béninois sont actionnaires de cette société.

Alors de quel droit et à quel titre, les autorités (administratives comme judiciaires) béninoises vont-elles procéder à l’expropriation ? Et pourtant, cette entreprise est mise dans le patrimoine de Karim Wade par le parquet spécial et la CI de la CREI l’a confirmé.

Encore que tout le monde sait que le droit de propriété est « sacré », et nous avions déjà rappelé, dans une précédente tribune, qu’il était à la fois le « fondement de la société et la base de l’économie « .

Sadikh DIOP

Citoyen Sénégalais

Administrateur de Limedia

1 COMMENTAIRE

  1. Et pourtant le procureur spécial a déjà menti au vu et au su de Macky Sall, au vu et au su de tout le Sénégal fanatisés compris. Il est passé de 700 milliards à 100 milliards. Pour annoncer une poursuite sur 7 00 milliards, il l’avait fait par conférence de presse. Mais il est passé à 100 milliards sans aucune explication. Puisqu’il avait commencé par conférence de presse pour être entendu du maximum de personnes pour annoncer 700 milliards, s’il avait du respect pour ces gens, il devait convoquer une autre conférence pour annoncer qu’il passe de 700 à 100. Parce que la différence est trop grande. En comparaison à la même époque Abdoul Mbaye, PM, convoquait les médias pour annoncer une baisse sur le prix du pain de 25 F. Le procureur fait une baisse de 600 milliards en silence. Il n’y a pas pire manque de respect au peuple que cette façon de faire. J’avais dit en son temps que c’est monter sur un toit, prendre un haut parleur et crier au voleur. Et lorsque des gens court le rattraper, vous arrivez calmement lui suçoter à l’oreille que vous vous étiez trompé. Manque de considération envers ceux qu’on a fait courir.
    La vérité aujourd’hui, au Sénégal, une vérité que tout le monde voit de ses yeux (et après libre à chacun d’en faire ce qu’il veut), la vérité, c’est que jamais au grand jamais, Alioune Ndao ne dira au sénégalais : « Je reconnais que les 700 milliards, c’était exagéré, mais il a quand même pris quelque chose ». Jamais Dansokho ne s’adressera au sénégalais, pour leur dire : « Je reconnais que les 4000 milliards, c’était exagéré, mais il a quand même pris quelque chose ». Jamais un Félix Sow ne dira au sénégalais que ses 430 milliards dans les banques arabes, il l’avait juste dit parce que c’était à la mode.
    Et pourquoi ces gens là ne diront jamais ces vérités ? C’est parce que leur discours s’adresse s’adresse à une frange de la population. Celle qui a la particularité d’être excessive. Excessive en amour, excessive en haine. Par cette excentricité, cette frange est bien utile en politique. Elle sert facilement de force politique. Comme le crieur au voleur, sur son toit. Il crie parce qu’il ne peut pas maîtriser son « voleur ». Ce sont d’autres qui lui capturent son « voleur ». Mais quand il suçote dans l’oreille du « voleur » qu’il s’est trompé, c’est parce qu’il sait que ces mots ébruités, il est bon pour la bastonnade par ceux qu’il avait fait courir. Ils courent facilement sans comprendre pourquoi ils courent, mais ils bastonnent aussi facilement d’autant. Ils sont donc, des couteaux à double tranchants.
    Macky, son Ndao, sa CREI, et tous ces répétiteurs se retrouvent dans leur propre piège. Obligés ils le sont de poursuivre le mensonge, mais en le dégraissant, pour ne pas subir le revers de la médaille. C’est par nécessité de dégraissage que le Ndao passe de 700 à 100 milliards. Vous constaterez l’efficacité de la méthode en notant que ceux qui croyaient à un vol de 700 milliards ont réajusté leur haine à hauteur de 100 milliards. Et ça continue. C’est par obligation de dégraissage qu’un Dansokho part d’une annonce de vol de 4000 milliards à la déclaration qui laisse entendre que son « voleur » doit être libéré parce que la loi de la CREI est injuste. Ils sont obligés de dégraisser pour ne pas être « bastonnés » par ceux qu’ils ont fait courir. Et on en arrive à la nouvelle mouture de « même si c’est un franc c’est un vol ». Et pourtant ils savent tous qu’une république n’a pas besoin d’accuser de 4000 milliards ou de 700 milliards pour rechercher 1 Franc. Non, la raison est ailleurs : POLITIQUE.

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