L’ancien garde-corps rapproché de Karim wade a témoigné, hier, à décharge contre son patron. Selon Victor Kantoussan, Karim wade ne lui a jamais remis de l’argent à verser dans ses comptes. Toutefois, il reconnaît avoir versé par deux fois de l’argent dans des comptes appartenant à Karim wade (versements de 50 millions et un autre de 36 millions FCfa) sur instruction de l’ancien président de la République, Me Abdoulaye wade.
Troisième témoin entendu, hier, à titre de simple renseignement dans le procès Karim Wade, Victor Kantoussan a réussi, plusieurs fois, hier, à faire réagir le public du procès, mais aussi à arracher un sourire au président de la Crei, Henry Grégoire Diop, et au substitut du procureur, Félix Antoine Diome, par ses commentaires, ses appréciations et ses déclarations fracassantes.
« Très bonne question ! » commente-il-souvent. Ce qui ne laisse pas le public sans réaction. Victor Kantoussan n’hésite pas non plus à interrompre la Cour, et d’une voix très militaire, pour faire certaines précisions. Cette attitude n’a pas toujours plu au président Henry Grégoire Diop qui lui a d’ailleurs fait le reproche à plusieurs reprises. « Evitez de tenir des propos désobligeants en l’endroit de la Cour, Sinon vous risquez d’être poursuivi pour outrage à magistrat », lui a-t- il signifié.
Assistant en sécurité, comme il se présente, et ancien membre du Groupement d’intervention de la gendarmerie (Gign), Victor Kantoussan a déclaré d’emblée à la barre n’être lié à Karim Wade par aucun contrat de travail.
« J’ai un contrat de travail avec l’ancien président de la République Me Abdoulaye Wade qui m’a détaché au service de M. Karim Meïssa Wade. La sécurité de Karim Wade n’est pas liée à sa fonction de ministre. Tant que son père était président, il avait droit à une sécurité », a soutenu l’ancien gendarme, démissionnaire en avril 2012.
Versements de 50 millions et de 36 millions de FCfa
A la question de savoir est-ce qu’un ministre a droit à une garde rapprochée ? Il répond : « C’est le pouvoir discrétionnaire du président de la République qui donne une garde rapprochée à qui il veut ».
« Est-ce qu’il n’aurait pas de conflit de prérogative entre les gardes de Karim Wade en tant que ministre et ceux en tant que fils du président de la République ? » a poursuivi le président de la Cour.
« Je n’ai jamais dit qu’il avait une garde du corps en tant que ministre et une garde du corps en tant que fils du président de la République. J’étais le seul garde du corps de M. Karim Wade. Le gouverneur militaire est responsable de la sécurité de la famille du président de la République », a rétorqué M. Kantoussan.
Selon lui, sa tâche auprès de l’ancien ministre d’Etat consistait à assurer la sécurité de celui-ci en tout temps et en tous lieux. Il explique que Karim Wade ne lui a jamais demandé de verser de l’argent en espèce dans son compte dans une quelconque banque.
Toutefois, il précise qu’il a eu à verser de l’argent, que l’ancien président Abdoulaye Wade lui avait remis, dans des comptes de Karim Wade à la Sgbs et à la Cbao.
« C’est un versement de 50 millions et un autre de 36,495 millions. Cet argent m’a été remis par le président de la République Me Abdoulaye Wade dans ses locaux privés du palais de la République. Il m’a demandé d’aller verser cette somme dans des comptes de Karim Wade et m’a donné les numéros des comptes. J’ai exécuté les instructions sans hésitation », a soutenu Victor Kantoussan.
Il explique n’avoir jamais prévenu Karim Wade de ce dépôt d’argent. Avant de préciser d’ailleurs que celui-ci était absent du territoire national, mais il a rendu compte à Me Abdoulaye Wade qui lui a demandé ce service.
« Je vis pour le président wade »
A la question de savoir s’il connaissait Bibo Bourgi, il répond « oui », avant de préciser qu’il le voyait rouler en moto sur l’avenue de la présidence en 1992, alors qu’il venait en renfort dans ce lieu, mais ne l’ai jamais revu après 1992. Sur interpellation de la Cour, il reconnaît avoir accompagné Karim Wade à l’immeuble Ibm où habite Bibo Bourgi.
Toutefois, il précise qu’il le raccompagnait jusqu’au 10e étage avant de retourner dans la voiture où il l’attendait. S’agissant de Mamadou Pouye, M. Kantoussan avance que la seule fois qu’il l’a vu, c’était lors de l’audition à la section de recherches de la gendarmerie de Colobane. Il nie également avoir recommandé Albert Sami comme chauffeur à la société Ahs, contrairement aux déclarations d’Ellie Manel Diop.
« On doit apprendre à ce monsieur à dire la vérité. Il dit qu’Albert Sami est mon cousin, c’est complètement faux. Je le connais bien, parce qu’on est du même village, mais nous n’avons aucun lien de parenté », rectifie-t-il.
Revenant sur les circonstances dans lesquelles il a connu Me Patricia Lake Diop, il révèle que c’était en 2005, alors qu’il effectuait des démarches pour l’acquisition d’une villa.
A la question du procureur spécial de savoir s’il a eu à faire des acquisitions de villas avant de travailler pour Karim Wade, et comment c’est passé ces acquisitions, il réplique : « J’ai toujours été grand businessman. « J’eu des biens que j’ai gagné à la sueur de mon front. Ma première maison date de 1993, ma deuxième date de 2000 et celle que j’ai à Keur Massar, je l’ai eu à travers la coopérative de la gendarmerie », a- t-il relevé.
Sur sa relation avec l’ancien président de la République Abdoulaye Wade, Victor Kantoussan soutient que tout ce que celui-ci le demandera de faire, il le fera. « Mes parents m’ont appris à regarder dans le rétroviseur. Je suis là pour lui, je vis pour lui et je vais mourir pour lui », s’est-t-il radicalisé.
Le Soleil via Seneplus
