« Dangereuse et impropre à la consommation ». C’est le diagnostic du Syndicat national des Travailleurs des Industries et Corps gras, qui entend « lutter contre » l’huile de fabrication artisanale, appelée Segal (triturer). Les centaines de presses installées dans différentes localités du pays en zone rurale, sont en train de devenir le principal débouché de la production arachidière nationale dont les autorités se félicitent des niveaux record, mais sans une commercialisation satisfaisante;
Samedi denier 27 août, le Syndicat national des Industries et Corps gras a organisé à la Chambre de Commerce et d’Artisanat de Diourbel, une « Journée » consacrée à l’huile de fabrication artisanale, avec la participation de différentes structures intervenant dans le secteur de la post – production arachidière. Ce sont notamment les Groupements d’Intérêt Economique (GIE) des transformateurs et transformatrices de graines d’arachide de la région de Diourbel. Le but de la journée, tel que décliné par ses initiateurs, était de « sensibiliser sur les dangers » liés à la consommation de l’huile pressée artisanalement. L’alternative proposée est déclinée dans le projet propose le projet ARACOOP, mis en place depuis l’année dernière à la SUNEOR.
L’alerte sur les risques liés à la consommation de l’huile sortie des presses artisanales est portée par Samuel Ndour, Secrétaire général du Syndicat national des Travailleurs des Industries et Corps gras qui explique les raisons du déplacement à Diourbel : « informer l’ensemble des Gie, les transformateurs et les transformatrices de l’arachide en segal sur les méfaits de cette huile sur la sante des populations ».
Citant « nos laboratoires », M Ndour parle de la découverte dans le produit artisanal, « beaucoup de corps étrangers étranger impropres à la consommation humaine » et que les techniques traditionnelles ne permettraient pas d’éliminer. La solution passe donc, selon le syndicaliste, par un raffinage industriel. Ce qui est vendu directement sur le marché, est dangereux, selon M Ndour. Pour cette raison, il préconise que les transformatrices et transformateurs artisanaux travaillent plus étroitement avec la SUNEOR qui a initié un projet dans ce sens intitulé Aracoop. Il s’agit, dans ce projet, que la société achète dans ces différentes unités, l’huile sortie des presses installées en milieu rural.
Le constat a été fait que « la trituration artisanale a pris son envole depuis l’année dernière ». Ainsi, explique Ndour, « il est difficile de l’arrêter », d’autant que « mêmes les responsables politiques donnent des machines pour la trituration artisanale au niveau de la base, estimant que cela crée de la valeur ajoutée ».
Il a interpellé le gouvernement qui devrait, selon lui, « dire aux populations que la consommation de l’huile brute est dangereuse pour la sante de l’homme ».
Le Projet Aracoop ambitionne de racheter aux Groupements de Transformateurs, l’huile sortie des presses artisanales pour la raffiner dans les installations de la SUNEOR.
Réagissant à l’intervention Samule Ndour, la présidente des Groupements de promotion féminine de Diourbel Mme Bousso Ngom, par ailleurs transformatrice, a demandé aux autorités de l’usine d’éliminer les intermédiaires pour leur
permettre de mieux tirer profit de la vente de leur huile segal à la SUNEOR
THIERNO SOULEYMANE DIACK (ITA) EXPLIQUE L’ORIGINE DU MAL
Technicien au Laboratoire nicotoxique de l’Institut de Technologie Alimentaire (ITA), M Thierno Souleymane Diack explique la toxicité de l’huile artisanale, en insistant sur le fait que « ce n’est pas la consommation de l’huile « segal » qui pose problème. Il a répondu aux questions de Sud, en marge de la rencontre de Diourbel. Il incrimine les méthodes de transformation et de conservation des produits.
Thierno Souleymane Diack : C’est une toxine qui se trouve dans certaines denrées alimentaires telles que l’arachide et d’autres céréales. Au Sénégal cette toxine appelée aflatoxine est responsable du cancer. Les gens sont en train de parler de l’huile segal tout en oubliant la pâte d’arachide ou le noflaye qui également pose problèmes. Des recherches ont montré que l’aflatoxine peut même se rencontrer, selon les régions, dans le poisson séché, les pelures de manioc, les calices de bissap les figues, les raisins, les dattes etc. C’est àn cdes quantités variables.
L’aflatoxine est-elle la seule substance suspecte dans l’huile ?
TSD : On peut rencontrer un certain nombre de produits nocifs dans des denrées alimentaires de façon générale. Cela peut être lié à des problèmes de conservation ou à des méthodes inadéquates de transformation. On peut rencontrer du plomb et d’autres des résidus pas naturellement liés à la denrée. Ces corps étrangers sont généralement introduits par l’Homme, soit par ses interventions sur le produit, soit du fait de ses comportements. L’exemple le plus simple c’est au niveau des aires de culture. Si nous ne prenons garde, c’est depuis la zone de production que la denrée peut être contaminée. Viennent ensuite les produits utilisés pour conserver ses denrées. Par exemple, si la maintenance des équipements de traitement et de conservation n’est pas correctement assurée, on peut retrouver des traces de produits antérieurs au passage de l’arachide dans la presse artisanale.
Y a-t-il solution à la présence de l’aflatoxine dans l’huile de fabrication artisanale ?
L’Institut de Technologie Alimentaire a trouvé des solutions à ce problème. Il y a déjà la détoxication qui existe de façon industrielle, mais impossible à appliquer au niveau des familles. Nous avons des procédés de détoxication qui utilisent des matériaux locaux soit avec de l’argile, soit par le rayonnement solaire. Evidemment cela va nécessiter des mesures d’accompagnement. L’aflatoxine n’est pas le seul danger pour la santé humaine, dans notre alimentation.
