Promotion de la bonne gouvernance: Macky Sall, un géant aux pieds d’argile

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La promotion de la bonne gouvernance, clamée urbi et orbi par l’actuel chef de l’Etat au lendemain de son accession à la magistrature suprême le 25 mars 2012, est-elle devenue une réalité effective après trois années d’exercice du pouvoir, sous la dictée de Macky Sall ? En tout cas, pour certains acteurs de la scène politico-sociale comme Birahim Seck du Forum civil, Moussa Sarr de la Ld et Joe Diop de Yoonu Askan wi, les avis sont presque unanimes. Les efforts de Macky Sall et son régime dans ce domaine se limitent seulement sur le plan théorique. Autrement dit, dans la mise en place des textes visant à mettre fin aux mauvaises pratiques dans la gestion des deniers publics.

«Le régime du président Macky Sall a fait des efforts. Nous pouvons même dire qu’il y a incontestablement des avancées. J’en veux pour preuve, la création d’un certain nombre d’organes de contrôle dont l’Office national de lutte contre la corruption (Ofnac). Je crois qu’il est important dans un pays de demander aux administrateurs de crédit d’un certain montant de déclarer leur patrimoine, lors de leur prise de responsabilité dans la gestion des affaires publiques. C’est important dans le sens où cela va permettre de mesurer les avoirs de ceux qui nous dirigent au moment où ils quitteront leurs fonctions», a estimé ainsi Moussa Sarr, porte-parole de la Ligue démocratique (Ld-mouvance présidentielle).

Poursuivant son propos, le « Jallarbiste » a également rappelé un certain nombre de mesures allant dans le sens de la réduction du train de vie de l’État, prises par Macky Sall dès son arrivée à la tête de l’État et qui participent à la matérialisation du concept de «gouvernance vertueuse». «Aujourd’hui, si on prend l’exemple du téléphone, les crédits de téléphone alloués aux ayants droit dans l’administration sont fortement réduits. On peut aussi donner l’exemple des logements conventionnés. Il y a de cela quelques années, beaucoup de Sénégalais avaient occupé ces logements alors qu’ils n’en avaient pas droit».

Abondant dans le même sens, Birahim Seck du Forum civil a reconnu lui aussi que «le Sénégal sous le régime du président Sall a fait un grand bond en avant en matière de production des textes de promotion de la bonne gouvernance et de la lutte contre corruption». Selon lui, outre le déclenchement de la traque des biens supposés mal acquis qui est un élément très important dans la promotion de la bonne gouvernance et la lutte contre la prédation des deniers publics, l’actuel pouvoir a procédé à la consolidation d’un certain nombre de mesures législatives prises par le régime de Wade relatives à la promotion de la bonne gouvernance.

Nonobstant ces efforts consentis par le président de l’Alliance pour la République (Apr) et non moins chef de l’Etat, ces acteurs estiment que le chemin de la bonne gouvernance est encore long. Les efforts en matière d’adoption des textes sont tout simplement l’arbre qui cache la forêt, selon eux. « Si, du point de vue théorique, on peut dire qu’il a eu une avancée assez importante, au niveau de la pratique, le régime de Macky Sall n’a pas fait grand-chose », estime ainsi Birahim Seck du Forum civil. Indiquant qu’il ne s’agit pas de prendre des textes mais surtout de les appliquer. Il a déploré entre autres la réticence globale des tenants actuels du pouvoir à se soumettre à la loi portant sur la déclaration de patrimoine, le non-respect des articles 50, 70 et 73 de la loi 2011-15 du 08 juillet 2011 portant loi organique relative aux lois de finances.

«Le régime de Macky Sall pêche toujours concernant l’application de la loi sur la publication des contrats publics tels les contrats miniers, les contrats de marchés publics. La plupart des contrats passés par le gouvernement n’ont pas fait l’objet d’un appel à la concurrence. Ils ont été signés par entente directe. Le dernier rapport produit par l’Autorité de régulation des marchés publics montre à suffisance que des irrégularités et inégalités sont toujours d’actualité sous le régime du Président Sall».
Dans la même dynamique, Moussa Sarr de la Ld dira : «Il faut noter que tout n’est pas rose et qu’il y a encore des efforts à faire notamment dans le domaine de la justice. Ces efforts doivent aller vers le sens du renforcement de l’indépendance de la justice qui est un élément essentiel dans la bonne gouvernance ».

Interpellé sur le même sujet, Joe Diop, un des membres fondateurs de Yoonu Askan wi indiquera sans fioritures : «Le régime actuel et celui d’hier, c’est la même substance. Ils ont les mêmes pratiques sociales et les mêmes orientations. Qu’on ne nous divertisse pas».

Estimant que la pratique sociale est le seul critère de la vérité, il a précisé que l’actuel régime cherche tout simplement à endormir les gens comme ce fut le cas dans le cadre de traque des biens supposés mal acquis. «Ce n’est pas parce qu’ils ont condamné entre guillemets Karim Wade que forcément, on va dire qu’il y a bonne gouvernance ou la fin des injustices sociales. C’est faux ! Puisqu’il y a plusieurs Karim Wade parmi ceux qui ne sont pas inquiétés. S’ils veulent vraiment mettre fin à la mauvaise gestion des deniers publics, ils doivent commencer par se débarrasser des Karim Wade au niveau de l’Etat», a-t-il conclu.

Sud Quotidien

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