Psychose au Palais. Par Tafsir Ndické DIEYE

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Le débat évolue au palais de façon hallucinante. Wade a finalement entendu le message de ceux qui souhaitent son départ de la présidence de la République. C’est un bon signe. Nous le croyions sourd à la clameur populaire. Il a enfin dit quelque chose : «L’Opposition a voulu profiter de la manifestation des jeunes pour me demander de partir. Je ne partirai pas. Je reste ici». Donc il sait que ce sont les jeunes qui se sont révoltés. En 2000, ce sont les jeunes qui  l’ont élu. En 2011, ce sont les jeunes qui disent : « Wade dégage » Y’en a marre. Monsieur le Président n’est plus muet. Depuis le 23 juin, son silence était suspect pour quelqu’un qui a toujours aimé parler et souvent pour ne rien dire.

L’opposition que vous traitiez de poltron il y a quelques mois de cela est une entité très considérable du peuple et compte en son sein une frange importante de la jeunesse. Et, « le poltron d’hier, devenu courageux grâce à la puissance du peuple», s’arrose aujourd’hui le devoir de vous demander de partir avant qu’il ne soit trop tard. C’est pour chahuter mais cette opposition n’a jamais été poltronne. Elle a été jusque là soucieuse de la paix du pays contrairement à vous qui l’appeliez à la confrontation publiquement avec déraison.

L’initiative a changé de camp. En vérité, la réalité est la suivante ; l’opposition n’a fait que répercuter le cri de son peuple qui, le 23 juin 2011 a manifesté son mépris vis-à-vis de votre régime de façon violente. Et la faute d’une telle furie vous incombe. Dans un pays qui se dit démocratique, le Président aurait simplement démissionné avant qu’on ne le lui demande face à de telles émeutes… face à une rage populaire aussi intense. Vous aviez dit récemment que si votre peuple manifestait son désir de vous voir quitter le pouvoir, vous alliez partir. Alors, l’opposition a le plein droit de vous demander d’être conséquent avec vous-même.

Sur ce coup-ci, vous vous trompez de réplique. Aujourd’hui, ce dont il est question véritablement, pour respecter la légalité et apaiser les populations, c’est de votre renoncement public à une chose dont vous n’avez plus aucun droit : une candidature à l’élection présidentielle de 2012. Vous-même aviez dit en 2007, au lendemain de votre élection que la constitution du Sénégal ne vous donne plus la possibilité de vous représenter pour un troisième mandat. Donc, c’est la psychose certes au chez vous, mais ne biaisons pas le débat.

Monsieur le président, arrêtez de narguer le peuple ! Cela n’augure pas de lendemains luisants pour vous. Nous avons entendus vos trois mousquetaires que sont Ousmane Ngom, Serigne Mbacké Ndiaye et Mamadou Diop De-croix minimiser l’ampleur de la révolte populaire du 23 juin 2011. C’est tout à fait normal car ce jour là ils pensaient certainement à se protéger plutôt qu’à sortir pour voir réellement ce qui se passait dans le pays. En tant que membres du PDS ou de l’AST, personne ne les a vus dehors pour porter la riposte aux manifestants. Maintenant que la tempête de ce jeudi mémorable est passée, ils peuvent jouer au trois mousquetaires cherchant à sauver la femme du roi Louis XIII. Refusez avant qu’il ne soit trop tard que ces gens vous prennent pour Louis XIII et fassent d’eux-mêmes des Richelieu.

Refusez qu’ils vous prennent pour ce roi qui ne savait rien du fonctionnement de son Etat. Refusez qu’ils se prennent, eux-mêmes, comme les aiguilleurs incontournables de votre pouvoir en déliquescence ; ils vous trompent lourdement. Diop De-croix ne croit pas à ce qu’il dit sinon il serait sorti avec ses troupes ou troupeaux pour faire face aux manifestants du 23 juin 2011. Les forces de l’ordre de Ousmane Ngom ne savaient plus où donner de la tête, acculées qu’elles étaient jusqu’à leurs derniers retranchements. Les films sont là pour en témoigner. Quant-à l’autre perroquet du palais qui n’arrête pas pérorer,  il doit fermer son bec. Il a assez emmerdé le peuple avec ses sorties lamentables. Un Président doit s’entourer d’hommes et de femmes de valeurs, de dignité et de foi. Il doit éviter de collectionner des béquilles et des manges-mils pour en faire des interlocuteurs directs ou des intermédiaires entre lui et son peuple. C’est indécent.

Quand le peuple, comme un lion furieux a rugi ce jeudi 23 juin 2011, parmi vos collaborateurs alimentaires, personne n’a osé sortir pour vous défendre. Ils se sont tous terrés comme de « petits ras » dans leur petit coin priant pour leur propre compte. Il est temps que vous sachiez que vous êtes trompé à longueur de journée par ceux qui vous disent que tout va bien. Rien ne va. Du tout ! Ils vous mentent monsieur le Président. C’est faux. Pour apaiser très vite la tension afin de terminer votre mandat en février 2012 et partir,  le seul chemin qui vaille est celui de la lucidité. Oubliez cette loi pour de bon ! La confrontation sera désastreuse pour vous. Les rapports de force vous sont défavorables. Tous ceux qui vous disent le contraire vous mentent, Président. Le jeudi 23 juin 2011, ils vous ont laissé tout seul avec votre désagréable surprise.

Nous l’avions dit et nous le réitérons ; le mensonge est devenu dans ce pays la marchandise la mieux vendue. Parce que, face au Chaos, tous les miroirs se sont cassés. Ceux qui devaient jouer le rôle de régulateur social ont déserté leur mission. Ils se sont pratiquement tous compromis pour des prébendes ou de l’argent. C’est honteux.

Comment peut- on comprendre la sortie de Doudou Wade depuis l’étranger disant que notre chefferie religieuse a  bénéficié des fonds politiques autrement que par une volonté affichée et affirmée de nous dire que cette chefferie ne peut plus ouvrir la bouche pour dire à Wade la vérité quand c’est nécessaire, comme le faisait mame Abdou Aziz Dabah en son temps avec nos gouvernants ?

Quand un capitaine est maladroit, son navire le ressent. Nous l’avions dit pour alerter le peuple depuis 2005 dans notre ouvrage : Ces fossoyeurs de la République. Non ! Wade ! Ressaisissez-vous ! Le Sénégal ne vous appartient pas. Ressaisissez-vous ! Vos lèche-bottes vous trompent pour leurs propres intérêts. Vous ne pouvez pas vous représenter en 2012 conformément à la Constitution. Faites une déclaration pour le réaffirmer au peuple. Occupez-vous de la dissolution du Sénat, de la réduction de la taille du gouvernement en chassant Souleymane Ndéné Ndiaye, Karim Wade, Cheikh Tidjane SY, Ousmane Ngom, Serigne Mbacké Ndiaye, Alioune Sow entre autres… diminuer vos voyages couteux et inutiles à l’étranger et supprimez les agences qui servent de gouffre financier à votre clientèle politique au détriment des préoccupations du peuple.  Occupez-vous des paysans et prenez vos dispositions dès maintenant pour solutionner les questions d’inondation et d’électricité. Votre fils est un incapable. Acceptez-le comme tel.

Monsieur le Président, en faisant tout cela, adressez-vous en même temps à la nation sénégalaise avec humilité pour lui demander pardon afin qu’elle accepte de vous accorder une période de grâce jusqu’en février, vous permettant ainsi d’organiser les élections dans la transparence, sans être candidat à votre propre succession, et de remettre le pouvoir officiellement au nouveau élu. Autrement, aucune prière à la Mecque ne pourra vous sauver de l’humiliation qui vous attend au crépuscule imminente de votre règne. Le Dieu qui est à la Mecque sait ce qui se passe au Sénégal. Dans ce combat, il est du côté du peuple. Il faut savoir partir à temps en bon gentlemen.

Tafsir Ndické DIEYE

Auteur de polars et de poésie dont :

Odeur de sang (polar), Silence ! On s’aime (Poésie)

Editions Le Manuscrit Paris mars 2008

Horreur au palais NEI/CEDA Abidjan Novembre 2010

E-mail :[email protected]

 

 

 

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