Que Dieu ait l’âme du juge Sonko ! par Madiambal Diagne

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Il est difficile de tenter, d’une quelconque façon, de répondre à une veuve éplorée qui parle de son défunt époux ; surtout dans une société où les morts sont toujours des héros. La veuve du juge constitutionnel, Mouhamed Sonko, nous a personnellement mis en cause dans un documentaire réalisé par le journaliste Amadou Diaw et intitulé «Conseil constitutionnel : carnets secrets».
Mme Sonko y dit sa colère et conte les derniers instants de son époux décédé brusquement le 25 mai 2013 à Paris. Madame Sonko raconte que le magistrat et membre du Conseil constitutionnel a été très affecté par la polémique soulevée par la validation de la candidature de Me Abdoulaye Wade à la dernière Présidentielle. Mais pour étayer son argumentaire, elle indique : «Depuis que j’ai entendu mon mari parler au téléphone à Madiambal Diagne, j’ai compris qu’il avait vraiment mal. Il n’était pas malade, mais depuis ce jour sa santé avait décliné.» L’insinuation selon laquelle Madiambal Diagne aurait provoqué la mort du juge Sonko est on ne peut plus claire. Des membres de la Rédaction du journal Le Quotidien qui avaient été informés, en son temps, de ma discussion avec Mouhamed Sonko qui remonte à presque deux ans avant sa mort, ont été choqués et ont estimé que je me devais de rétablir la vérité des faits.
Il aurait été plus judicieux d’apporter ma part de témoignage dans le documentaire en question, mais l’occasion m’a échappé. Je dois, à la vérité, dire qu‘il y a quelques semaines, Amadou Diaw m’avait sollicité pour, disait-il, «en ma qualité de journaliste versé sur les questions de justice, de faire un témoignage sur le Conseil constitutionnel». Je lui avais répondu que je ne me voyais pas véritablement faire un témoignage sur le Conseil constitutionnel. Amadou Diaw ne m’avait nullement fait savoir qu’il cherchait ma réaction suite à une mise en cause personnelle faite par un témoin. Cela aurait été plus fair-play de sa part.
Pour en revenir à Madame Sonko, je l’avais rencontrée au cours d’une cérémonie. Elle s’était présentée à moi et s’était montrée très sympathique. Au cours de nos échanges, elle m’avait fait savoir que son époux, contrairement à ce qui était avancé dans la presse, n’avait pas un salaire de 5 millions de francs par mois. Je lui dis que quelques jours auparavant, un autre membre du Conseil constitutionnel, Chimère Malick Diouf, m’avait reçu à son domicile pour réfuter cette information qui, il faut le dire, avait été donnée par un autre journal en septembre 2011. Tout le monde s’accorde sur le fait que le journal Le Quotidien ne donne jamais des informations erronées sur le fonctionnement des institutions judiciaires. Ma réponse avait été que nous ne pouvions démentir, sur la foi de sources anonymes, des informations données par d’autres médias. Ainsi, si un membre du Conseil constitutionnel acceptait de parler à visage découvert, sous forme d’interview ou même d’un communiqué, nous serions prêts à en faire la publication. Chimère Malick Diouf avait invoqué son statut de magistrat pour refuser notre proposition. J’avais donné mon numéro de téléphone mobile à Mme Sonko qui me l’avait demandé. Le lendemain de notre rencontre, elle m’appela pour me passer son époux au téléphone. Mouhamed Sonko avait tenu à invoquer un compagnonnage ancien et m’avait assuré que le président du Conseil constitutionnel, Cheikh Tidiane Diakhaté, avec qui j’étais régulièrement en contact, l’avait encouragé à se rapprocher de moi. Ainsi, parlant des commentaires des médias sur le Conseil constitutionnel, Mouhamed Sonko soutenait n’avoir pas le salaire annoncé. Il déclina la proposition de nous accorder une interview, mais nous nous étions quittés avec une invitation à passer le voir à son domicile afin qu’il me montrât son bulletin de salaire. Je n’ai malheureusement jamais honoré cette invitation. Dans ces conditions, dire que la santé de Mouhamed Sonko avait décliné suite à notre entretien téléphonique paraît absurde.
Seulement, le 30 janvier 2012, après la validation par le Conseil constitutionnel de la candidature du Président Abdoulaye Wade à l’élection de 2012, j’avais fait une chronique intitulée «Les Sénégalais naissent égaux devant l’argent» pour relever les lignes suivantes et que je réitère encore : «Personne ne s’est fait d’illusion sur la capacité des membres du Conseil constitutionnel à faire honneur à leur serment. En effet, le Président Abdoulaye Wade a soigneusement sélectionné ses ‘’juges’’ pour leur faire faire ce dont il a envie qu’ils fassent (…) Le Président Wade a choisi des personnes aux états de service éloquents. Tout magistrat sincère, tout avocat juste, tout greffier objectif, tout ce bon petit peuple des cours et tribunaux, peut rapporter une anecdote déshonorante pour certains membres du Conseil constitutionnel. Abdoulaye Wade a délibérément choisi des personnes moralement, psychologiquement et socialement fragiles. Il a surtout choisi ses juges en fonction de leurs faiblesses intrinsèques. Qu’est-ce qu’on peut attendre d’un juge porté sur la bouteille (…) ? Comment un chef de juridiction, qui a eu à commettre le déni de rendre deux décisions différentes sur une même affaire pour satisfaire toutes les parties, peut-il se muer en bon juge ? Qui peut faire mieux en termes d’impartialité ? Comment un haut magistrat, qui déménage portes et fenêtres du siège de sa juridiction en réfection pour les poser à son domicile personnel, peut-il effacer la cupidité de la liste de ses travers ? Comment un juge, qui manque tellement d’autorité jusqu’à réserver une révérence militaire à sa propre épouse, peut-il tenir tête à l’autorité d’un chef d’Etat ? Comment un juge, qui fait acte d’allégeance à son ministre de tutelle comme s’il entrait en religion, peut-il juger dans le sens contraire aux intérêts de ce dernier ? Abdoulaye Wade connaît parfaitement les hommes qu’il a choisis pour siéger au Conseil constitutionnel.»
On peut bien relever, avec Mme Sonko et certains témoins de ce documentaire, qu’il est en effet très facile pour certains de se reconnaître à travers ce profil de juge. Que Dieu ait l’âme du juge Sonko ! Il ne faudrait pas qu’on cherche à jouer sur l’amnésie des Sénégalais, car nous restons convaincus que ceux qui ont posé des actes historiques devront l’assumer devant l’Histoire. Les turpitudes des membres du Conseil constitutionnel, en 2012, ont provoqué la mort de nombreux Sénégalais et ont failli provoquer le basculement de ce pays dans des situations dont il se serait difficilement relevé. Tous les morts suite aux soubresauts politiques de 2012 ont laissé eux aussi des veuves, des orphelins, des parents et amis éplorés. Il convient également de relever que certains témoignages dans ce documentaire, aux allures d’opération de rachat, constituent de graves «violations du secret des délibérations» du Conseil constitutionnel.
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8 Commentaires

  1. Le magistrat vous a invite chez lui afin de vous presenter son biulletin de salaire,vous n avez pas honore son invitation.vous n avez plus rien a dire,votre devoir en tant que journaliste etait de verrifier le bulletin et retablir la verite.Refuser d y aller prouve votre mauvaise foi.
    Informer juste!!!!!

  2. TON EPOUSE, TES PARENTS, TES ENFANTS LISENT TOUS CES PAROLES DESAGREABLES PRONONCEES A TON ENCONTRE. C’EST VACHEMENT HONTEUX POUR TOI MADIAMBAL ET TOUS CEUX QUI T’ENTOURENT.

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