Qui doit avoir peur de Wade ? Par Abdoulaye Bamba DIALLO

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xalimasn.com-Finalement donc, le dialogue politique entre Abdoulaye Wade et ses contempteurs n’aura pas lieu. Le groupe des 6 conduit par le professeur Ismaël Madior Fall et Pierre Goudiaby Atépa aura fait chou blanc. Trop de suspicion, de peur et de calculs autour de cette initiative apparue comme un tour de magie pour que certains ne doutent pas d’une tentative de diversion du magicien le plus connu de la scène politique sénégalaise. Et c’est peu que de dire que le prochain discours à la Nation que le Chef de l’Etat veut prononcer lors du 14 juillet prochain met la barre à un niveau encore plus élevé dans la recherche d’une solution de sortie de crise.

Car, il faut croire que la peur est aujourd’hui la psychose la mieux partagée au sein du monde politique sénégalais. Après les événements du 23 juin qui ont vu le retrait du projet de loi sur un ticket présidentiel et le vacarme assourdissant du Président de la République qui s’en est suivi, tout le monde s’interroge sur la suite du processus devant nous amener à la prochaine élection présidentielle de février 2012.

Abdoulaye Wade qui achève dans sept mois un mandat ayant démarré en 2007 va-t-il être insensible aux demandes de retrait de sa candidature pour un éventuel troisième mandat? L’opposition autour de Benno et du Mouvement du 23 juin va-t-elle se contenter d’attendre la décision future du Conseil Constitutionnel en janvier 2012 en acceptant son arbitrage sur le cas de la candidature de Me Wade ?

Autrement dit, le débat politique va-t-il être vidé par le verdict juridique du juge politique? La passion et la surenchère ayant repris le dessus des deux côtés de la scène politique et chacun semble être irréversiblement campé sur ses positions au point d’être sourd et rétif à toute concession. Et la candidature de Abdoulaye Wade est devenu la ligne de fracture et l’enjeu d’affrontements que nul ne veut perdre. Car malgré le fait que le ticket retiré finalement imposait la baisse de la majorité à 25% pour gagner au premier tour (unique) la présidentielle, l’opposition refuse catégoriquement que Wade défende les couleurs des sopistes même si elle en déduit que Wade reconnaît sa minorité et reconnaît donc avoir perdu la majorité. Les partisans du leader des libéraux eux malgré l’âge avancé de leur capitaine et leur prétention à être majoritaire alors que Benno serait lui minoritaire n’osent pas s’autoriser le choix d’un autre candidat que Wade-père pour février 2012.

Me Abdoulaye Wade fait peur à tout le monde et le risque qu’il a pris de s’emmurer dans un silence depuis le 23 juin le condamne aujourd’hui à satisfaire tout le monde et chacun à la fois dans ses attentes personnelles et multiples. Sa tentative d’adresse à la Nation va être une rude épreuve pour ses nerfs et pour nous. Le calme et la sérénité peuvent s’installer à nouveau ou alors la chienlit et le chaos peuvent revenir si jamais certains ne trouvaient pas ses propos pertinents ou comme des réponses judicieuses à la mesure de la situation. Or donc que peut faire Me Wade ? Surtout pas dans la surenchère partisane ni dans la fuite en avant.

Le 23 juin dernier a été un véritable tsunami dans le magistère de Me Wade et l’ignorer serait une bêtise politique après l’erreur du projet de ticket présidentiel. Il faut se rappeler qu’en février 1988 à Thiès quand Abdou Diouf a commis sa bévue magistrale consistant à traiter la jeunesse vaillante et combattante de l’époque de « jeunesse malsaine », il avait perdu pour longtemps la partie juvénile de son pays. Ce ne sera finalement qu’en 1997 qu’il osera montrer son nez face à un public jeune dans un stade.

Ce sont ceux qui ont convaincu Wade à esquiver l’adresse à son peuple depuis le 23 juin qui lui auront rendu le pire des services. Dans la foulée du retrait du projet de loi, il aurait pu s’approprier cette avancée en invoquant son écoute et sa compréhension des désirs des populations. Maintenant, il rend la situation post 23 juin favorable à la lutte revendicative propice donc à des revendications et à la surenchère.

Le diable est dans le détail dit-on et le pire a été que le tardif réveil des partisans de Me Wade pourrait l’empêcher de bien porter ses habits de Président de la République. Le contexte est politique et un Chef d’Etat a besoin de hauteur. Il va lui être de plus en plus difficile de s’abriter derrière l’Etat et sa mystique afin d’autoriser ses partisans à se refaire santé et se redonner contenance.

S’il n’est pas minuit pour Monsieur Wade, c’est bien une heure de vérité pour son génie politique.

Abdoulaye Bamba DIALLO

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