Qui est cet homme qui dirige le mouvement des enseignants?

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C’est comme s’il avait noué un pacte avec le syndicalisme. Outré par le silence assourdissant des syndicats de l’époque comme l’UDEN, le SUDES dans les années 90, sur les revendications des enseignants, Mamadou Lamine Dianté se lance dans un nouveau challenge : intégrer le monde syndical pour défendre l’intérêt des siens. Itinéraire d’un homme que le rejet d’une certaine conception de la politique a jeté dans les bras du syndicalisme. Parcours d’un syndicaliste que ses amis appellent « Boy » et qui veut faire bouger les lignes.

En ce début de matinée, l’embouteillage est infernal sur la route qui mène à la Patte d’Oie. Les automobilistes sont obligés de prendre leur mal en patience pour contourner le pont Sénégal 92 dont les travaux de réfection ont été lancés la semaine dernière. Patte d’Oie Builders. C’est là que Mamadou Lamine Dianté nous reçoit. Dans le local du Saemss (Syndicat autonome des enseignants du moyen secondaire du Sénégal) dont il est le secrétaire général. Marié et père d’un garçon et de quelques filles. Derrière son costume noir et les va-et-vient de quelques enseignants dans son bureau, l’homme est plutôt loin de son image de va-t-en-guerre. Le téléphone de Mamadou Lamine Dianté explose.

Les négociations entre le gouvernement et les syndicats d’enseignants sont au centre des discussions. C’est une voix de ténor, portée par la conviction, qui raisonne entre les quatre murs. L’école sombre, mais Mamadou Lamine Dianté reste serein et croit dur comme fer à une issue heureuse des négociations. Après les appels persistants des enseignants ou autres militants sur l’état des négociations, Dianté peut maintenant se prêter à nos questions. Et à une simple évocation de son enfance, il nous raconte son itinéraire.

C’est l’histoire d’un petit garçon a priori destiné à suivre l’enseignement coranique. Impensable pour son père de l’inscrire à l’école des blancs. Ce dernier est un grand maître coranique à Kolda, très exigeant sur les études coraniques, notamment sur la perpétuation de la tradition islamique. C’est à Kolda que Dianté a fait ses humanités, en y décrochant le Baccalauréat avec la mention Assez-bien. Il dépose ses baluchons à la faculté des Sciences et Techniques (Fst) de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad). Après l’obtention d’une maitrise Es-Sciences naturelles, Mamadou se lance dans la concrétisation de son rêve de devenir enseignant.

L’école normale supérieure, actuelle Faculté des Sciences et Technologies de l’éducation et de la formation (Fastef), lui ouvre ses portes après sa réussite au concours, d’où il sort comme professeur d’application en Science de la Vie et de la Terre. C’est le début du militantisme dans le monde syndical.

« Nous avions constaté à l’école normale supérieure que des réformes étaient introduites pour dire que l’emploi n’était pas garanti. Nous étions 30% à avoir été affectés quand nous sortions de l’école normale. Les autres camarades de promotion étaient laissés sur le carreau », se rappelle-t-il. Mais Mamadou Lamine Dianté et les mouvements de contestation, c’est une longue histoire. Il avait intégré le comité de lutte qui a conduit à une année blanche en 1988 et une année invalide en 1994.

« J’ai commencé à militer pendant que j’étais au lycée. Mais mon papa ne voulait pas que je m’active dans ces mouvements. Nous étions des camarades de promotion qui avaient intégré discrètement le comité de lutte pour ne pas s’attirer des foudres du vieux », se souvient M. Dianté. Et de poursuivre : « Sa conviction était que nous devons avoir un métier. C’est ainsi que j’ai coupé les amarres avec la chose politique. J’ai fait l’essentiel de mes armes dans le mouvement associatif ».

Syndicaliste par accident

Mamadou Lamine Dianté a-t-il passé un pacte avec le monde syndical ? Ayant tiré la conclusion que les organisations syndicales de l’époque n’arrivaient pas à prendre en compte leurs revendications, Dianté essaie de matérialiser l’idée de mettre sur pied un syndicat.

« Nous avons tiré l’expérience avec les syndicats existants tels que l’Uden et le Sudes. Ainsi, un réceptacle a été créé pour aller vers la formalisation du syndicat. C’est en 2004 que nous avons reçu le récépissé du Saemss-Cusems », a relevé Dianté.

Voulant rompre avec les vieilles habitudes et pour être très autonome et à bonne distance de la chose politique, Dianté est devenu « syndicaliste par la force des choses avec comme crédo la sincérité dans les rapports avec les autres, la franchise et la vérité ». C’est pourquoi celui qui est appelé communément « boy » réfute toute idée de rester longtemps à la tête du syndicat. Il bouclera son deuxième et dernier mandat à la tête du Saemss-Cusems qui prendra fin en 2016. Idem pour son statut de coordonnateur du Gcse en septembre.

Toujours est-il que Mamadou Dianté est conscient de son devoir et de ses responsabilités. L’école sénégalaise en péril, il n’y pense même pas. Une position syndicale certes légitime. Mais le respect des droits exigé par les enseignants à la base lui colle à la peau. La peur de décevoir. Au demeurant, les revendications légitimes de militants syndicalistes est une priorité. Toutefois, il tient à préciser que la grève des enseignants n’est pas un moyen de lutte dont la finalité consiste à mettre en péril l’avenir des enfants.
SUD QUOTIDIEN

4 Commentaires

  1. En tout cas il n’est pas connu comme responsable de parti politique. Tout le contraire des syndicalistes qui étaient habitués d’avoir le soutien de la presse. C’est dire.

  2. ?e système syndicale doit être ajourné et connecté dans l’ére du développement durable.Prendre en otage l’avenir des enfants (générations futures )serait du sauf une lutte syndicale soutenanle

  3. Le système syndical doit être ajourné et connecté dans l’ére du développement durable. Prendre en otage l’avenir des enfants (générations futures ) serait tout sauf une lutte syndicale soutenable.

  4. En tout cas cet individu devrait savoir qu il est entrain d hypothéquer l avenir des enfants de notre pays. Les enseignants ne peuvent pas se lever chaque année avec de nouvelles doléances et ainsi donc faire la grève. Soyons plus patriotes

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