Qui soutient encore Laurent Gbagbo dans le monde ?

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Tandis que Laurent Gbagbo refuse toujours de quitter le pouvoir, la communauté internationale cherche à l’isoler politiquement et économiquement

RINALDO DEPAGNE
Analyste senior à l’International Crisis Group (ICG)

« Le seul pays à avoir officiellement apporté son soutien à Laurent Gbagbo est l’Angola. Il existe des liens forts entre les deux pays. En 2009, le gouvernement ivoirien avait annoncé qu’il travaillait avec l’Angola à un accord de coopération militaire.

Le conseiller à la sécurité de Laurent Gbagbo, Kadet Bertin, se rend régulièrement à Luanda. Mercredi 22 décembre, l’Angola a fait une nouvelle déclaration qui confirme sa position : le ministre des affaires étrangères a demandé à la communauté internationale d’éviter l’ingérence.

L’ambassadeur du Liban en Côte d’Ivoire était aussi présent à la cérémonie d’investiture de Laurent Gbagbo le 4 décembre. Les Libanais représentent la première communauté non africaine en Côte d’Ivoire – plus de 60 000 expatriés. Elle est implantée dans des secteurs économiques cruciaux.

Mais le geste de l’ambassadeur n’a pas été suivi d’une déclaration officielle de l’État libanais. Plutôt que la position du pays, sa présence révèle sans doute les relations développées entre les représentants libanais sur place et l’administration de Laurent Gbagbo, ou la volonté de protéger la communauté.

La Chine et la Russie voient leurs intérêts
La Gambie, dont le président est proche de Laurent Gbagbo, a quant à elle publié un communiqué appelant les « puissances occidentales à arrêter leurs ingérences ». Mais cela ne constitue pas un soutien officiel et le poids de la Gambie est de toute façon très négligeable.

Enfin, la Chine et la Russie avaient au début une attitude ambiguë : il y a des intérêts économiques en jeu, et la Russie, selon une vieille tradition héritée de la guerre froide, aime bien embêter l’Occident.

Mais ces puissances ne se sont finalement pas opposées aux décisions du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies. Elles ont dû réaliser que leurs intérêts à poursuivre sur cette voie étaient limités.

C’est risqué !
Soutenir Laurent Gbagbo, c’est risquer de perdre l’amitié avec des partenaires bien plus importants, comme par exemple le Nigeria. La Côte d’Ivoire n’est pas une grande puissance économique.

Le pays ne produit que 50 000 barils de pétrole par jour. Le cacao est une ressource importante et Abidjan un pôle d’attractivité, mais ça n’en fait pas un pays incontournable.

Même les Angolais devraient réfléchir. Est-ce que ça vaut le coup de se fâcher avec les États-Unis, un de leurs partenaires commerciaux privilégiés ? Il est très difficile de se mouiller, car la communauté internationale a atteint une solide unanimité, ce qui est assez rare sur ce genre de dossier. »
Recueilli par Camille le TALLEC
lacroix.com

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