Regard sur… Par Bara DIOUF : Un dictateur en puissance de moins

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Le pouvoir est vraiment une passion qui tue. Quand elle vous prend, vous perdez la raison et vous n’avez d’yeux que pour l’objet de vos désirs, que pour la passion nouvelle qui vous dévore.

Le président Mamadou Tandja, bien que militaire à la retraite, a pu accéder au pouvoir en 1994, à l’issue d’un scrutin régulier au cours duquel il a été élu comme candidat du Mouvement national pour la société de développement (Mnsd). Il avait tout pour être le sauveur du Niger, en permettant à ce pays de sortir du cycle des violences et des coups d’état militaires. Démocratiquement réélu à l’issue de son premier mandat, il avait cumulé dix années successives de présidence dans des conditions de démocratie et de bonne gouvernance reconnues. Cerise sur le gâteau, l’irruption du Niger dans le petit nombre des pays d’Afrique potentiellement riches, grâce à l’uranium, était venue couronner une carrière de président de la République bien remplie. On attendait de lui qu’il parte après avoir donné l’exemple de la bonne gouvernance, de la démocratie et du respect des droits de l’homme. On avait seulement oublié que le pouvoir avait pour vertu la corruption.

Ce fruit, apparemment si doux, devenait poison avec l’usage. Et ce qui devait arriver arriva, avec les perspectives alléchantes des milliards de dollars que la découverte de l’Uranium faisait espérer. Sont-ce les perspectives désormais possibles de détournements et d’enrichissements illicites qui ont perverti le président Tandja, ou tout bonnement le goût et l’appétit d’un pouvoir que dix ans de pratique sans partage interdisent maintenant de quitter ? Quelles qu’en soient les raisons, le président Tandja, en décembre 2009, et peut-être bien avant, est tombé poings et pieds liés dans le piège. Coup sur coup, face à l’obligation de rendre un mandat non renouvelable. Il ne trouvera mieux à faire que de dissoudre l’Assemblée nationale et de s’octroyer, au travers d’élections illégales qui ont été boycottées par l’opposition, un nouveau mandat de cinq ans naturellement renouvelable. Le dictateur, dès lors, était né.

Il s’est installé au pouvoir au Niger pour durer, malgré les protestations de l’Union africaine, de la Cedeao et de l’Organisation des Nations Unies. Et revoilà le mal qui ronge l’Afrique ! Plus nocif que le sous-développement que l’on peut combattre et éradiquer, la dictature est, en ce siècle qui se veut le siècle des indépendances et des libertés, celui du respect des droits de l’homme et de l’avènement du citoyen, disons-nous, le mal total. On ne peut, en effet, espérer le progrès et le développement quand est étouffée l’éminente dignité de la personne humaine, quand la presse, muselée, se réfugie dans la clandestinité pour exercer son regard critique sur les institutions et sur le despotisme des nouveaux maîtres.

C’est l’évidence que l’homme du 21ème siècle, même en Afrique sous-développée techniquement, matériellement et intellectuellement, n’accepte plus de schéma hors norme d’administration. Les cœurs et les esprits, habitués à la liberté, vivent du souffle de leur âme et de leur intelligence, toujours en éveil. De cette attitude morale, ils tirent les forces pour réagir et pour se libérer. Qu’espérait Monsieur Mamadou Tandja ? Remettre le peuple nigérien si courageux et si fier dans les chaînes ? Mettre à genoux les hommes que feu le président Hamani Diori a tirés de la colonisation pour les conduire à l’indépendance nationale en 1960 et à la liberté ?

La réaction de l’armée nigérienne, si condamnable en soi, par principe, est exceptionnellement à saluer. Dernier refuge de la dignité des Nigériens, elle a senti que son devoir, plus que de défendre les frontières terrestres du Niger, était aujourd’hui de protéger la nation contre la dictature qui corrompt et pervertit les âmes. Son intervention de jeudi 18 février était le dernier et suprême recours du Niger contre le Monstre. Cette armée mérite doublement de la patrie, pour son sacrifice, son courage et sa lucidité. Il reste à souhaiter que, rapidement, elle retourne dans ses casernes, non sans avoir laissé le pays, grâce à l’assistance de l’Union africaine et de la Cedeao, entre les mains sûres de Nigériens émanant d’un pouvoir civil démocratique et républicain.

lesoleil.sn

5 Commentaires

  1. Pourtant WADE s’accroche au pouvoir et tu es là à le défendre, à lui cirer les bottes comme tu le faisais d’ailleurs pour DIOUF. Tu n’es ni cohérent, ni conséquent. Bla bla bla rék…

  2. Sacré Bara. Nii Reek. nombre de passages de ton papier pourraient etre appliqués a Wade 1er. Mais, je doute que tu ecrives sur lui pour denoncer tout le mal qu’il cause au Senegal. L’hypocrisie, c’est aussi quand on denonce le mal chez les autres et ferme les yeux sur ce qui passe ici. Wade est un autre Tandia qui vit dans l’illusion qu’il est adoré et adulé par le peuple. Il croit recevoir son pouvoir de ses marabouts, donc un don divin. il charcute la constitution comme Tandia pour renforcer son pouvoir, s’y maintenir longtemps et/ou se faire remplacer par son rejeton.Mais tout pouvoir sur terre a une fin. cela nos grands enfants de dictateurs ne l’on jamais compris. Ou sont le mobutu, bokassa, Eyadema, bongo, Taya, et j’en passe. Des dictateurs qui se croyaient invincibles et inamovibles. Wade a la trouille. a chaque coup d’etat, il se precipite pour intervenir. il l’a fait en Mauritanie, a madagascar, en guinee et aujourd’hui au Niger. Quand le peuple n’en peut plus de subir les idioties des politiques, ca finit par peter.

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