Réponse au frère du Président de la République: Monsieur c’est vous qui portez grand tort à la République! Par Cheikh Tidiane DIEYE

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Parler d’une personne est une posture que j’abhorre par dessus tout. Si j’ai saisi ma plume pour répondre directement au frère du Président, c’est non seulement parce qu’il a lui-même assumé une prise de parole publique, et doit assumer en conséquence la critique publique, mais c’est aussi parce que c’est la énième fois que je l’entends tenir de tels propos. Or ces propos sont faux. J’ai comme l’impression que Monsieur Sall prend des vessies pour des lanternes.

Tous les compatriotes qui étaient autour de moi lorsque je lisais l’interview de Monsieur Aliou Sall parue dans le quotidien l’observateur du mardi 12 mai ont eu la même réaction, mélangeant à la fois dégoût et stupéfaction. Lorsque le journaliste lui demande si, compte tenu de sa « trajectoire personnelle », le fait d’être le frère du Président de la République ne lui porterait pas tort, Monsieur Sall a répondu ce qui suit:  » Evidemment que ça me porte tort (…) ça me porte réellement tort au plan politique. Et je dois dire que ça me porte même tort au plan professionnel. Parce que finalement, les actions et les initiatives de Aliou Sall ne sont analysées que sous l’angle de « Frère de… ». Je commence à en avoir assez d’ailleurs« .

Je me demande s’il faut en rire ou en pleurer. Moins de trois ans après la fin dramatique  du régime du Président Abdoulaye Wade, marquée par le soulèvement de la majorité du peuple sénégalais contre l’invasion de l’espace public par la famille présidentielle, les propos de Monsieur Sall semblent voguer à contre-courant de l’histoire.

Nul n’aurait rien trouver à dire si Monsieur Sall avait brigué et remporté sa mairie de Guediawaye  en 2009 ou s’il était connu dans l’espace économique et dans les contrats pétroliers avant 2012. S’il en était ainsi, ses propos d’aujourd’hui auraient une autre résonnance.

Le monde est peuplé de frères, sœurs, neveux, fils et filles de Présidents dont personne n’entend jamais parler. Parce qu’ils ont la sagesse et la grandeur de refuser de faire en aval ce qu’ils n’avaient pas eu le courage de faire en amont de l’élection de leur proche à la Magistrature Suprême.

Mais attendre que son frère soit devenu Président de la République, dans un contexte politique et social comme le Sénégal, où l’argent et le pouvoir sont encore des lubrifiants efficaces pour ouvrir les serrures, avant d’apparaitre au grand jour à la fois dans les sphères politique et économique, mettra inéluctablement Monsieur Sall sous le coup des projecteurs et sous le jugement de l’opinion.

 

Quiconque connait la psychosociologie de notre peuple sait aussi que les sénégalais n’aiment pas ceux qui avancent dans la vie en empruntant des raccourcis et  comptant passablement sur leur ascendance ou proches pour avancer. Comme le dit l’adage wolof,  » Sabab lu mo gënn sukkën di ku ». De telles personnes finissent toujours par devenir des boulets pour ceux qui les portent.

La République englobe tout à la fois l’espace de l’Etat central et celui des collectivités  décentralisées. L’influence du pourvoir Présidentiel du grand frère a favorablement agi pour le compte du petit frère. C’est indéniable. C’est maintenant la présence remarquée du petit frère qui a  un effet néfaste sur le pouvoir Présidentiel et sur la République. Et nous en pâtirons tous. Voilà pourquoi nous ne saurons nous taire.

Pour finir je voudrais que nous méditions ensemble ce conseil de Mohamed Mahatir, ancien Premier Ministre de Malaisie: « Ô dirigeant, éloigne ta « famille » du pouvoir et des affaires tant que tu es en  fonction ».

Par Cheikh Tidiane DIEYE

Sociologue, Docteur en Etudes du Développement

1 COMMENTAIRE

  1. Simplement parce que ces gens ont assez réussi à duper les sénégalais de la même manière avec leur presse amplement complaisante. Et le cas Aliou Sall est celui de l’exemple type de la victimisation. Un coupable qui sait parfaitement jouer les faux victimes.
    On se rappelle de Petro-Tim, avec les preuves amplement fournies, Aliou a saisi la presse des 100 pour emboucher la trompette de la victimisation. « Je n’étais qu’un simple employé d’ailleurs licencié à cause de la tollé créée dans cette affaire ». Aliou ne dit pas qu’il n’a jamais été, ni de près, ni de loin, lié à Petro-Tim. Non, il veut retourner à l’accusation la responsabilité de son faux licenciement.
    Mais la stratégie étant cousue de fils blancs, il est le premier qui ne croit pas à sa réponse au point qu’il l’a si bien changée qu’il ne se rappelle plus tout ce qu’il a eu à dire pour se défendre. Employé licencié, non représentant de Petro-Tim, non prête nom de Frank Timis pour qui il a juste fait les démarches de Petro-Tim, non fondateur de Petro-Tim mais c’est Wade et Karim qui avait signé la licence, etc, etc. A la prochaine CREI il nous dira quelle est la version définitive.
    Dans ce cas-ci même la question du journaliste est complaisante. Parce qu’il y a le fait d’être frère du président qui porte tord et le fait de profiter de la position de frère du président. Ce n’est pas un hasard si le journaliste a choisi la première option. Il voulait donner au frère du président l’occasion d’offrir aux fanatisés une tournure de phrase à laquelle s’accrocher, et une tournure que lui, journaliste, mettrait à la une de son média, et qu’il répétera volontiers. Mais le journaliste ne peut pas ignorer qu’Aliou Sall a toujours profité de son statut d’être le frère de Macky. Pas seulement le Macky président, mais même et d’abord le Macky ministre et premier ministre de Wade. Aliou Sall ne s’est pas retrouvé en Chine du fait de sa « trajectoire personnelle ». Le journaliste le sait mieux que quiconque.
    Bref, rien de nouveau sous les cieux du pouvoir des légionnaires et de la presse des 100. Rendez-vous à la prochaine CREI.

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