Retard De Paiement Les Bourses «emportent» 3 Etudiants

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Balla Gaye en 2001, Bassirou Faye en 2014, tous deux de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar et hier, mardi 15 mai 2018, Fallou Sène de l’université Gaston Berger de Saint Louis…Trois étudiants, un destin commun : ils ont été tués suite à la répression des forces de l’ordre. Leur seul tort est d’avoir revendiqué le paiement de leurs bourses.

L’université Cheikh Anta Diop de Dakar a ses 31 janvier 2001 et 14 août 2014, dates auxquelles deux étudiants, en l’occurrence Balla Gaye et Bassirou Faye, ont été tués sous les balles des forces de l’ordre lors de manifestations de leurs camarades qui revendiquaient le paiement des bourses. Jadis considérée comme un établissement d’excellence, l’université Gaston Berger de Saint Louis tient elle aussi son 15 mai 2018. En effet, les affrontements entre étudiants et forces de l’ordre (la gendarmerie) se sont soldés par la mort de Fallou Sène, étudiant en licence 2 à la section Français de l’Unité de formation et de recherche (Ufr) des Lettres et Sciences humaines. Il a succombé à ses blessures lors d’une opposition violente entre étudiants qui réclamaient le paiement immédiat de leurs bourses et des forces de l’ordre.

La mort de l’étudiant Fallou Sène vient allonger la liste déjà «lourde» des étudiants tués dans un espace universitaire
Balla Gaye en 2001, Bassirou Faye en 2014, tous deux de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar et hier, mardi 15 mai 2018, Fallou Sène, sont tombés pour avoir réclamé le paiement de leurs bourses. En début de semaine, notamment avant-hier, lundi 14 mai 2018, la coordination des étudiants de Saint-Louis avait exprimé leur colère face au retard dans le paiement de leurs bourses. Non sans décréter un mot d’ordre de journée sans tickets (Jst). L’irréparable se produit. Les affrontements entre étudiants et forces de l’ordre qui ont occupé l’espace universitaire, ont finalement enregistré la mort de l’étudiant, Fallou Sène.

La persistance du retard des bourses reste une grande équation pour les autorités qui n’arrivent toujours pas à trouver une solution durable pour le paiement à temps des bourses. C’est la raison principale de la récente mort de Bassirou Faye, le 14 aout 2014, mais également de Balla Gaye. C’est suite à la mort du dernier cité que le gouvernement avait procédé à la généralisation des bourses, l’instauration de la carte du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud), la diminution du ticket de restaurant.

REACTIONS…

Cheikh Mbow, Coordinateur de la Cosydep : «Les responsabilités doivent être courageusement situées»

«Nous condamnons fermement les événements survenus à Saint Louis. Nous dénonçons toutes ces violences en milieu scolaire et universitaire qui ont des causes prévisibles. Nous avons constaté malheureusement que les bourses ont commencé à être payées juste après les manifestations. Ce qui veut dire que nous avions les moyens de pouvoir anticiper et être proactifs. C’est incompréhensible que des étudiants subissent ces violences, alors que leur seul tort est de demander à étudier ou disposer de leur dû. Nous nous demandons pourquoi les autorités attendent toujours des manifestations d’une extrême violence pour agir. Il faut qu’elles fassent preuve de plus de responsabilités en anticipant sur ces questions qui ne sont pas nouvelles.
Nous pensons qu’il faut revoir les rapports entre les forces de l’ordre et les temples du savoir. Nous pensons aux franchises universitaires. Enfin, nous considérons que les responsabilités doivent être courageusement situées en évaluant la situation pour prendre des mesures fortes ».

Seydi Ababacar Sy Ndiaye, Ancien SG du Saes : «L’Etat viole nos droits»

« C’est malheureux. Nous avons toujours fustigé l’intervention des forces de police au sein des universités. En 2014, la police a stationné devant le campus universitaire pendant toute l’année académique et nous n’avons jamais cessé de le fustiger jusqu’à ce que mort d’homme s’en suive. Nous ne sommes pas arrêtés à fustiger, mais nous avons aussi prôné la mise en place d’une police universitaire. Je me souviens d’une réunion à laquelle différents services de l’Etat concernés avait pris part. Comme j’ai l’habitude de le dire, ils ont réfléchi beaucoup et ils ont agi peu. Au niveau des forces de l’ordre, il devrait comprendre que l’université n’est pas un marché public ou n’importe qui peut entrer, taper et tirer sur les gens comme bon leur semble. Pourquoi les étudiants sont en mouvement c’est parce qu’ils attendent qu’on leur donne leur argent pour manger. Je fustige vivement l’attitude du Recteur. C’est un problème social que le Centre régional des œuvres universitaires de Saint Louis (Crous) doit prendre en charge. Pourquoi le Recteur se permet d’aller menacer les étudiants. Comment peut-on tirer des balles réelles sur un campus ; et ce n’est pas une première. Je suis choqué et meurtri. J’ai mal au cœur. Encore une fois cette police universitaire là, même si elle était là, ce n’est pas pour récriminer les étudiants, c’est pour leur sécurité. C’est le gouvernement qui est fautif car ne payant pas à temps les bourses. Sur les franchises universitaires, il ne doit pas avoir d’amalgames entre les campus pédagogique et social. Nous disons que c’est le même espace. Les franchises universitaires disent que la police ne doit pas entrer dans les campus. C’est clair et net.
Au nom de quoi les franchises devraient s’arrêter au campus pédagogique. L’Etat viole nos droits. Les étudiants et les forces de l’ordre sont deux franges de la même jeunesse. Il ne s’agit pour les deux parties de taper sur l’une ou sur l’autre. Ce sont des faits de circonstances qui ont fait que certains sont étudiants et d’autres forces de sécurité. J’alerte les forces de sécurité pour les faire comprendre qu’ils ne sont pas à la solde des gouvernements. Elles doivent être au service de l’Etat ».

Meutre de Fallou Sène : MACKY SALL VEUT SITUER LES RESPONSABILITES

Dans un communiqué parvenu à notre rédaction, Seydou Guèye informe que « Macky Sall a déjà instruit le gouvernement de faire toute la lumière et de situer les responsabilités. Avant de poursuivre : immédiatement, le Procureur de la République a diligenté l’ouverture d’une information judiciaire à cette fin. Une autopsie est actuellement en cours ».

Selon le gouvernement, « ces incidents ont pour cause la mise en place de nouvelles procédures de gestion électronique, sur l’étendue du territoire national, des bourses d’études allouées aux étudiants sénégalais ». En effet, lit-on toujours dans le communiqué, « dans un souci de modernisation de son système de paiement, la banque partenaire de l’Etat a mis en place depuis le début de l’année 2018, une nouvelle plateforme numérique ».

Dans ses explications, le gouvernement poursuit en soulignant que « plusieurs centaines d’étudiants n’ont pu disposer des cartes bancaires requises pour percevoir leurs bourses, sur une population totale de près de quatorze mille inscrits à l’UGB ». Tout en rappelant que le « Gouverneur de la région de Saint-Louis a déjà rencontré la Coordination des Étudiants de l’UGB, le vendredi 27 avril 2018, en présence du Directeur du CROUS, notamment sur la question de l’indisponibilité desdites cartes, en vue de trouver les solutions idoines, en relation avec la banque partenaire ». Face à ces incidents du jour qui ont enregistré le décès d’un manifestant et une vingtaine de blessés dont dix-huit du côté des forces de sécurité, tous évacués à l’hôpital régional de Saint-Louis pour leur prise en charge médicale, le gouvernement réaffirme son « souci quotidien d’apporter les solutions les meilleures aux attentes des citoyens, celles des étudiants en particulier, et appelle l’ensemble des acteurs à privilégier les voies pacifiques dans leurs relations avec l’administration publique ».

LE PDS EXIGE LA DEMISSION DE MACKY SALL

Mettant en cause la responsabilité personnelle du président de la République, le Parti démocratique sénégalais (Pds) exige la « démission de Macky Sall et, en même temps, l’identification des autres responsables de ce double crime qui ont exécuté un ordre illégal ».
« Dans ces conditions l’assassinat d’étudiants relève de la responsabilité personnelle du Chef de l’Etat M. Macky Sall qui devra, le moment venu, rendre des comptes au peuple Sénégalais », estime le Comité directeur du Pds. Dans ce communiqué, le Pds déclare que « ce crime est intervenu contre les étudiants qui, ayant réclamé vainement le paiement de leurs bourses ont, en désespoir de cause, décidé de rentrer dans les restaurants universitaires pour se nourrir ».
L’ancien parti au pouvoir rappelle pour le déplorer, que « les forces de l’ordre ne peuvent utiliser des balles réelles pour disperser une manifestation que sur réquisition écrite du Président de la République remise au Commandant des forces de l’ordre ».
Selon le comité directeur du parti, « les policiers et gendarmes doivent avoir à l’esprit que le pouvoir politique finissant de Macky Sall ne compte plus que sur l’utilisation des forces de l’ordre contre un peuple qui se bat à mains nues, pour la satisfaction de revendications légitimes telles que l’eau, la nourriture, les soins de santé ».
Profondément indigné, le Pds appelle les « partis de l’opposition, les organisations de la société civile, les syndicats et tous les démocrates à tenir immédiatement et partout de grands rassemblements populaires contre ce régime aveugle et sourd aux revendications, régime qui en est, à présent, à tuer pour se maintenir au pouvoir alors qu’il est discrédité et haï par les populations ».

ACT, GRAND PARTI ET FSD-BJ EXIGENT TOUTE LA LUMIERE

En condamnant la mort de l’étudiant, Fallou Sène, L’Alliance pour la Citoyenneté et le Travail, le Grand parti et le Front social et la démocratie/Benno Jubël (Fsd/Bj) exigent que toute la lumière soit faite sur le meurtre de Fallou Sène.

L’Alliance pour la Citoyenneté et le Travail de l’ancien Premier ministre, Abdoul Mbaye, qualifie les incidents survenus à l’Ugb, de « faillite de l’Etat dans ses rôles régaliens »
« Le premier acte d’impunité est la non-démission du Ministre de l’Intérieur voire même sa façon indigne de traiter cette triste information comme un léger dossier avec la même chanson « ouverture d’une enquête », lit-on dans le communiqué parvenu à notre rédaction.
L’Act condamne fermement de tels évènements qu’elle considère être un aveu d’échec de la politique éducative de même que le recours systématique à la force illégitime.
Face à cette situation de« faillite du régime actuel », Abdoul Mbaye « exige que la lumière soit faite sur cette grave affaire, que les responsabilités soient situées, que les blessés bénéficient de la meilleure prise en charge et que les responsables soient punis ». « Nous nous inclinons sur la dépouille de Fallou Sene, autre martyr de cette jeunesse sénégalaise à laquelle nos dirigeants actuels sont incapables d’offrir un avenir à la hauteur de ce qu’elle souhaite pour son pays », poursuit le communiqué.
Pour le secrétariat exécutif du Grand parti (Gp), cet incident traduit « l’incompétence du gouvernement face à la problématique du devenir de la jeunesse de notre pays ». Par conséquent, Malick Gackou et Cie appellent « à la responsabilité du gouvernement à clarifier les conditions de la disparition de l’étudiant El Hadji FallouSène mais aussi à prendre toutes les dispositions utiles afin que de pareils événements ne puissent plus jamais gangréner la vie de nos universités ».
Enfin, le Gp déplore énergiquement « la gestion du dossier des bourses par le gouvernement et exige le respect du calendrier de leur paiement effectif ».
C’est le cas aussi du Front social et la démocratie/Benno Jubël (Fsd/Bj) qui regrette les dérapages, marque sa compassion pour tous les blessés. « Nous espérons pour cette fois que l’omerta ne sera pas encore de mise », souligne Cheikh Bamba Dieye, secrétaire général. « Nous appelons à la retenue de part et d’autre afin que la lumière soit faite, les responsabilités situées et les auteurs sanctionnés. C’est le minimum que le gouvernement nous doit », exlique-t-il dans le communiqué.

L’UNAPESS EXIGE UNE ENQUETE DANS LES MEILLEURS DELAIS

L’Union nationale des parents d’élèves et d’étudiants du Sénégal demande au Gouvernement de mener une enquête dans les meilleurs délais en vue de situer les responsabilités. Dans un communiqué, l’Unapees déclare que « tous les parents d’élèves et d’étudiants du Sénégal ont ressenti amèrement la mort d’un étudiant ». « Nous déplorons avec énergie cette spirale de violence qui commence à prendre forme au sein des forces de sécurité », souligne le communiqué. Abdoulaye Fané, président de l’Unapess, explique que « ces événements surviennent au lendemain de la 22e semaine de l’école de base qui avait pour thème : la consolidation des valeurs civiques: l’école, les forces de défense et de sécurité au service de la nation ».
« Ceci constitue un paradoxe ; cependant nous avions dénoncé des jets de grenades lacrymogènes à l’école Mame Yacine Diagne de Dakar ainsi que l’arrestation manu militari d’élèves à l’IA de Ziguinchor devant l’autorité académique et les parents d’élève et d’étudiant », déplorent les parents d’élèves.

Lsdh, Raddho et Amnesty exigent l’ouverture immédiate d’une enquête indépendante
La Ligue sénégalaise des droits humains (Lsdh), la Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l’Homme (Raddho) et Amnesty international Sénégal exigent “l’ouverture immédiate d’une enquête indépendante pour identifier l’auteur du meurtre de Mouhamadou Fallou Séne et de le traduire en justice”. Dans un communiqué, ces organisations pour la défense des droits humains ont déploré “les retards récurrents dans le paiement des bourses des étudiants, qui sont la principale cause de la violence dans les universités sénégalaises”. Condamnant l’usage excessif de la force par les forces de sécurité lors des opérations de maintien de l’ordre, ces organisations appellent “l’Etat à prendre des mesures pour mettre fin à cette situation”.

LES FRANCHISES UNIVERSITAIRES ENCORE A L’EPREUVE DE LA VIOLENCE

Voilà une loi dont la lecture est très controversée et qui est mise à l’épreuve à chaque violence notée dans l’espace universitaire : la loi 94-79 du 24 novembre 1994 relative aux franchises et libertés universitaires. Que nous dit ce texte garant des libertés académiques ?
D’emblée, on peut retenir que l’article 1 du titre I stipule que : « les universités du Sénégal bénéficient du régime des franchises et libertés universitaires qui garantissent aux enseignants chercheurs et étudiants, dans le respect des lois et règlements et principes objectifs et de tolérance, l’exercice des libertés indispensables au développement de l’enseignement et de la recherche ».
En d’autres termes , les forces de l’ordre ne peuvent intervenir qu’à la demande du Recteur ou de son représentant dûment habilité à cet effet, tel que défini par l’article 2. Mais, avant de demander l’intervention des forces de l’ordre, l’article 4 stipule que le recteur doit recueillir l’avis de l’Assemblée de l’université. Celle-ci peut être réunie en formation restreinte, si les circonstances le commandent. En cas d’urgence, le recteur ou son représentant peut demander l’intervention des forces de l’ordre, sous réserve d’en informer sans délai l’assemblée de l’université, indique la loi dans son article 5. Si la vie ou la liberté individuelle des personnes présentes dans l’université ou lorsque la sécurité des biens mis à la disposition de l’université sont en danger, d’une manière immédiate, le recteur doit, stipule l’article 6, demander l’intervention des forces de l’ordre. En cas d’inaction du recteur ou d’empêchement, l’intervention des forces de l’ordre est de droit.

Que disent les textes sur la police universitaire préconisée depuis belle lurette par les acteurs universitaires. Dans l’article 2 au Titre II relatif aux domaines d’application des franchises et libertés sur l’autonomie de police administrative, il a été noté que l’application du régime des franchises et libertés, l’espace universitaire est placé sous le statut d’autonomie de police administrative. Les réflexions ont été menées dans ce sens pour la mise sur pied d’une police administrative dans les universités publiques pour parer à toute violence.

MORT DE L’ETUDIANT FALLOU SENE : «Des têtes vont tomber»

Selon une source de la Présidence de la République, qui a préféré garder l’anonymat, «le Chef de l’Etat, Macky Sall a demandé l’ouverture immédiate d’une enquête» suite à la mort par balle de l’étudiant Fallou Sène. Et d’ajouter : «le procureur de la République a été saisi dans ce sens pour situer les responsabilités et trouver les coupables. Croyez-moi, des têtes vont tomber. Le président de la République est très meurtri par cette affaire. Mais par la même occasion, il a appelé au calme et à la sérénité. Parce que personne ne souhaite la mort de quelqu’un y compris les forces de l’ordre qui ont des frères et des sœurs dans les campus universitaires. C’est un incident malheureux te regrettable».
Par ailleurs, notre source a soutenu qu’il fallait trouver des voies et moyens pour payer des bourses et à date échue.

sudonline.sn

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