Les vérités de l’armée à Wade: pas question de tirer

La situation du pays est fort alarmante et ce n’est pas seulement une vue de l’esprit des journalistes. En témoigne la réunion du Conseil national de sécurité à la présidence de la République, lundi dernier. Une rencontre lors de laquelle les militaires ont dissuadé le chef de l’Etat de requérir l’intervention de l’Armée pour le maintien de l’ordre public. Le cas échéant, ce serait le carnage, ont-ils expliqué.

Le Conseil national de sécurité du Sénégal s’est réuni, lundi dernier, avec les autorités politiques du pays au lendemain des émeutes du 23 juin 2011. Une rencontre qui s’est te­nue à la présidence de la Répu­bli­q­ue et lors de laquelle les hautes autorités militaires ont cherché à dissuader l’Exécutif de mobiliser l’Armée pour contenir de potentielles manifestations de violence, quels qu’en soient les prétextes. En effet, ses éléments ne souhaitent pas aller au front et ne sont pas du tout prêts à tirer sur les Sénégalais.

Ainsi il a été suggéré au chef de l’Etat, Abdoulaye Wade, de ne pas recourir à l’Armée pour l’instant, car les militaires ne sont ni outillés ni équipés pour des opérations de maintien de l’ordre : pas de ma­tra­ques, pas de lance-eau, pas de grenades lacrymogènes… «Nos seuls équipements sont nos armes et si nous les utilisons sur le terrain, ce serait le carnage ; ce qui n’est pas souhaitable pour le Sénégal», argumentent les autorités militaires qui n’ont pas hésité à donner les cas de la Côte d’Ivoire, de l’Egypte, du Mali, de la Tunisie et du Yémen, pour con­vaincre le Président Wade que «partout où l’Armée a été sollicitée dans ce genre de situation, cela a dé­rapé et s’est terminé par un carnage».

Que faire alors pour prévenir ou contenir de probables émeutes ? Les responsables de l’Armée ont proposé des mesures mises en œuvre ces derniers jours. Il s’agit de déploiements tous azimuts des éléments de la Légion de la gendarmerie d’intervention. Ce qui justifie la sortie des chars de combat de la Gendarmerie, postés à divers endroits de la ville pour veiller sur des édifices publics, mais aussi pour dissuader toute velléité de mobilisation et de violence chez la population. En outre, il est retenu, dans cette mission de veille, de protection voire de répression, la contribution de tous les autres corps pour renforcer le Groupement opérationnel de Dakar (God) qui est un démembrement du Groupement mobile d’intervention (Gmi). Déjà, le Gmi a reçu de Thiès un renfort de 400 hommes, en plus de la réquisition des éléments des commissariats de Police. Au sein de l’Armée aus­si, c’est l’alerte leuk. Ainsi les mi­litaires sont en tenue, armes à terre et prêts pour le combat, de 8 à 17 heures. A cette heure de l’après-mi­di, les mariés sont libérés, alors que les célibataires restent dans les cantonnements. En outre, les autorités militaires recommandent au Prési­dent Wade de réduire ses déplacements. D’où sa décision de se faire représenter au Sommet de l’Union africaine par son Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye.

Par ailleurs, cette détermination à ne pas faire usage de leurs armes contre les populations a été déterminante dans la décision du ministre d’Etat Karim Wade de solliciter l’intervention de l’Armée française, comme révélé par nos confrères de lexpress.fr. Ainsi ce jour-là, c’est à minuit passée de 40 minutes que le fils du Président Wade a appelé son contact à Paris. [xalimasn.com] Au bout du fil, M. Wade a mis en avant comme argument principal devant justifier l’intervention de l’Armée française : la protection des ressortissants français au Sénégal. Dont lui ( ?!)
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