Robert Bourgi – Karim Wade: Des relations plus que troublantes

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Entre la famille Wade et Robert Bourgi, les relations frôlent l’inceste, tellement, elles sont troublantes. L’avocat qui se targue d’être l’icône de la Françafrique a souvent fait irruption dans le champ politique sénégalais. Telle une girouette, il n’hésite pas un seul instant à retourner sa veste. Dernier exemple en date, c’est sa demande de libérer Karim Wade, celui-là même qu’il accusait d’avoir «polluer la présidence de son père». Sud Quotidien vous replonge dans ces relations aux relents.

Courtier politique pour d’aucuns, conseiller officieux voire très officieux, pour d’autres. Homme de l’ombre, personnalité influente de la France. Robert Bourgi est un avocat connu, non pas pour avoir gagné les plus grands procès en Hexagone, mais plutôt dans son rôle supposé ou réel dans la relation trouble voire nébuleuse entre la France et ses anciennes colonies.

Au Sénégal, il soutient avoir des relations avec pratiquement tous les grands leaders politiques. Aux journalistes qui le rencontrent à son cabinet dans le 16ème arrondissement français, il n’hésite pas de désigner le fauteuil sur lequel était assis Ousmane Tanor Dieng (PS), Idrissa Seck (Rewmi), entre autres hommes politiques.

Avec Karim Wade aussi, il entretient des relations «familiales» parce que selon lui, l’ancien ministre d’Etat l’appelle affectueusement «Tonton». Toutefois, cela ne l’empêche de descendre en flammes le «neveu» quand le vent du changement souffle contre lui et de voler à son secours quand il flaire un coup politique. Ce qui explique qu’il ait dévoilé un supposé entretien avec Macky Sall à qui il demande de libérer Wade-Fils, accusé d’enrichissement illicite.

Ainsi confie-t-il à France 24 (la voix du Quai d’Orsay) que le Chef de l’Etat, lors d’une de ses visites à Paris, lui avait dit ceci : «Robert, essaie de ramener Karim à la raison afin qu’il accède au désir, à la volonté de mon gouvernement de mettre un peu le nez dans les comptes». Une requête qu’il a dit avoir exécutée. «J’avais appelé Karim, il est venu me voir à mon cabinet. Je lui ai dit : tu sais Karim, il serait peut-être bon que tu rende visite au président Macky Sall parce que ce matin il avait souhaité que, puisqu’on t’accuse d’avoir détourné, tu viennes t’en expliquer avec lui. Et dans mon bureau, Karim a eu ce geste (il fait signe du pouce et de l’index, Ndlr) : “tu diras de ma part au président Sall que zéro plus zéro égale zéro. Je n’ai rien“. La rencontre entre Robert Bourgi et Karim Wade aurait eu lieu en juillet 2012 à Paris.
Cette soudaine bonne volonté qui tranche d’avec les accusations et les contre-accusations entre les deux hommes, il y a de cela trois ans, suscite des interrogations. Qu’est ce qui fait donc courir Robert Bourgi ?

Emeutes de l’électricité : accusations et contre accusations

Lors des émeutes dites de l’électricité (27 juin 2011) qui avaient suivi la manifestation du 23 juin 2011, Robert Bourgi avait jeté un pavé dans la marre qui a discrédité terriblement Karim Wade, rappelle-t-on. Un supposé ou réel coup de fil avait fait désordre chez les Wade.

«Dans la nuit lorsque les événements tragiques que l’on connait se déroulaient à Dakar, j’ai été réveillé à 3h moins 20 du matin heure française par Karim Wade qui me disait exactement ceci et là je rapporte fidèlement : «Tonton voilà, Dakar et le Sénégal sont dans une situation quasi-insurrectionnelle (c’est exactement le terme qu’il a utilisé). Les immeubles administratifs brûlent, ça brûle de tous les côtés. Il y a des milliers de manifestants. On a saccagé les villas de trois ministres, mis les gens dehors, tout va très mal. Et on ne sait jamais, les intérêts français peuvent être touchés».

«Je lui ai dis : Karim, tu paniques. Je voudrais que tu sois un peu plus cohérent. Il dit «non tu sais on ne sait jamais. L’armée française est là pour quelque chose». Alors là, je les ai immédiatement arrêtés. Je lui ai dit Karim, «de un, je ne suis pas une autorité politique, je ne suis qu’avocat au barreau de Paris». Il me dit que tu peux éventuellement alerter tes amis, nos amis. Je lui ai dit : «Karim, je n’en ferai rien». c’est une affaire sénégalo-sénégalaise. Je n’envisage pas que les intérêts ou que les français soient menacés. Je ne dis pas que le président français ne verrait pas ça de plus près. Mais tel que tu me décris la situation, c’est un non catégorique. Je n’ai aucune légitimité pour te donner une quelconque réponse. Il me dit : «mais oui, il faut alerter». Et je lui dis : «tu as le contact, ton père a le contact du président de la République française et de plusieurs personnalités de la République française».

«J’ai été frappé par la dérive du pouvoir, sous l’impulsion de Karim Wade»

Dans les médias sénégalais, l’avocat avait aussi enfoncé le clou : «J’ai été frappé par la dérive prise par le pouvoir, sous l’impulsion de Karim Wade». «Lorsque l’Express a sorti son article, ajoute-t-il, Karim Wade m’a appelé, pour me dire qu’il allait démentir. Je lui ai conseillé de ne pas le faire. Après son démenti et celui de l’ambassade du Sénégal à Paris, il m’a demandé d’en faire autant. Là, je me suis dit qu’il disjonctait. Vous me voyez démentir une vérité? D’abord, je tiens à vous dire que la fuite de notre entretien est venue de Dakar. Et il y a des traces. Vous imaginez à quoi je vais ressembler si je démens, et que demain on m’oppose les preuves? Arrêtez tout cela Karim, vous en faites trop», racontait, Bourgi, précisant que le coup de fil qui l’aurait le plus énervé est celui de Cheikh Diallo, ex-conseiller de Karim Wade. «Depuis quand suis-je votre interlocuteur? N’essayez plus de m’appeler», soutenait-il, dans la réponse au journaliste qui, lui aussi, vient de « larguer » Karim Wade, dans un mémorandum qui frôle l’indécence.

A la question de savoir : pourquoi Karim Wade a-t-il paniqué pour demander l’intervention de l’armée française, dans une situation de maintien de l’ordre par des forces de la police nationale? La réponse servie alors par Robert Bourgi fait encore froid fdans le dos: «Si vous saviez ce que Karim pense de nos compatriotes…»

Robert Bourgi était convaincu que Karim Wade ne connait pas bien les Sénégalais, et qu’il sous-estime «le génie de notre peuple». Car, avance-t-il, «J’ai tout fait pour le convaincre qu’il allait droit dans le mur. Qu’il était entrain de polluer la présidence de son père qui ne mérite pas cela parce qu’il a beaucoup fait pour le Sénégal. Malheureusement, Karim a tout gâché. Tout le monde le connait: il est convaincu d’être le seul à détenir la vérité».

Quand Wade aidait son fils à démentir Bourgi

C’est en réunion du Comité Directeur du Parti Démocratique Sénégalais (PDS) dirigé alors par Abdoulaye Wade, que Karim Wade, alors tout puissant ministre des Infrastructures, de la Coopération Internationale, des Transports aériens et de l’Energie a fait savoir aux Libéraux, assommés par le sortie au vitriol de l’avocat français, que «c’est Robert Bougi qui lui a envoyé un texto pour lui dire que des informations inquiétantes provenaient de Dakar et qu’il était inquiet de ce qui se passait, avant de lui demander de l’appeler tard dans la nuit».

A l’époque, Karim Wade avait même précisé qu’il l’avait appelé au téléphone vers minuit 40. Selon lui, «c’est au contraire Bourgi qui lui a dit : «est ce que tu as informé nos amis ?». Par «amis», il entendait Nicolas Sarkozy, Claude Guéant… Sa réponse d’alors : «je n’en vois pas la raison puisque la situation est maitrisée».

Et Karim Wade de signaler au CD du PDS: «Quand j’ai vu l’article de «l’Express», j’étais tellement ébahi que j’ai joint au téléphone Robert Bourgi pour démentir l’information sinon je le ferai à sa place». Et d’ajouter : «Bourgi a tergiversé pour lui dire que ce n’était pas la peine de le faire. Aussi, Karim Wade a pris à témoin Me Madické Niang puisque selon lui, Bourgi a appelé le chef de la diplomatie sénégalaise pour que ce dernier demande à Karim Wade de ne pas démentir l’information puisque cela n’en valait pas la peine».

C’est là que l’ancien président de la République, Abdoulaye Wade, entre en scène pour confirmer son fils. «Mais comment peut-on appeler l’armée française alors que c’est moi-même qui ait demandé qu’on mette fin aux accords de défense ?»

La réplique des «mallettes»

La dernière accusation que l’avocat français a porté contre la famille Wade, c’était sur le financement de la campagne de Jacques Chirac en 2002.
Dans le JDD, il soutient que la remise des valises des Chefs d’Etat africains aux occupants de l’Elysée n’a jamais cessé. Il cite nommément Abdoulaye Wade (Sénégal), Blaise Compaoré (Burkina Faso), Laurent Gbagbo (Côte d’Ivoire), Denis Sassou Nguesso(Congo-Brazzaville) et Omar Bongo (Gabon) qui selon lui, ont versé environ 10 millions de dollars pour cette campagne de 2002.

Sous la menace des Wade de porter plainte pour diffamation, l’avocat fait une volte-face en déclarant s’être «trompé» sur Abdoulaye Wade et son fils. Tout en maintenant toutes les autres accusations. Pourquoi ? Mystère !

Par Sudonline.sn

1 COMMENTAIRE

  1. Il fallait s’attendre aux attaques de toutes sortes portées sur Bourgi qui a eu le seul tort d' »avoir émis des doutes quant à la consistance des accusations portées su Karim Wade. Ces mêmes journalistes mercenaires l’auraient certainement encensé s’il avait dit le contraire ! Certains auraient souhaité que ce même BOPURGI Robert confirma par des soupçons, aussi légers soient-ils sur l’innocence de Karim Wade! Si certains en arrivent à parler de soutiens intéressé, en parlant de Serigne M’backé N’diaye, de Bourgi et quelques autres, c’est par méchanceté .

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